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Pour Évrard Chaussoy, « ce sont les monuments qui véhiculent l’image des pays »

Documentation précise, croquis, séances photo, modélisation en 3D, modelage en argile… Le tout, en quatre mois seulement. Le sculpteur de Raiatea Évrard Chaussoy a abattu un travail titanesque pour livrer dans les temps la statue de la légendaire surfeuse Vēhiatua i te māta’i, qui trône désormais au PK0. « Une chance inouïe » pour l’artiste, qui espère voir l’œuvre « contribuer au rayonnement de la Polynésie à travers le monde ».

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Teahupo’o avait déjà sa représentation de la vague mythique, et la planche de surf qui va avec, juste devant la borne du PK0. Cet incontournable pour les touristes, et pour quiconque pointe son nez au bout de la route, est désormais accompagné d’une autre héroïne des lieux, la légendaire surfeuse Vēhiatua i te māta’i, dont la statue a été inaugurée jeudi. Posée dos à la vague, elle trône à plus de six mètres, toute de bonze vêtue, un alliage fait pour durer une éternité, une planche traditionnelle sous le bras gauche.

Cinq mois plus tôt pourtant, le projet porté par le Pays sous l’impulsion d’Eliane Tevahitua n’avait pas encore trouvé son artiste. La mission est finalement revenue à Évrard Chaussoy, touche-à-tout dans l’art, originaire de Raiatea, comme son mythique modèle, et qui a marqué les esprits, en 2022 avec sa représentation de Bobby Holcomb. « J’ai été contacté en février… C’était une échéance ultra brève, avec cette inquiétude de ne pas terminer dans les temps », raconte le sculpteur. Un questionnement partagé avec le sentiment d’obtenir là « une chance inouïe, celle de contribuer au monument d’un pays ». Et le début d’un long processus créatif, ponctué « de nombreuses nuits blanches ».

Un coup de pouce de la technologie

Il y a d’abord eu « beaucoup de lectures, sur les écrits que nous avons de Vehiatua, pour la traduire en image et en volume, sans faire d’erreur ». Puis des séances photos, avec Léna Vehiatua, descendante directe de celle qui est considérée comme la pionnière du surf sur la passe Havae. « C’était un choix de la tavana de Teahupo’o, Roniu Tupana-Poareu, qui a insisté pour qu’elle prête les traits de son visage à la statue. Un défi de plus, mais j’aime bien ça », poursuit Évrard Chaussoy.

Après avoir réalisé les croquis puis les avoir fait validé, il s’est attelé à la réalisation d’une sculpture en argile, destinée à servir de base au moule de la réalisation finale. « C’était compliqué par rapport au calendrier, mais j’ai pu gagner du temps en scannant ma sculpture en 3D, pour ensuite envoyer les fichiers dans la fonderie, qui a d’abord imprimé ma sculpture, réalisé le moulage et enfin le coulage » de près d’une tonne et demie de bronze. Un procédé « qui existe depuis peu » souligne l’artiste, et « qui nous permet de réaliser de tels projets depuis la Polynésie ». Pour le coulage, il a sélectionné une fonderie chinoise. « J’étais un peu réticent à le mettre en avant, car quand je l’ai fait pour Bobby, j’ai eu certains retours négatifs liés à de mauvaises interprétations car la Chine sonne parfois de manière péjorative », relate le sculpteur. Au mauvais procès d’intention, pour celui qui a « sélectionné une véritable fonderie d’art, avec des réalisations de qualité et une vraie réputation dans le monde ». Pour preuve, le résultat, dont il est « très content ».

« Tout le monde connaît la statue de Duke, mais personne n’est capable de dire qui l’a faite »

Mis en avant jeudi au moment du dévoilement de l’oeuvre, l’artiste de Raiatea se dit « très honoré ». « Mais je garde les pieds sur terre… Tout le monde connaît la statue de Duke, mais personne n’est capable de dire qui l’a faite », lâche-t-il dans un rire, évoquant ici la représentation à Honolulu du surfeur Duke Kahanamoku, signée Jan Gordon Fisher. Pour Évrard Chaussoy, « le but est surtout de contribuer au rayonnement de la Polynésie à travers le monde et de porter loin son image ». « J’avais le même objectif en faisant Bobby, enchaîne-t-il. On ne peut pas se contenter de véhiculer l’image des cocotiers et des lagons, ça ne nous différencie en rien des Maldives ou des Seychelles. Ce sont les monuments qui font les destinations dans le monde. Ils permettent de véhiculer l’image des pays, et c’est bien que la Polynésie s’en dote ». Un rayonnement qui connaîtra un pic jamais vu alors, dès le 27 juillet, date de lancement des épreuves olympiques de surf à Tahiti.

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