L’épidémie de coronavirus touche durement le secteur touristique du fenua, et pourrait avoir des conséquences sur le long terme. Didier Lamoot, directeur régional du groupe Accor (Sofitel) pour la Polynésie, ou Guillaume Épinette, son homologue des hôtels Intercontinental, ne s’en cachent pas. Mais pour les responsables, pas question de remettre en cause les mesures d’isolation mises en place par le Pays. Elles sont jugées « nécessaires »… comme les aides d’urgence au secteur.
Un chômage « énorme », un secteur « sinistré », des conséquences « sur le long terme »… Pas question de minimiser la crise pour Didier Lamoot, le directeur régional du groupe Accor en Polynésie. Ni de remettre en cause les restrictions de vol ou de déplacement mises en place au fenua. Pour le professionnel, actuellement en confinement à Paris, les conséquences de la pandémie « ne doivent pas être sous-estimées », ni du point de vue sanitaire, ni du point de vue économique. Faute de clients, les hôtels Sofitel (Tahiti Ia Ora Beach Resort de Punaauia, Moorea et Bora Bora) devraient « purement et simplement » fermer dans les prochains jours. Seul un « service minimum » serait conservé à Tahiti.
Le « 0% d’occupation » pour la semaine prochaine
Même constat chez Intercontinental : après une phase d’annulations et d’effondrement des réservations (-20 à 25%) ces dernières semaines, le phénomène est devenu « massif » avec les nouvelles annonces gouvernementales au fenua, en Europe ou aux États-Unis. « On est en train de vider nos hôtels » pointe le directeur général Guillaume Espinette qui « considère qu’on sera proche du zéro pour cent d’occupation dans le courant de la semaine prochaine ». Tout le secteur donc sur les mesures actuellement à l’étude avec le gouvernement pour amortir le choc de la pandémie.
Les responsables hôteliers, pas plus que les élus, ne peuvent prédire combien de temps dureront les appels au confinement ou les restrictions de voyage. « Probablement quelques mois », estime Didier Lamoot. Or les établissements, outre le personnel qui pourrait être mis au chômage technique, ont des charges et des remboursements à payer.
« La France doit contribuer à cet effort de guerre »
Pour le responsable, aucun doute, c’est aussi à l’État d’intervenir pour aider le fenua dans cette crise. « La France doit contribuer à cet effort de guerre », dit-il, évoquant entre autres la déclaration de catastrophe naturelle ou une intervention financière directe de Paris.
D’après l’ISPF près de 11 500 Polynésiens étaient salariés d’une entreprise du secteur touristique l’année passée. Et c’est sans compter les nombreux prestataires indépendants, rappelle Didier Lamoot. Le directeur régional d’Accor se dit toutefois confiant dans la capacité des autorités à accompagner le secteur et la population dans cette crise.