ACTUS LOCALESSOCIAL La Fraap « a promis la lune » et n’arrive plus à sortir du conflit Charlie Réné 2025-01-23 23 Jan 2025 Charlie Réné Attaquée par la Fraap pour avoir voté aux côtés du Pays sur la revalorisation des catégorie D, la CSTP-FO estime avoir défendu « le meilleur choix pour les agents ». Son secrétaire général, Patrick Galenon, s’interroge sur la stratégie de son ancien rival, Jean-Paul Urima. Et lui conseille d’arrêter « les menaces de grève toutes les 5 minutes » et les « manques de respect », de discuter plutôt que de lancer des « ultimatums », et de « prendre ce qui est proposé », quitte à « revenir à la charge » lors des négociations obligatoires. Lire aussi : L’exécutif revoit ses propositions à la hausse, la Fraap ne désarme pas Le calme avant la tempête ? Depuis lundi, et la tenue d’un Conseil supérieur de la Fonction publique, la Fraap n’a pas fait d’annonce sur la suite de son deuxième mouvement, « suspendu » au stade du préavis depuis une dizaine de jours. Le syndicat avait plusieurs fois estimé que seul Moetai Brotherson était en mesure de négocier sur ses demandes de revalorisation des catégories D. Le président ne sera de retour aux affaires que ce vendredi, et ce dossier sur la fonction publique doit être traité mercredi prochain en conseil des ministres. Les tensions demeurent donc, avec le Pays, mais aussi entre syndicats. Elles se sont fait voir, une fois de plus, lors du CSFP. La Fraap a, encore une fois, dénoncé la participation des syndicats non grévistes aux discussions sur ce dossier. Notamment celle de A tia i mua et la CSTP-FO, qui ont voté, contrairement à la Fraap et à ses alliés de circonstances, le Fissap et le SFP, pour la proposition de revalorisation de 12 points dégressifs des catégories D. Un vote que le syndicat de Jean-Paul Urima a tout simplement demandé au gouvernement « d’annuler » ou du moins de ne pas prendre en compte. Ce qui a sans surprise fait bondir dans les organisations concernées. « On prend les meilleures propositions, et on reviendra à la charge » Notamment la CSTP-FO, premier syndicat du Pays, longtemps leader et toujours très représentée dans la fonction publique territoriale, malgré la victoire de la Fraap aux élections de l’année passée. Une centrale qui rappelle, d’abord, que le passage en CSFP – et donc devant tous les syndicats – est une « obligation » pour un projet de délibération. Et son non-respect pourrait aboutir à une annulation du texte une fois voté. Mais surtout, Patrick Galenon rappelle que la proposition qui a été votée lundi vient gratifier les plus bas salaires de 12 700 francs par mois, les hauts échelons d’un peu plus de 5000 francs. Une avancée qui concerne, contrairement à d’autres options sur la table, « tous les agents » de la catégorie D. Pour le secrétaire général de CSTP-FO, un poste un temps convoité par Jean-Paul Urima, avant qu’il ne quitte le syndicat, la proposition était « la meilleure solution pour les agents ». Et si la Fraap n’a pas saisi la perche qui lui était tendue pour sortir du conflit, c’est, entre autre, à cause de ses promesses de campagne. « Ils sont allés dans les services, ils ont montré la Lune, ils ont promis la Lune, moi j’ai regardé le doigt de celui qui paye, lance-t-il. C’est le gouvernement qui paie, il nous dit 266 millions, je les prends. On est dans la discussion, on prend les meilleures propositions, et on reviendra à la charge, puisqu’on a des négociations au mois de mars (renégociation du point d’indice pour toute la fonction publique, ndr). C’est pas pour ça qu’il faut faire des menaces de grève toutes les 5 minutes ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/GALENON-1.wav « En négociation, c’est un principe simple : il faut que chacun se respecte » Le fait est, tout de même, que le gouvernement, entre le CSFP du 23 décembre et celui du 20 janvier, a presque doublé la dépense budgétaire qu’il était prêt à allouer aux revalorisations des catégories D. Grâce à la pression de la Fraap ? « Peut-être que c’est à cause de la grève – même s’ils n’ont pas fait la grève – mais ils ont voté contre cette proposition », s’étonne Patrick Galenon. Difficile dès lors pour la fédération de revendiquer l’avancée. Et difficile, pour la CSTP-FO, d’aller plus loin pour l’instant. « Si on pensait que le gouvernement pouvait aller jusqu’à 524 millions de francs, bien sûr qu’on aurait été dans ce sens-là. Là, c’est 266, c’est significatif. Prenez ce qu’on vous donne. » Le secrétaire général de CSTP-FO ne cache pas son incompréhension face à la stratégie de Jean-Paul Urima. Patrick Galenon s’était déjà montré critique sur les revendications « utopiques » de la Fraap, ou sur l’erreur de la fédération de ne pas avoir fait inscrire « noir sur blanc » des engagements à l’issue de sa première grève. Il s’interroge cette fois sur ce retour au conflit moins d’un mois après le précédent, sur une deuxième grève suspendue « avant même d’avoir commencé », une manœuvre dont il doute de la légalité. C’est même sur le ton employé par la Fraap à l’égard du gouvernement, et de la présidence en particulier, qui lui semble inadapté, là où la fédération dénonce au contraire l’attitude de Moetai Brotherson. « Il faut avoir un certain respect pour la fonction. Même s’ils n’aiment pas M. Brotherson, au moins qu’on respecte le président, note-t-il. Vous savez, en négociation, c’est un principe simple : il faut que chacun se respecte. Sinon, on n’est pas en négociation, on est en ultimatum. Je pense que la Fraap est trop en ultimatum. Et du coup, le gouvernement se rétracte. Après, c’est une question de force, il faut montrer jusqu’où on peut aller… La Fraap fait son expérience, c’est bien. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/GALENON-2.wav Une Fraap trop amateure et pas décidée à discuter ? La différence de style et de stratégie entre les deux centrales est en tout cas nette. Et la rupture est consommée. « L’isolement est du côté de CSTP-FO et A Tia i mua agonisant sur leur lit de mort face à leur inévitable obsolescence programmée, écrivait hier la Fraap sur les réseaux sociaux en réponse à une prise de parole de ses rivaux dans Tahiti Infos. La Fraap est un syndicat crédible, efficace, autonome, plébiscitée par les salariés et pour qui le dialogue social est important ». Ce sera à la fédération de le prouver dans la suite du mouvement. 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