À Taiarapu-Ouest ce mercredi après-midi, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer Gérald Darmanin a répété que l’État serait « au rendez-vous » de la sécurité olympique. Il a notamment évoqué un nouveau système de contrôle automatisé des passeports pour fluidifier les arrivées à l’aéroport de Tahiti Faa’a et la formation d’équipes à la lutte anti-drone. Une question reste en suspens : la possible visite de chefs d’État étrangers… invités par Moetai Brotherson.
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Quelles menaces sécuritaires pèsent sur l’épreuve de surf de JO à Teahupo’o ? C’était la question de cette première journée de visite ministérielle. Gérald Darmanin, accompagné de son nouveau ministre délégué aux Outre-mer, Philippe Vigier, et de la ministre nationale des Sports et des JO Amélie Oudéa-Castera ont passé l’essentiel de leur mercredi à Taiarapu-Ouest, future « commune olympique ». Mais avant le PK0, c’est à Vairao que s’est arrêté la délégation. Pour un accueil très chaleureux, en danse, discours et cadeaux à la mairie. Mais surtout à l’Ifremer qui servira, l’année prochaine de QG des forces de sécurité le temps de l’olympiade. Coordination État-Pays-Communes, mutualisation des secours, discussions avec le CHPF sur la gestion des urgences, et même veille épidémiologique pendant la compétition… Dans sa présentation du dispositif, le Haut-commissaire Éric Spitz précise que malgré les gros chiffres de l’évènement – 10 000 personnes dans la fan zone de Papeete, 5 000 autres à Papara, 600 à Teahupo’o, dont 380 accréditées – le risque sécuritaire est « globalement faible » en Polynésie. En tout cas du côté de la menace terroriste, principal point de vigilance à Paris, ou des risques de débordements : « les supporters du surf c’est assez loin du hooligan », sourit un gendarme. Seule des « manifestants écologistes », ou des « opposants locaux » aux JO pourraient venir perturber l’épreuve… « Si on ne fait pas bien les choses ».
Contrôle automatique des passeports à l’aéroport
Mais pour Gérald Darmanin pas de question de laisser la chance à l’imprévu. Le « premier flic de France » prévoit un déploiement de 600 policiers et gendarmes au fenua à l’occasion des JO. Une broutille à côté, par exemple, des 35 000 forces de l’ordre réquisitionnées à Paris pour la seule cérémonie d’ouverture du 26 juillet 2024. Côté finances, pas de chiffres précis, mais un effort particulier à l’aéroport de Tahiti-Faa’a. Il s’agit de sécuriser davantage les arrivées, mais surtout les « fluidifier », grâce à la mise en place du « système de passage rapide aux frontières extérieures » (Parafe), des portails automatiques qui scannent les passeports, comme à Roissy ou Orly.
Le ministre annonce aussi la formation de deux équipes locales spécialisées dans la lutte anti-drone, ces engins ayant déjà été utilisés pour des tentatives d’attentats dans des évènements sportifs. « C’est le cas lors d’une compétition en Espagne au Camp Nou en football, où il y a eu une possible bombe qui était attachée à un drone, il faut qu’on lutte contre cette menace là, insiste-t-il. On le fait sur le territoire métropolitain, mais aussi ici en Polynésie, avec la difficulté d’avoir la mer. Comme pour l’épreuve de voile à Marseille, il faudra une bonne coordination entre les militaires de la Marine nationale dans l’après-lagon, et la gendarmerie nationale qui gère l’intérieur du lagon. »
Les patrouilleurs, bien visibles depuis la passe de Hava’e lors de cette Tahiti Pro en forme de « test-event » n’ont d’ailleurs pas manqué de surprendre certains compétiteurs.
Les invités régionaux vont-ils bousculer le protocole de sécurité ?
Une organisation qui prend forme donc, mais sur laquelle pèse encore quelques interrogations. Sur le parcours de la flamme, par exemple, qui pourrait, vu la demande, passer sur les deux côtes de Tahiti. Sur le « contenu » des fan zones, aussi, le Haut-commissariat attendant des détails du Pays sur ce point, précisant tout de même que l’alcool sera quoiqu’il arrive interdit dans ces zones et dans leurs alentours. « Et puis il y a la surprise du chef », sourit Éric Spitz en regardant Moetai Brotherson. Le président du Pays a en effet pris l’initiative d’inviter l’ensemble des chefs d’État et de gouvernement de la région à venir assister aux Jeux à Teahupo’o. « Lors de mon premier déplacement hors de Polynésie après mon élection, à Séoul, j’ai eu l’occasion de rencontrer mes pairs du Pacifique et aucun d’eux n’étaient au courant que les épreuves de surf olympiques se déroulaient chez nous, précise le chef du gouvernement. Je les ai donc informés et leur ai dit, venez, on vous attend… Et certains vont certainement accepter. »
Le Premier ministre de Papouasie-Nouvelle-Guinée James Marape, que Moetai Brotherson a rencontré fin juillet lorsqu’il accompagnait Emmanuel Macron dans sa visite océanienne, serait notamment intéressé. Des visites qui pourraient impliquer un renforcement important d’un protocole de sécurité déjà très serré. Pas de commentaire du côté de la gendarmerie ou du Haussariat, où on précise tout de même avoir été informé de cette démarche. Gérald Darmanin, lui, se veut optimiste : « C’est tant mieux, tant mieux pour la Polynésie, tant mieux pour la France, on sera au rendez vous des invitations qui seront rendues. » À noter que le ministre a aussi profité de la visite pour rappeler aux tavana de Polynésie qu’une enveloppe non limitée a été ouverte par Paris pour aider les communes à s’équiper en vidéosurveillance. « Pour l’instant il n’y a pas de demande, je le répète : l’argent est là, il faut le dépenser », insiste le ministre, précisant que ce matériel, qui servir à lutter contre « l’insécurité routière » ou le trafic de drogue, pourrait lui aussi être un « héritage » des jeux.