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Présidentielle : « On n’est pas en démocratie, on est en démocrature », dit Eric Minardi

 

Eric Minardi, responsable en Polynésie du Rassemblement national, était l’invité ce jeudi de notre rendez-vous « La Course à l’Élysée ». Il est persuadé que Marine Le Pen sera, à nouveau, au 2e tour de l’élection présidentielle. Protection militaire renforcée de la ZEE, lutte contre la délinquance et les violences intrafamiliales, et remboursement de toutes les dépenses de santé des victimes du nucléaire en prélevant  90 milliards de Fcfp sur le chiffre d’affaires d’Engie sont parmi les propositions de campagne.

Le sondage Elabe de cette semaine donne à Marine Le Pen 21% des intentions de vote au premier tour de l’élection présidentielle, en 2e position derrière Emmanuel Macron. Pour le 2e tour, il crédite la candidate du RN de 47,5% des intentions de vote contre 52,5% au président sortant. Eric Zemmour, qui chasse sur les mêmes terres que Marine Le Pen, aborde la dernière ligne droite avant le premier tour avec des chiffres en baisse. « Eric Zemmour, en fait, a recentré Marine Le Pen. Je pense qu’au 2e tour ses électeurs vont suivre Marine Le Pen puisque, apparemment, il ne sera pas qualifié. Donc Eric Zemmour nous a fait plus de bien que de mal », estime Eric Minardi.

Sur le plan institutionnel, Marie Le Pen s’engage à ne pas modifier le statut d’autonomie, et à ne pas toucher à l’enseignement des langues polynésiennes, l’une des spécificités locales. Son ambition de « réarmer moralement et matériellement » l’armée et les forces de l’ordre signifie-t-elle une présence militaire accrue en Polynésie ? Oui, répond Eric Minardi, « surtout la marine » pour protéger la ZEE polynésienne.  Il évoque aussi, au niveau national, le soutien à la police, régulièrement agressée par « l’extrême-gauche et les antifa », ainsi que la création de « beaucoup de postes de magistrats, au moins doubler le nombre de magistrats en métropole ». Les problématiques de violences intrafamiliales et de délinquance en Polynésie feront également l’objet de toutes les attentions de Marine Le Pen, assure-t-il, ainsi que celle de la maltraitance animale.

Côté environnement, Marine Le Pen porte le projet d’un « grand ministère de l’Outre-mer et de la Mer » – la réunion de deux ministères existants pour en faire un « ministère d’État », une dénomination qui n’a en réalité qu’une signification protocolaire. Energie thermique des mers et hydrogène sont vues comme les énergies du futur, et une « université internationale de la mer » serait créée en Polynésie.

Autre proposition de la campagne du Rassemblement national, financer l’indemnisation de toutes les dépenses occasionnées par les maladies radio-induites depuis les essais nucléaires en Polynésie par un prélèvement de 1% du chiffre d’affaires d’Engie dont l’activité est tractée par le nucléaire civil, soit environ 90 milliards.

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Si Marine Le Pen était élue, avec qui gouvernerait-elle ? Qui serait son Premier ministre ? Trop tôt pour le dire, répond Eric Minardi qui affirme – « rassurez-vous », en mode « ça va bien se passer » – qu’il y a au RN nombre de personnes qualifiées. Après, en juin prochain, se posera la question des législatives. Le Rassemblement national veut instaurer le scrutin proportionnel : « Tout le monde l’a promis, personne ne l’a mis, résultat nous avions 11 millions d’électeurs en 2017 et 6 représentants à l’Assemblée nationale. On n’est pas en démocratie, on est en démocrature ».

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En attendant, il sera difficile à Marine Le Pen présidente d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale. S’acheminerait-on alors vers une cohabitation, comme cela a été plusieurs fois le cas des présidents réélus de la Ve République ? « C’est justement ce qui fait que le système est bloqué et qu’il va falloir le changer », répond Eric Minardi.

Le représentant de Marine Le Pen trouve « scandaleux » qu’on l’interroge sur la proximité de Marine Le Pen avec Vladimir Poutine – qu’elle avait pourtant largement mise en scène elle-même : « Tous les jours nous serrons la main à des gens, est-ce que nous sommes responsables des erreurs qu’ils commettent ? » Même si la candidate a marqué sa désapprobation après l’invasion de l’Ukraine, rappelons que la campagne de 2017 avait été financée par un prêt, pas encore remboursé, d’une banque russe, et que cette campagne-ci l’est par un emprunt de plus de 1,2 milliard de Fcfp contracté auprès d’une banque de la Hongrie de Victor Orban. Si la guerre en Ukraine devait se prolonger, quelle serait l’attitude de Marine Le Pen, qui n’a jamais gouverné et qui prône le retrait de la France du commandement de l’Otan, face à la Russie ? « Justement, elle n’a jamais gouverné, laissez-là arriver. Aujourd’hui, qui peut dire ce qui va se passer ? C’est épouvantable ce qui se passe. »