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Première ébauche du « plan de développement de l’économie numérique »

©Cesec

Former la jeunesse, créer un environnement attractif en renforçant la « confiance numérique » que la Polynésie peut inspirer, booster la dématérialisation de l’administration, encourager les entreprises locales à réaliser des ambitions internationales… le tout « sans pertes de valeurs polynésiennes ». Le nouveau directeur général de l’économie numérique a présenté au Cesec les grands axes de la politique du Pays.

Eugène Sandford, qui a pris la tête de la Direction générale de l’économie numérique, a vécu jeudi au Cesec son baptême du feu, en présentant un premier jet du plan de développement  de l’économie numérique du Pays. Il a cité parmi ses inspirations l’Estonie et le Rwanda, qui ont choisi depuis plusieurs années déjà de transformer leur économie et leur administration par le numérique.

Il a donc été question d’organiser et de « démultiplier » les formations, tant dans les organismes publics que les sociétés privées, dès l’année prochaine, sans même attendre la fameuse école de code Google. Et en « prenant en compte les défavorisés » qui pourraient trouver là une « école de la 3e chance » : « Le CJA n’est pas la fin de tout, a-t-il ainsi déclaré, il faut juste être motivé et avoir un peu de jugeote, même si l’on ne parle pas bien français. » Il faudra aussi renforcer l’enseignement informatique dans le parcours classique et plus généralement lutter contre «l’illectronisme ».  L’objectif est de former 100 codeurs par an pendant 10 ans.

Il a aussi été question d’e-administration, où l’on pourrait « créer une société en ligne en 30 minutes comme au Canada ». Un même document téléversé par l’usager pourra être accessible par plusieurs services qui en ont besoin, sur le principe « Dites-le nous une fois » adopté par l’administration française en 2019 pour éviter aux usagers des démarches fastidieuses. Le plan cybersécurité qui entoure les Jeux olympiques va servir de base pour établir la « confiance numérique » que la Polynésie doit inspirer pour augmenter son attractivité. La DGEN souhaite devenir le relais au fenua de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et de la Commission nationale informatique et libertés (CNIL).

Une réglementation plus protectrice pour les entreprises locales

Le gouvernement envisage de modifier la réglementation des marchés publics, pour préciser qu’ils devront être attribués au mieux-disant « local ». Et il souhaite encourager le « capital-risque » public et privé. « Il faut vous transformer numériquement », a lancé Eugène Sandford aux entreprises. Pour les sociétés qui veulent se développer dans ce secteur, des exonérations de charges sont prévues « jusqu’à un certain chiffre d’affaires », et pourront aussi bénéficier de CAE et de CVD. « Ce qui est important pour nous, c’est de créer les conditions pour que les entreprises locales se positionnent plus à l’export, a complété Moetai Brotherson. C’est vrai qu’il ne faut pas négliger le marché intérieur, mais il est somme toute réduit. Le vrai potentiel si on veut arriver dans 10 ans à 25% du PIB, il est à l’extérieur. » Les possibilités de développement vont s’ouvrir dès novembre prochain, avec la pose du premier câble Google qui va multiplier par 50 les capacités disponibles, affirme le président.

La présentation a été particulièrement suivie par Karl Tefaatau, qui était à à la tête de la DGEN jusqu’en 2021. Il est d’accord sur le choix de OneWeb plutôt que Starlink, pour les mêmes raisons que Moetai Brotherson. D’accord aussi que les meilleurs spécialistes en cybersécurité sont issus de l’armée – c’est de là que vient le collaborateur d’Eugène Sandford sur le sujet. En revanche il s’est montré dubitatif sur l’aspect capital-risque : le soutien financier global aux start-up est en baisse, et « la French Tech est en train de mourir », a-t-il prévenu.