Oscar Temaru et Michel Villar, qui s’étaient lancés fin août, à la surprise générale, dans la course aux sièges de sénateurs , ont présenté leur programme ce vendredi matin. À quelques semaines du référendum calédonien le Tavini fait de cette campagne un nouvel appel, local et national, à « engager un vrai processus de décolonisation » en Polynésie.
Une « idéologie et une vision pour la Polynésie ». Voilà « ce qui distingue » le projet porté Oscar Temaru et Michel Villar de celui des 11 autres aspirants aux fonctions de sénateurs. Ce matin, les candidats Tavini se sont adressés aux 728 grands électeurs qui doivent choisir, le 27 septembre, deux représentant du fenua au Palais du Luxembourg. Une élection qui doit selon eux « marquer la volonté de changement » du pays : « Nous avons l’occasion de changer le cours de l’histoire, lance Oscar Temaru. Nous avons la possibilité de mettre en place une réelle stratégie pour le développement durable, le développement économique de notre pays ».
Ce « nouveau cap« , c’est bien sûr celui de l’indépendance : « Vous imaginez ce que signifierait une victoire pour ces élections pour notre pays Maohi nui ? » interroge le leader bleu ciel. Il tacle au passage ceux qui, « dans les discours », utilisent le combat pour la souveraineté « pour ruser ». « Edouard parle d’indépendance, Flosse parle d’indépendance… Allons-y, allons-y, et je suis votre candidat », répète le tavana de Faa’a. Il y a quelques semaines encore, certains comptaient sur le Tavini pour se mettre en retrait lors de cette élection, et ainsi muscler une alternative au Tapura. Mais le parti renvoie aujourd’hui ses concurrents à leurs « querelles » ou « leurs vengeances ». Les alliances ne semblent pas d’actualité : « Si on y va, c’est pour gagner au premier tour. Il n’y aura pas de second ».
Programme riche et idée fixe
Changement dans les compétences des communes, gonflement du FIP, politique de grand travaux, remplacement de la loi Morin, emploi local et formation des cadres, déchets ou environnement… Le programme présenté par le Tavini est touffu, mais le discours, lui, se concentre sur la question du statut du pays. À deux semaines d’un nouveau référendum en Nouvelle-Calédonie, Oscar Temaru et Michel Villar retracent l’historique du combat indépendantiste, et demandent une nouvelle fois la « mise en oeuvre la résolution de l’ONU du 17 mai 2013 ». En clair : les Polynésiens doivent profiter du même « processus d’émancipation » que le « peuple cousin » de « Kanaky – Nouvelle-Calédonie ». Pour convaincre, Michel Villar met en avant la situation économique et sociale actuelle, qui ferait la preuve des « limites du statut d’autonomie ». « Il faut franchir le cap », « pacifiquement et sereinement », insiste le conseiller international du Tavini, qui compte bien mener un travail de lobbying auprès de ses futurs collègues parlementaires, ainsi que sur le plan européen.
Si Oscar Temaru se défend de vouloir rentrer dans les débats politiciens, il tacle, en creux, la réponse du Pays à la crise, basée sur l’aide nationale. « Pourquoi Teva Rohfritsch a démissionné ? 48 heures avant il parlait de son projet de relance, note le candidat bleu ciel. C’est la fuite en avant. Il sait très bien que ça ne marchera pas. Edouard, aussi, est persuadé que ça ne marchera pas. Il faut un plan, un plan Marshall pour la Polynésie ». Le maire de Faa’a trace des comparaisons avec la crise au Liban – « Ça n’est pas la France qui peut les sortir de cette situation, c’est toute la communauté internationale » – pour appeler à se tourner vers organismes internationaux (FMI, Banque asiatique de développement, Banque européenne d’investissement ou le Fonds vert), aujourd’hui « inaccessibles » sans indépendance.
Teumere Atger et Eliane Tevahitua, suppléantes actives
Les deux candidats ont profité de la conférence pour présenter leurs suppléantes. Deux représentantes Tavini à l’assemblée territoriale, avec chacune leur « domaine d’expertise ». Le tourisme pour Teumere Atger, et la santé pour Éliane Tevahitua. « Elles seront amenées à défendre notre programme à Paris », précise Oscar Temaru. Notamment Éliane Tevahitua : en cas d’élection d’Oscar Temaru, c’est elle qui irait le représenter au Palais du Luxembourg, puisque le chef de file indépendantiste répète qu’il préfère aller « à l’ONU qu’à Paris ». Elle compte notamment porter ses efforts sur le dossier nucléaire et la « juste indemnisation des victimes ». |