Plusieurs participants emblématiques au Blue Climate Summit et Richard Bailey ont tiré vendredi soir les premières conclusions de l’événement conçu comme un « accélérateur d’idées » pour protéger les océans, et évoqué les premiers projets qui vont se concrétiser sous le label Blue Climate Initiative.
Sur la scène du grand théâtre de la Maison de la culture, alors que le Concert pour l’océan commençait à quelques pas de là, Richard Bailey et ses invités du Blue Climate Summit ont partagé leurs premières impressions : « Dans son discours Édouard Fritch nous a demandé de nous écouter et de nous entendre. C’est ce que nous avons fait. Je trouve que notre sommet a été une très grande réussite parce que nous avons trouvé notre place à la table pour discuter avec les Polynésiens », a déclaré l’homme d’affaires.
« Quand j’étais enfant on pensait que l’océan était trop puissant pour mourir. Maintenant on sait, et les enfants nous regardent. En 50 ans, nous avons perdu 90% des requins et environ la moitié des récifs coralliens , 97% des thons bluefin adultes ont disparu. Il faut qu’on se dépêche de leur ficher la paix », dit l’océanographe Sylvia Earle, qui sort du sommet avec « des raisons d’espérer ».
Le navigateur hawaiien Nainoa Thompson a salué la Polynésie : « Ici, les gens n’ont pas oublié leurs origines, ils savent qu’ils ne sont pas les propriétaires mais seulement les gardiens de l’océan. Nous avons simplement cherché les moyens de faire corps avec la nature. Les anciens de Taputapuatea nous ont grondé, et ils avaient raison. Nous devons apprendre de toutes les erreurs que nous avons faites à Hawaii, et ils le savent parce qu’ici ils comprennent vraiment. J’ai vu les enfants recevoir des prix, c’était joyeux parce qu’ils savent que ce qu’il font est important, et qu’ils vivent cet espoir. » Plus tôt dans l’après-midi, il avait assisté à la remise des prix du concours Ia Vai Moana Te Fenua lancé par la Tetiaroa Society, et qui a récompensé 4 établissements scolaires :
- Prix Tainuiatea (Prix coup de coeur) 150 000 Fcfp : College de Taravao
- Prix Tupaia 200 000 Fcfp : 1ere Euro du Lycée La Mennais
- Prix Ahutoru 300 000 Fcfp : École Te Hihi o te maramarama no Puohine de Raiatea
- Prix Nainoa Thompson 500 000 Fcfp : CJA de Mahina
6 projets vont se concrétiser
Le ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu a ensuite expliqué que le Blue Climate Summit avait débuté avec une sélection de 19 projets pouvant être « accélérés ». Certains d’entre eux vont être réunis dans de nouveaux partenariats. Au final, 6 projets ont été choisis, « dont 5 ont une part importante en Polynésie française » et deux trouvent leur origine au fenua. Des projets « ambitieux » concernant les grands fonds, l’énergie houlomotrice ou les puits de carbone, qui seront détaillés par la Blue Climate Initiative dans les jours qui viennent, pour lesquels aucun chèque n’a encore été signé, mais que les fondations présentes au sommet soutiendront à coup de « millions de dollars », assure le ministre.
Joachim Claudet, directeur de recherche au Criobe, a « tiré son chapeau » à Richard Bailey et Stan Rowland, le directeur de BCI, et donné un exemple de la fusion de deux projets, l’un qui s’intéresse aux bassins versants dont la qualité de l’eau influence la qualité de la vie marine, et l’autre qui propose une surveillance des progrès dans toutes les aires marines protégées.
Enfin il a été rappelé l’importance d’obtenir un moratoire international sur l’exploitation des grands fonds marins, un objectif cher à la Fédération des associations de protection de l’environnement (Fape). 31 autorisations de recherches dans les eaux internationales ont été accordées à 17 pays par l’Autorité internationale des fonds marins. Des pays qui espéraient bien obtenir une autorisation d’exploitation, alors que le cadre réglementaire n’a jamais été adopté et que la date-butoir est fixée à juin 2023.
La Blue Climate initiative envisage à présent un prochain sommet dans deux ans.