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Pour le Medef, le temps de la discussion est révolu avec le gouvernement Brotherson

Directeur général de Cegelec et des filiales du groupe Vinci – Énergie en Polynésie, est président du Medef depuis mai 2020 ©C.R.

Dans une lettre aux adhérents diffusée ce vendredi, le président du Medef-PF Frédéric Dock tire un bilan désabusé du travail mené avec le gouvernement Brotherson ces huit derniers mois. Propositions qui n’ont pas avancé, mesures annoncées mais pas concrétisées et surtout une réforme fiscale économiquement « anxiogène » et « qui va à l’encontre des effets recherchés ». Finis « la prise d’initiative » et les rencontres répétées : l’organisation patronale adoptera une position plus ferme face à l’exécutif, laissé face à ses responsabilités.

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Ce sont des « vœux » désenchantées qu’a transmis Frédéric Dock aux adhérents du Medef ce vendredi matin. Le président de l’organisation patronale y rappelle avoir, dès les premiers jours de la mandature, tenté « d’assurer pleinement son devoir de conseil et de proposition auprès des nouveaux élus du quinquennat ». Il est vrai que dans la lignée de son Livre blanc, publié juste avant les territoriales, le Medef a multiplié les rencontres avec le nouveau gouvernement pour faire avancer ses propositions. Des réunions de travail, mais pas de vraies « concertations« , regrette aujourd’hui le patron de l’organisation, qui ne « mesure pas encore l’impact » de ces discussions dans la politique de l’exécutif. Pire, pour Frédéric Dock, « plusieurs des mesures annoncées tardent à être prises« , comme l’augmentation des intérêts moratoires sur les délais de paiement, la modernisation du code du travail ou la réforme de la PSG, désormais promise pour l’année prochaine.

La nouvelle mouture de la réforme fiscale ne convainc pas davantage

« Nous avons patiemment attendu, avec un optimisme certain, les 100 premiers jours du gouvernement Brotherson puis les 200 jours« , écrit le patron des patrons, particulièrement désabusé depuis que le gouvernement a mis son projet de réforme fiscale sur la table de l’assemblée. Le Medef s’était déjà largement exprimé, et en des termes incisifs, sur cette copie jugée « incompréhensible » dans sa méthode, « anxiogène, sans cohérence ni logique » sur le fond et « catastrophique » dans ses conséquences présagées. Les réserves exprimées par la commission fiscalité de l’organisation patronale sur les nouvelles règles de défiscalisation locale qui auraient déjà abouti à la remise en cause de plusieurs projets de rénovation et d’extension hôteliers, ou sur les nouvelles règles fiscales des SCI, des sociétés hôtelières ou des achats en Vefa, n’ont, jusqu’à preuve du contraire, pas été entendues.

Et ce ne sont pas les compromis trouvés entre l’exécutif et la majorité Tavini, elle aussi échauffée par le texte, qui ont de quoi rassurer : la contribution sur le patrimoine immobilier, pointée du doigt pour son coût pour les entreprises, n’est pas abandonnée, mais simplement reportée et continuera, d’après le Medef, à raidir les investisseurs. Le rétropédalage sur la fiscalité des véhicules hybrides et électriques ne convainc pas davantage chez les chefs d’entreprises dont les propositions d’amendement, là encore, n’ont pas été retenues.

Hausse de ton des patrons

Pour Frédéric Dock, aucun doute donc, le temps de la discussion est révolu. « L’exercice ayant consisté à alimenter les débats pendant plus de 9 mois semble avoir atteint ses limites« , écrit le président du Medef, élu en 2020, réélu en 2022, avant un nouveau renouvellement du bureau l’année prochaine. « Le temps de la prise d’initiative, auquel nous n’avons pas failli, est désormais derrière nous, insiste le directeur général de Cegelec, il convient « de laisser le soin au gouvernement de dérouler sa politique comme il l’entend« . En clair : l’organisation patronale ne veut plus être associée aux décisions du gouvernement de Moetai Brotherson qui a annoncé un « bilan » de son gouvernement – et de l’action de ses ministres – entre avril et mai prochain à l’occasion du premier anniversaire de son élection. D’ici là, le Medef laisse donc l’exécutif face à ses responsabilités et ne « manquera pas de l’interpeller« . Une façon polie d’annoncer la hausse de ton des patrons.