DITES UN CHIFFRE – Le résultat de l’élection ne fait guère de doute. En revanche, l’inconnue réside dans les scores des trois prétendants, et notamment de Nicolas Sarkozy.
Certes, on ne peut pas parler de suspense. A l’UMP, il est acquis pour tout le monde – ou presque – que Nicolas Sarkozy l’emportera dès le premier tour de l’élection pour la présidence de l’UMP, le 29 novembre. Mais une incertitude demeure : avec quel score l’ancien président se réinstallera-t-il à la tête du parti ? Et, de façon arithmétiquement liée, quels résultats obtiendront ses deux concurrents, Bruno Le Maire et Hervé Mariton ? En insistant un peu, Europe1.fr a pu obtenir de quelques élus qu’ils se livrent au petit jeu des pronostics.
L’inquiétude Sarkozy. Dans le camp Sarkozy, d’abord, on s’emploie depuis plusieurs semaines à faire baisser le thermomètre. Au moment de son retour sur la scène publique, en septembre, les sarkozystes visaient le plébiscite. Ce n’est plus le cas. « Comme disent les agriculteurs de ma circonscription, on compte le blé une fois qu’il est dans la grange », évacuait le député Gérald Darmanin, porte-parole de l’ex-président, la semaine dernière sur Europe 1.
« Une élection, c’est toujours une prise de risque et ce n’est jamais gagné d’avance. Nicolas Sarkozy a fait le choix de s’exposer, alors qu’il aurait pu se protéger », démine le très sarkozyste Geoffroy Didier, cofondateur du courant La Droite forte. « Personnellement, j’estime que le succès serait triomphal au-delà de 66% des voix ». Début novembre, son compère Guillaume Peltier affirmait que si Sarkozy l’emportait avec « 60 ou 70% », « ce serait une énorme victoire »…
Une « énorme victoire », mais bien moins que le score soviétique qu’il avait obtenu en 2004, lorsqu’il avait été porté à la tête de l’UMP avec 85% des suffrages. « Les médias comparent avec 2004, mais ce n’est pas pertinent », s’agace le député Thierry Mariani, ancien ministre et soutien de Sarkozy. « Cette fois, il y a une vraie concurrence et une vraie campagne ».
Une enquête réalisée par Europe 1 auprès de l’ensemble des députés UMP montre que 44% d’entre eux soutiennent Nicolas Sarkozy. C’est large, mais loin d’être massif. Toutefois, « entre les élus et les adhérents, la perception n’est pas la même », estime Thierry Mariani. « Quand vous discutez avec les militants, c’est ‘Sarko Sarko Sarko’ ! »
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L’inconnue Le Maire. Dans quelle mesure Bruno Le Maire pourrait-il tailler des croupières à Nicolas Sarkozy ? Officiellement, le député de l’Eure – il l’a redit mercredi sur Europe 1 – est convaincu que sa victoire est possible. En privé, il a fixé la barre aux alentours de 20%.
« Par nature, dans une élection interne, avec un corps électoral aussi petit, il est très difficile de prédire les scores », estime le député Thierry Solère, soutien de l’ancien ministre de l’Agriculture. Mais pour lui, « il y a trois possibilités : soit vous gagnez, soit vous faites un score symbolique, soit vous faites un score qui vous permet de peser ». C’est-à-dire ? « S’il fait 20-25%, ça pèsera », lâche l’élu des Hauts-de-Seine.
« Si Le Maire fait 20%, ce serait pas mal pour lui », renchérit la députée Virginie Duby-Muller, soutien de Nicolas Sarkozy. Pour autant, l’ancien président reste, selon elle, largement préféré des militants. « On voit dans les réunions publiques qu’il y a une vraie dynamique autour de Nicolas Sarkozy. Et nous restons un parti légitimiste : le culte du chef est toujours là ».
La surprise Mariton ? Pendant ce temps, un troisième candidat enchaîne les réunions publiques en petit comité. Hervé Mariton se veut optimiste, et refuse de se prédire un score. « Une élection, on est candidat pour la gagner », martèle le député de la Drôme. Même si, c’est vrai, « on peut imaginer que Nicolas Sarkozy soit élu : ce n’est pas écrit, mais pas impossible », poursuit-il sans rire. Pour autant, ce grand pourfendeur de la loi Taubira ne veut rien lâcher. Son objectif, dans cette dernière ligne droite, sera de dépasser le seuil des 10%.
Chez ses collègues UMP, Hervé Mariton inspire un certain respect. 13,5% d’entre eux le soutiennent, selon notre enquête. Et si tout le monde s’accorde sur le fait qu’il sera bon dernier, beaucoup lui prédisent un score honorable. « Sa candidature est utile. Il fait une bonne campagne », juge Thierry Mariani. « Et c’est le seul à défendre des positions qu’il a toujours tenues. A côté, quand je vois Le Maire qui met la barre à droite toute, ça me fait sourire ». Et que dire de Nicolas Sarkozy lorsqu’il veut abroger la loi Taubira.
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