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Préavis de grève : la Fraap assure être « soutenue » par la population

Quelques heures après la prise de parole de Moetai Brotherson sur le mouvement de grève qui doit être lancé mardi matin, et avant un nouveau round de négociation à la présidence, la Fraap a affiché sa détermination. Le syndicat, assurant se battre « pour les plus précaires » se dit prêt à une grève longue et s’estime soutenu, malgré quelques « mécontents », par la majorité des Polynésiens, y compris dans le privé. Quant aux répercussions économiques, touristiques, sanitaires ou scolaires de ce deuxième mouvement en moins d’un mois, ses représentants renvoient d’avance la responsabilité à l’exécutif.

La Fraap est prête à mener une grève au long terme. C’est ce qu’ont affirmé ses représentants ce jeudi après-midi, quelques heures après que le Moetai Brotherson a réitéré son « incompréhension » face à ce deuxième préavis déposé moins d’un mois après la fin d’une première grève de cinq jours. Selon eux, ces déclarations « agacent de plus en plus la population ». Elles agacent en tout cas la fédération arrivée pour la première fois première aux élections de la fonction publique territoriale en juillet dernier. Le président, qui a affirmé que sa porte « était toujours ouverte pour dialoguer », « ment » et « mène tout le monde en bateau » avait déjà affirmé Jean-Paul Urima sur l’antenne de Radio1 ce jeudi midi.

« On est prêt, ça se mobilise bien »

Pour preuve, le deuxième round de négociation mené mercredi soir et presqu’aussitôt stoppé. « Il nous a foutus dehors comme des malpropres, dénonce Gérard Barff. Il a dit : J’ai une réunion et 15 minutes après, il était sur son réseau Facebook. Il n’y avait personne. » Le président du syndicat des pompiers d’aérodrome et secrétaire général délégué de la Fraap souligne que la grève, qui se profile pour mardi, n’est « pas un choix facile pour les agents ». Mais en l’absence de « compromis » – de part et d’autres de la table de négociation pour l’instant – elle sera inévitable. « Le 14, on est déjà en train de mobiliser. On verra ce qu’on va faire, mais on est prêts. Ça se mobilise bien, mais ça risque d’être pire parce qu’il met de l’huile sur le feu. Les gens commencent à s’agacer, surtout les catégories D, ils sont plus de 1 800… « 

Jean-Paul Urima se dit lui conscient de l’impact de ce mouvement sur le tourisme et l’économie du Pays. Mais il renvoie d’avance la responsabilité au président du Pays, qui doit s’envoler ce samedi pour la métropole, tel « un roi absent ». « Il est ministre du Tourisme, c’est à lui de réfléchir pour sa population. S’il s’en fiche, s’il préfère aller en France… qu’il assume. »

Pas que les pompiers

Autre point d’insistance : l’appel à la mobilisation concerne l’ensemble des services du Pays et pas seulement les pompiers d’aérodrome, trop souvent « pointés du doigt » d’après Gérard Barff. Le responsable syndical n’ignore pourtant pas, pas plus que les autres cadres de la Fraap, que c’est la mobilisation de ces pompiers, et donc la paralysie du transport aérien vers 43 îles (tous les aéroports à l’exception de Tahiti, Bora Bora, Rangiroa et Raiatea, puisque ces plateformes sont gérées par ADT et non par le Pays), qui constitue le principal levier de pression de grévistes. Lors de la grève en décembre, le nombre de grévistes recensés au sein de l’administration avait atteint 619 agents le premier jour, avant que les effectifs ne s’amaigrissent progressivement.

Si plusieurs services, notamment les antennes de l’Équipement, avaient subi des perturbations importantes voire des blocages complets, c’est bien sur la situation dans les aéroports qui avait concentré l’attention. Du côté des autorités, mais aussi du public : beaucoup dans les îles comme à Tahiti avaient dénoncé la « prise d’otage » du trafic aérien. Pourtant la Fraap se sent aujourd’hui « soutenue » dans son combat, y compris du côté des salariés du privé. « Des mécontents il y en aura toujours », dit Gérard Barff insistant sur le fait que la revendication principale du préavis concerne les catégorie D. « On se bat contre la cherté de la vie. Franchement, la population, ce que l’on est entrain de faire c’est noble ».

La Fraap qui compte donc sur la population pour faire preuve de solidarité dans cette période de tensions. « Si la grève persiste, c’est parce que nos revendications restent ignorées. Il faudrait qu’on reste les bras croisés ? Qu’on attende et qu’on subisse ? Moi, je ne veux pas subir. Je suis dans un pays démocratique, et le droit d’expression, il est pour tout le monde. » Le pompier d’aérodrome qui a également tenu à indiquer que comme tout le monde, les fonctionnaires subissent eux aussi la cherté de la vie. Selon lui, les critiques devraient davantage se tourner vers le gouvernement, accusé de fermer le dialogue.

La Fraap est de nouveau invitée à reprendre les négociations ce vendredi dès 7 heures à la Présidence. Une réunion diffusée en direct sur la page Facebook du gouvernement et en présence de la presse, ce qu’a accepté le syndicat. Une façon pour les deux camps de tenter de prouver leur bonne foi, même si un accord semble difficile à imaginer à ce stade.

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