Miami (AFP) – Le premier décès lié au virus du Zika survenu aux Etats-Unis, sur l’île de Porto Rico, a été rapporté vendredi par les autorités sanitaires, amplifiant les inquiétudes concernant ce virus véhiculé par les moustiques.
« Le patient est décédé de complications liées à une grave thrombocytopénie », qui se caractérise par un faible nombre de plaquettes dans le sang, ont indiqué les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), sans autre précision sur ce cas.
Selon le journal local El nuevo dia citant la ministre porto-ricaine de la Santé Ana Rius, la victime est un homme de 70 ans décédé fin février.
Il était allé se faire soigner car il présentait des symptômes similaires à ceux de la dengue, mais il avait été testé positif au Zika. Les deux virus sont transmis par les moustiques.
L’homme a souffert d’une hémorragie interne qui lui a été fatale dans les 24 heures ayant suivi sa prise de contact avec les services de soins, selon le journal.
Mme Rius a précisé que d’autres patients avaient présenté des complications similaires mais s’en étaient complètement remis.
« Bien que les décès liés au virus Zika soient rares, la première mort identifiée à Porto Rico révèle la possibilité de cas graves, ainsi que la nécessité de poursuivre la sensibilisation pour que les personnels soignants aient conscience des complications pouvant entraîner des maladies graves ou la mort », ont relevé les CDC.
Ils ont mis en garde contre une possible explosion de cas d’infection par ce virus à Porto Rico, qui pourrait toucher des centaines de milliers de personnes.
Les autorités sanitaires ont pressé les habitants de l’île, territoire américain situé dans les Caraïbes, de « continuer à avoir un comportement pour éviter les piqûres de moustiques, y compris l’utilisation de répulsifs, le port de vêtements à manches longues et de pantalons et à s’assurer que leur logement est correctement clos ».
– ‘Patient zéro’ en novembre –
Comme le Zika peut aussi se transmettre sexuellement, elles ont rappelé que le partenaire de femmes enceintes devaient utiliser un préservatif ou s’abstenir d’avoir des relations jusqu’à la naissance. Car le virus provoque notamment un développement insuffisant du crâne et du cerveau des foetus (microcéphalie).
Les autorités américaines ont lancé des mises en garde aux voyageurs concernant le Zika pour 43 pays ou territoires situés principalement dans les Caraïbes, et en Amérique centrale et latine.
Trois à quatre millions de cas de Zika sont attendus sur le continent américain. Plus de 1,5 million de Brésiliens ont par exemple déjà été contaminés. Pour l’heure, seuls quelques cas ont été recensés en France et dans six pays d’Europe.
Porto Rico avait constaté son premier cas de Zika, qualifié de « patient zéro », en novembre dernier.
« En décembre, Porto Rico a été la première juridiction américaine à rapporter une transmission locale du virus, avec le patient zéro qui avait signalé les premiers symptômes le 23 novembre », ont précisé les CDC.
Ces derniers ont examiné 6.157 cas présumés de Zika dans l’île entre le 1er novembre 2015 et le 14 avril 2016.
Les scientifiques ont indiqué que 683 (11%) d’entre eux « présentaient des analyses de laboratoire montrant une infection au virus Zika en cours ou récente », dont 65 femmes enceintes.
Au total, 17 patients ont dû être hospitalisés, y compris cinq cas présumés de syndrome de Guillain-Barré, un trouble neurologique rare qui entraîne une paralysie, voire la mort du patient.
Le virus, qui s’est propagé au Brésil, en Colombie et dans les Caraïbes depuis fin 2014 surtout via des moustiques Aedes aegypti, provoque une infection bénigne dans la majorité des cas.
Les symptômes les plus fréquents sont une fièvre, une éruption cutanée, des douleurs articulaires et musculaires, des maux de tête et une conjonctivite.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué lundi que l’épidémie de Zika faiblissait en Amérique latine mais que le virus pourrait se propager à des zones non encore infectées. Mais les scientifiques ne s’attendent pas à une pandémie en Europe cette année.
© AFP/Archives LUIS ROBAYOUn moustique Aedes Aegypti, porteur du virus Zika, photographié au laboratoire de recherche CIDEIM à Cali en Colombie le 25 janvier 2016