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Préavis de grève à l’OPT : les syndicats dénoncent le projet Manatua et soupçonnent  un « conflit d’intérêts »

La CSIP, CSTP-Fo, O Oe To oe Rima ainsi que le SAPOT ont déposé un préavis de grève mardi au sein de la holding OPT, avec trois gros points déclinés en 16 revendications : « Ambition 2020 », « Conditions de travail et de rémunérations » et « Institutions ». L’objectif principal de ce préavis de grève est de « préserver leurs acquis sociaux et l’outil de travail ». Les syndicats dénoncent notamment le projet Manatua et se réservent le droit de « saisir les autorités compétentes afin d’éclairer ce dossier pour garantir la viabilité économique du groupe OPT ».      

Projet Manatua : un « fort soupçon de conflit d’intérêt (…) qui pourrait impliquer les autorités de la Polynésie »

Le premier gros point de revendication des centrales syndicales concerne le projet Manatua, le câble sous-marin à fibre optique qui relie Tahiti aux Samoa, en passant par Niue et les Cook. Les syndicats rappellent, dans leur préavis de grève que ce projet, à hauteur de 2,182 milliards de Fcfp, a été engagé en 2018 par les territoires du Pacifique. Ils rappellent même la répartition  du capital : 55% pour l’OPT, 30% pour l’opérateur des îles Cook, 8%  pour celui de Samoa et enfin 7% pour celui de Niue. Les centrales syndicales soulignent même le soutien de l’État à hauteur de 310 millions Fcfp au travers du Fonds Exceptionnel d’Investissement (FEI).

Elles estiment que le « modèle économique de ce projet semble faire apparaitre des coûts très importants, qui pourrait certainement mettre en péril la viabilité économique du groupe OPT à très court terme, c’est-à-dire dès sa mise en service ». Les syndicats demandent d’ailleurs à « connaître l’ensemble des études qui ont prévalues (sic) à confier le pilotage du consortium au plus faible partenaire (Samoa Apia) et ainsi transiter (par obligation) par un territoire qui n’offre pas les conditions techniques et économiques les plus avantageuses pour l’OPT ».

Les syndicats rajoutent même que « de fort soupçon de conflit d’intérêts semble apparaître dans la gestion de ce dossier qui pourrait impliquer les autorités de la Polynésie ».

Les centrales syndicales estiment aussi que le « silence » fait autour de ce dossier les amènent à penser que « des informations sont volontairement cachées » et qu’elles se réservent le droit de « saisir les autorités compétentes afin d’éclairer ce dossier pour garantir la viabilité économique du groupe OPT ».

Un proche du dossier a même affirmé que le projet Manatua est « une volonté de l’État (…), c’est pour avoir les pays du Pacifique sous sa coupe ».

« La fusion (…) un échec total »

Depuis le 1er janvier dernier, l’OPT est divisé en deux grandes filiales : Onati, présidée par Yannick Teriierooiterai, qui a absorbé la société Vini et regroupé la direction des Télécoms, et Fare Rata avec à sa tête Benjamin Teihotu, qui s’occupe des services postaux et financiers.

Les syndicats s’interrogent sur l’équilibre financier de la société Fare Rata. Ils rappellent qu’une subvention d’équilibre de 700 millions Fcfp a été « inscrite au budget du Pays » et qu’elle est conditionnée à des « efforts ». Ils demandent à avoir plus d’éclaircissement quant à ces efforts. Ils estiment que les différentes directions doivent « s’engager aux équilibres financiers des sociétés » sans que cela ne porte préjudice aux emplois. Et pour veiller au bon déroulement de ces sociétés, les syndicats demandent la mise en place d’élection des représentants du personnel pour ces sociétés. Une demande qui se justifie, selon les syndicats par «  la complexité des équilibres financiers » de ces dernières. Les syndicats considèrent qu’ « après 6 mois de mise en œuvre de la fusion et 4 années de réflexion, c’est un échec total. Une réflexion tournée vers l’absorption des SAS Onati et Fare Rata,  par la holding doit être engagée (…). Le personnel en a ras-le-bol (…). Ce sont les salariés qui en pâtissent ! ».

L’application de la convention d’entreprise à tout le personnel  

Les syndicats demandent à ce que la convention d’entreprise de l’OPT soit appliquée purement et simplement au personnel de la holding et ce sans « négociation d’une nouvelle convention d’entreprise ». Ils dénoncent donc de fait le protocole d’accord de Onati du 18 avril dernier.  Ils estiment que cet accord ne « reflète pas l’application de la convention OPT dans son intégralité ni les accords de Vini ». Les syndicats demandent même à ce que les acquis sociaux soient maintenus « intégralement » et refusent toute réduction de ces acquis.

Les négociations devraient débuter dès jeudi puis vendredi. Si aucune entente n’est trouvée, le mouvement de grève prendra effet lundi.