ACTUS LOCALESPOLITIQUE

Présidentielle : moins de la moitié des élus polynésiens ont parrainé un candidat

À quelques jours de la date limite, plusieurs candidats à la présidentielle n’ont pas rassemblé les 500 signatures nécessaires pour concourir. Les 177 élus polynésiens sont donc plus que courtisés que jamais. D’autant que seuls 75 d’entre eux avaient déjà fait enregistrer leurs parrainages ce mardi.

C’est une course avant la course, un couperet redouté pour les prétendants à l’Élysée. Pour avoir le droit de concourir à l’élection présidentielle, chaque candidat doit être « présenté » par 500 élus. Rien de neuf : la condition, mise en place dans son principe en 1962 et établie, en nombre, en 1976, a été créée dans l’idée d’éviter une élection trop pléthorique ou des candidatures « fantaisistes ». Sur le papier elle ne parait pas insurmontable : en comptant les parlementaires, maires, élus régionaux, départementaux, et territoriaux, c’est plus de 42 000 élus qui peuvent ainsi « parrainer ». Sauf que tous ne sont pas facilement joignables, que beaucoup sont liés à un parti politique. Et que d’autres, nombreux, veillent à ne pas froisser un partenaire institutionnel ou une partie de leur électorat en « soutenant » le mauvais candidat. La pression d’autant plus grande que depuis 2016, les parrainages sont publiés au fil de leur dépôt par le Conseil constitutionnel.

Le Pen, Mélenchon, Zemmour cherchent leur dernières signatures

Résultat : si les candidats pouvant s’appuyer sur un important tissu d’élus locaux n’ont pas eu de mal à rassembler les précieuses signatures (Valérie Pécresse en comptait ce mardi 2 143, Emmanuel Macron 1 463, Anne Hidalgo 1 177, Fabien Roussel, Yannick Jadot et Jean Lassalle plus de 500), d’autres ne passent pas encore la barre. Y compris parmi les candidats de premier rang : Marine Le Pen, arrivée au second tour en 2017, doit encore trouver une quarantaine de signatures, Jean-Luc Mélenchon, qui avait attiré 19,6% des voix au dernier scrutin, est à peu près au même niveau. Éric Zemmour, crédité de 12 à 16% dans les sondages, est plus à la traîne : 350 parrainages ce mardi et plusieurs dizaines d’autres « en voie de de confirmation ». D’autres candidats, de Philippe Poutou à François Asselineau en passant par Christiane Taubira, sont encore plus loin du compte.

Dans ce sprint final, les élus polynésiens sont plus courtisés que jamais. Et pour cause : le fenua compte 177 élus capables de parrainer un candidat, en adressant le formulaire de présentation au Conseil Constitutionnel ou au Haut-commissariat. Et beaucoup n’ont pour l’instant choisi personne. Mardi matin, seuls 75 parrainages avaient été transmis par le haussariat vers Paris. Des parrainages qui peuvent prendre du temps à apparaitre dans les listes officielles, délai de transmission et afflux de signatures obligent. Mais qui sont bien pris en compte s’ils sont présentés dans les formes et dans les temps : avant le 4 mars à 18 heures.

Des élus et des « consignes »

Pourquoi si peu d’entrain des élus polynésiens ? Pour certains, c’est la pression politique Tapura qui fait hésiter les tavana : « Depuis que les parrainages sont publiés, ils se disent que miser sur un cheval s’il ne gagne pas, c’est l’assurance d’avoir toutes les peines du monde à avoir des crédits pour leurs investissements communaux. À chacun son carton de poulet… », écrit ainsi Moetai Brotherson, qui a apporté son parrainage, mais pas nécessairement son soutien, à Jean-Luc Mélenchon… Valérie Poirson pointe plus directement du côté du Tapura qui ferait en sorte d’éviter la dispersion des voix polynésiennes : « Les élus ont pour consigne de ne pas parrainer quelqu’un d’autre que Macron », assure la représentante locale de « Reconquête! ». D’autres s’étonnent que certains maires de petites îles des Tuamotu n’aient pas reçu le formulaire officiel envoyé par le Haut-commissariat. Une question de « logistique » qui ne concernerait que trois élus d’atolls isolés, précise la représentation de l’État, qui dit avoir fait en sorte le problème soit rapidement « régularisé ».

Mais pour le président de l’association des maires de France, David Lisnard, c’est surtout l’assimilation entre ces « présentations » et le soutien aux élections qui freinerait la quête. Maire Les Républicains de la ville de Cannes, il a voulu montrer l’exemple en apportant, « par exigence démocratique », son soutien à Jean-Luc Mélenchon, candidat « le plus éloigné » de ses convictions. Plus proche de nous, le président du SPC et tavana de Tumara’a, Cyril Tetuanui a une nouvelle fois apporté sa signature à Marine Le Pen tout en soutenant Valérie Pécresse (après, un temps, Emmanuel Macron) dans la course à l’Élysée. Conscient du problème que posent ces parrainages, le premier ministre Jean Castex a lui-même appelé tous les élus à parrainer un candidat quelles que soient leurs convictions.

Une banque de dépannage en parrainage

Le président du Modem François Bayrou, lui aussi proche d’Emmanuel Macron a lancé une plateforme destinée à s’assurer que les candidats les mieux placés puissent participer à l’élection. Il encourage ainsi les élus à s’inscrire sur le site notredemocratie.fr pour compléter, au moment venu, les signatures des candidats atteignant 10% des intentions de votes dans les sondages. Une « banque de parrainage démocratique » qui a aussi été promue, localement, par Éric Minardi. Le représentant en Polynésie du Rassemblement national, qui n’a pas réussi à rassembler autant de signatures pour Marine Le Pen qu’en 2017, estime qu’une élimination de sa candidate, qui avait remporté 40% des voix du deuxième tour de 2017 au fenua, serait « sans précédent dans l’histoire de la Cinquième république et menacerait la légitimité même de cette élection ».

 

Article précedent

Air Tahiti annonce un milliard de francs de réductions de tarifs

Article suivant

Détournements à l'Équipement de Tahaa : "C'était déjà en place alors j'ai continué", dit l'ancien responsable

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Présidentielle : moins de la moitié des élus polynésiens ont parrainé un candidat