ACTUS LOCALES Pour Oscar Temaru, la France et les États-Unis auraient dû déployer des troupes en Ukraine Charlie Réné 2022-02-25 25 Fév 2022 Charlie Réné Le Tavini a une nouvelle fois dénoncé, ce matin, la « confusion juridique » entretenue sur les ressources marines de la Polynésie. Ni le Pays ni l’État ne peuvent explorer, exploiter ou même protéger ces fonds, estime le parti indépendantiste, contrairement au « peuple polynésien » évoqué dans des résolutions de l’ONU. Oscar Temaru en a profité pour s’exprimer sur l’invasion russe en Ukraine : à l’entendre, l’Otan a fait preuve de « lâcheté » face à Poutine. Une « confusion juridique organisée et entretenue ». Voilà de quoi sont coupables, aux yeux du Tavini, l’État et le Pays au sujet des ressources marines polynésiennes. En toile de fond bien sûr, le One Ocean Summit qui s’est tenu à Brest début février. Et notamment les annonces d’Édouard Fritch sur la protection de la ZEE, négociée avec l’État, qui a dans le même temps confirmé sa volonté de lancer des missions scientifiques d’explorations des fonds sous-marins, au fenua comme ailleurs. Aucun doute pour Oscar Temaru : Paris veut faire main basse sur les « richesses inestimables » – et non estimées – de la Polynésie, et Édouard Fritch, qualifié de « vendu » comme d’autres élus polynésiens, est un « pantin » de l’État dans ses plans d’accaparement. Un ton qui avait déjà été donné il y a quelques jours dans « lettre ouverte aux dirigeants mondiaux ». Cette fois, c’est au fenua que le leader bleu ciel a voulu s’adresser : « le peuple polynésien a une pleine souveraineté » sur ces ressources, a insisté Michel Villar, ancien candidat aux sénatoriales souvent mis en avant par le parti sur les questions juridiques et internationales. Une « souveraineté » reconnue, précise-t-il, par l’ONU au travers de la réinscription de la Polynésie en mai 2013 sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser. Et surtout au travers des résolutions annuelles qui en découlent, et qui « exhortent » régulièrement la France à garantir ce droit. « La norme onusienne, supérieure, multilatérale, supranationale » s’imposerait selon lui sur la « norme nationale franco-française, plus facile à manœuvrer sur un territoire dit autonome ». Ce qui n’est pas l’analyse traditionnelle du droit international public. Et qui pourrait même s’apparenter à une autre « confusion juridique » : contrairement aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, les résolutions adoptées en Assemblée générale des Nations-Unies ne sont généralement pas considérées comme juridiquement contraignantes pour les États membres. Reste « qu’en tant que pays membre du conseil de sécurité, la France devrait être exemplaire à appliquer ce genre de résolution », pointe Oscar Temaru. Pour mettre en exergue l’importance des ressources marines dans les années à venir, le leader indépendantiste reprend à son compte une « Une » de magazine : « La guerre des abysses a commencé ». « Poutine aura le mot de la fin » Le maire de Faa’a en a profité pour balayer le reste de l’actualité. La hausse de prime de la directrice de cabinet d’Édouard Fritch ? « Des histoires de coquins et de copains » dit-il. Le remaniement ministériel ? Une conséquence de la « fuite » de Nicole Bouteau, qui a pris « pour prétexte » la question de l’exemplarité de Tearii Alpha pour filer vers les élections législatives. Le sport, domaine que le nouveau ministre Naea Bennett doit aider à développer ? Un des postes de dépenses qui auraient pu être gérés de « façon plus rationnelle ». Mais c’est surtout sur l’invasion de l’Ukraine, que l’ancien président a développé sa pensée. Pas de mots particulièrement forts à l’égard de l’offensive militaire russe, mais le regret de voir les Ukrainiens « abandonnés à eux-mêmes » par les puissances occidentales : « c’est de la non-assistance à personnes en danger ». « L’Otan a été lâche face à Poutine » qui « est en train de se foutre de leur tête », appuie Oscar Temaru pour qui des démonstrations de forces militaires auraient mieux prévenu le conflit que le « cinéma » des tentatives diplomatiques de Joe Biden ou Emmanuel Macron. Intervenir en dehors du cadre onusien, alors que l’Ukraine ne fait pas partie de l’Otan, et risquer d’entrer directement en conflit avec une puissance nucléaire ? « À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles » répond le leader bleu ciel, d’habitude plus à cheval sur le droit international : en positionnant des troupes « sur place », la France ou les États-Unis auraient pu éviter l’invasion. « Les pays soi-disant libres de notre planète l’ont laissé faire sachant très bien ce qui allait se passer », assure-t-il. Et pour Oscar Temaru, le mal est fait : « Poutine sortira vainqueur de cette affaire, il aura le mot de la fin ». Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)