Le président russe a montré lors du sommet de l’ONU qu’il était incontournable dans la gestion de la crise syrienne.
Barack Obama a été contraint de le reconnaître : la Russie est un interlocuteur incontournable pour résoudre la crise syrienne. Lors du sommet de l’ONU qui s’est tenu à New York tout le week-end, Vladimir Poutine a semblé dicter le tempo, proposant notamment une résolution au Conseil de sécurité pour la mise sur pied d’une coalition politique et militaire internationale « élargie », qui inclurait Damas et Téhéran. Moscou est incontournable, et il veut que ça se sache.
Une discussion « constructive et étonnamment ouverte ». Depuis plus de deux ans, Barack Obama et Vladimir Poutine ne s’étaient plus parlés en tête à tête. Lundi, ils ont passé 90 minutes ensemble. Si la poignée de mains entre les deux hommes n’a pas été des plus cordiales, cette rencontre a été jugé « constructive et étonnamment ouverte » par le maître du Kremlin, pour qui « il existe une base de coopération sur nos problèmes communs ».
« Les Etats-Unis prêts à travailler avec la Russie ». A la tribune de l’ONU quelques heures plus tôt, Barack Obama lui avait (déjà) entrouvert la porte. Le président américain avait en effet reconnu que « les Etats-Unis (étaient) prêts à travailler avec tous les pays, y compris la Russie et l’Iran », alliés indéfectibles du régime de Damas. Une forme d’aveu de Washington du rôle essentiel de Moscou au Moyen-Orient pour régler le casse-tête syrien. « Je crois que les Russes ont compris l’importance d’avoir une solution politique », a fait valoir un responsable de l’administration américaine, tout en soulignant que les deux puissances étaient « en profond désaccord sur le rôle que jouera le président syrien dans le règlement de la guerre civile ».
Bachar al-Assad, le nœud du problème. C’est là que le bât blesse. Barack Obama ne veut plus entendre parler de Bachar al-Assad. »Nous devons nous accorder sur le fait qu’il ne peut y avoir, après tant de bains de sang, après tant de carnages, de retour au statu quo d’avant-guerre », a souligné le président américain, évoquant une « transition en bon ordre permettant de tourner la page Assad ». François Hollande, qui campe lui aussi sur cette ligne de fermeté, a été plus clair encore : « Cette transition, elle passe nécessairement par le départ de Bachar al-Assad, rien n’a changé ».
« J’ai le plus grand respect pour mes homologues américain et français, mais… » Vladimir Poutine, lui, continue de soutenir le dictateur syrien, à qui il livre des armes et équipements militaires. Les Russes ont par ailleurs consolidé leur présence dans le port syrien de Tartous et construisent une base aérienne près de Lattaquié, le fief du clan Assad dans le nord-ouest du pays. Et quand on rapporte au président russe les propos de Barack Obama et de François Hollande, Vladimir Poutine dégaine : « j’ai le plus grand respect pour mes homologues américain et français, mais ils ne sont pas Syriens et n’ont donc pas à être impliqués dans le choix des dirigeants d’un autre pays. »