Tribune

PPP : Philosophie, Politique, Polynésie

Taimana Ellacott © Radio1

La citoyenneté

Que c’est passionnant de voir mon peuple, dans la joie et la bonne humeur, malgré les déboires que notre pays subit depuis quelques temps déjà,  accomplir son devoir de citoyen. Rousseau serait fier de ses enfants, Pouvana’a itou. Cet espoir, cet espérance qui nous anime ! Qu’a-t-on à y perdre de plus que notre plumage déjà souillé par la vermine ? Le combat reste entier, la pierre à peine dégrossie. Tous ces héros déchus dont on chante encore les louanges aujourd’hui, où sont-ils ? morts ? Que nenni. Ils restent brillants dans nos esprits fougueux, ils guident nos pas et nous montrent les chemins interdits, à nous de trouver les bons aujourd’hui. Mais 62.442 indifférents c’est encore trop ! Faut-il réfléchir à un recul des libertés individuels en imposant obligatoirement le vote, comme dans certains pays démocratiques ?

L’Économie

Nous nous complaisons dans un système mercantile qui voue un culte à la création de valeur sur de la valeur. Ne pourrait-on pas être plus sherwoodien dans nos créations de richesse? Echanger les lubies des riches contre les besoins des pauvres,  et non plus favoriser leur ascension sociale par leur habileté à se servir du peuple comme piédestal. L’innovation, la valorisation, la compétitivité en passant par un consumérisme patriotique en encourageant la production locale. Le « mieux » par rapport au « bien » pourrait être remplacé par le « viable » par rapport  au « parfait », et l’échange n’en serait que plus bénéfique.

Le Social

Incitons les entreprises privées à devenir des acteurs sociaux, aidant ceux qui ne peuvent pas s’en sortir, lésés dès le départ par la nature. Donnons un pati’a à la place d’un morceau de thon déjà découpé, c’est le meilleur moyen de tuer le clientélisme. L’Homme reste un animal social mais égoïste. Trouvons le juste milieu pour que les incitations économiques aillent dans le sens du partage. Nous observons une faille sociale et culturelle qui s’approfondie avec la crise. Nous contemplons un système ou les volontés individuelles s’éloignent de plus en plus de la volonté générale pour former un agrégat de volontés conjoncturelles. Gravir seul des montagnes c’est bien, les gravir tous ensemble c’est mieux.

La Justice

Ce qui est juste est-il bien ? Lorsque Platon se posait la question : « Faut-il rendre ses armes à quelqu’un qui est devenu fou ? » Risquer sa vie pour la justice aussi corrompue que la politique, est-ce un combat plus noble ? Lorsque le riche s’en sort alors que le pauvre non, pour les mêmes chefs d’accusations, est-ce la cité juste dont il a rêvé entre deux conversations avec Socrate ? La justice en elle même est contre nature, puisque ce qui est naturel est injuste. Si l’on accepte la justice comme leit motiv de l’intérêt général, il faut assumer les conséquences d’une décision juste pour tous mais injuste pour l’individu. Mais s’il existe un juge supérieur à la hiérarchie des normes dans un système démocratique, c’est bel et bien la souveraineté du peuple. Vox populi Vox deï, qu’il disait Charlemagne.

La Politique

Si je devais définir ma vision de la politique polynésienne, j’en dirais beaucoup trop. Je commencerais par De Gaulle pour finir par Œdipe en passant par Kondratieff.  De Gaulle pour le premier changement sociétale dû à l’implantation du CEP, Kondratieff pour sa vision sinusoïdale de la société, et Œdipe pour définir le souhait de tuer leur père politique par amour pour leur mère patrie.

Revenons à De Gaulle, c’est aussi parce que notre statut ressemble à la IVe République. Une oligarchie de petits partis déconnectés de la fortuna de Machiavel pour assouvir leurs propres passions.  Et dire que Rousseau rêvait d’une démocratie participative plutôt qu’une anarchie représentative. Il disait déjà en 1762 que la classe représentative irait dans un sens totalitaire, sauf au moment des élections. C’est fou à quel point il avait raison.

Platon (encore lui) nous disait que « La cité juste ne trouvera son existence que lorsque les rois deviendront philosophes ou les philosophes rois ». Un roi philosophe est si rare, un philosophe roi est plus courant. N’oublions pas que la conscience est une entité aussi puissante que l’eau et aussi légère que l’air, attention à ne pas nous envoler. Les « Icare » d’hier ne doivent pas inspirer ceux de demain. Laissons aux « Dédale » l’art et la manière de définir la technique, nous resterons là, ébahis, à contempler l’œuvre.

Citoyennement, Te aroha ia rahi.
Taimana Ellacott

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1 Commentaire

  1. 29 avril 2013 à 18h07 — Répondre

    Moi je suis pour un permis de vote pour enfin donner la voie aux personnes qui sont plus a même de prendre de vraies décision. Comme cela se ferait sous la société grecque ou seuls les intellectuels pouvaient voter. C'est une démocratie intelligente.

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