Le sénateur, âgé de 81 ans, a remporté les élections territoriales, 35 ans après sa première victoire.
Gaston Flosse et la Polynésie Française, l’histoire dure maintenant depuis 35 ans. Elu en 1978 pour la première fois député du territoire français d’outre-mer, l’insubmersible figure de l’archipel en a écrit une nouvelle page en remportant dimanche les élections territoriales avec plus de 45% des voix pour son parti Tahoera’a, devant son rival de toujours, l’indépendantiste Oscar Temaru. En 35 ans de vie politique, Gaston Flosse a pourtant connu son lot de déboires, tant judiciaires qu’électoraux. Mais à l’image de son grand ami Jacques Chirac (photo, en 2003), parrain de l’un de ses neuf enfants, il s’est toujours relevé.
>>> Des affaires en pagaille
Trafic d’influence et prise illégale d’intérêt. Le palmarès de Gaston Flosse en matière judiciaire est aussi fourni que pléthorique. Du trafic d’influence ou de la prise illégale d’intérêt d’abord avec les dossiers des ventes l’Hôtel de son fils Réginald ou celle de l’atoll Anuanuraro, mais surtout de l’affaire de l’annuaire OPT. Accusé d’avoir favorisé l’octroi de marchés publics à un de ses proches, le sénateur a été incarcéré à deux reprises en détention provisoire à la fin 2009. Il a été condamné dans cette affaire à cinq ans de prison ferme en janvier 2013. Mais l’appel suspensif a permis à Gaston Flosse de rester aux affaires.
« L’homme le plus corrompu de la République ». Autant d’affaires qui confèrent à Gaston Flosse une réputation sulfureuse. René Dosière, député PS et rapporteur des crédits des Outre-mer, a ainsi déploré avec force lundi la victoire de Gaston Flosse « Un républicain se doit de prendre acte de ce résultat, mais il ne peut que s’en attrister puisqu’il s’agit de l’homme politique le plus condamné et le plus corrompu de la République », écrit ce spécialiste des finances publiques dans un billet de blog intitulé « Une honte pour la France ».
>>> Des défaites à la pelle
L’éphémère présidence de 2008. Mais le batailleur Flosse n’est pas pour autant prêt à raccrocher les gants. En février 2008, à la faveur d’une improbable alliance avec les indépendantistes de… l’UPLD, il est réélu à la présidence de la Polynésie. Mais une motion de défiance adoptée par l’Assemblée territoriale le déchoit. Il doit laisser sa place à Gaston Tong Sang après seulement 30 jours de mandat. Gaston Flosse est en outre exclu de l’UMP pour cette alliance contre-nature. Cinq ans plus tard, il n’a toujours pas été réintégré.
Le grand retour. A partir de 2008, c’est dans l’ombre que Gaston Flosse opère. Son parti Tahoera’a, qu’il a fondé en 1977, reprend son indépendance par rapport à l’UPLD. Faute du Vieux Lion lui-même, c’est son gendre, Edouard Fritch, qui est élu à la présidence de l’Assemblée nationale. En 2012, Tahoera’a remporte les trois circonscriptions polynésiennes lors des élections législatives, ce qui confère une aura nouvelle à Gaston Flosse. Et c’est finalement en favori que, malgré les condamnations, il se présente aux élections territoriales du 21 avril 2013. Avec succès.
La présidence lui tend les bras. Sauf énorme surprise, Gaston Flosse devrait retrouver le fauteuil et le palais qu’il n’avait plus occupé depuis son éphémère passage en 2008. « Le peuple polynésien nous a accordé sa confiance », s’es félicité Papa Flosse à l’issue du scrutin. Quant aux affaires ? « Qu’on laisse la justice faire son travail », a-t-il lancé.