Le président Brotherson a reçu ce samedi les représentants des associations membres de la Fédération ma’ohi de car audio. L’occasion d’évoquer la mise en place d’une « convention » permettant la réouverture partielle des sites de la digue de Motu Uta et de Atimaono, sous conditions. Il est notamment question d’imposer un contrôle auditif aux pratiquants, qui pourraient alors obtenir, comme dans le milieu sportif, une licence leur permettant d’exprimer leur passion dans un cadre réglementé.
Une centaine de membres de la Fédération ma’ohi de car audio ont manifesté ce samedi matin devant la présidence. Un énième « appel au secours » de la part des passionnés de vibrations et de musique, auquel le président Brotherson a pris le temps de répondre. « On est vraiment très contents, ne serait-ce que du fait qu’il nous ait donné l’opportunité de nous exprimer », se réjouit Elvina Wong Foen, présidente de la fédération, qui se sent enfin comprise. Car il faut dire que le groupement avait déjà émis plusieurs demandes d’entretien avec le nouveau gouvernement, en vain.
« Les échanges ont été constructifs »
Le dialogue est ouvert et « les échanges ont été constructifs », selon la fédération, qui réclame toujours un site pour permettre à ses membres de s’exprimer. Entre 2022 et 2023, ils avaient accès à la digue, un dimanche par mois, de 11 heures à 18 heures, mais pour 2024, c’est un avis défavorable qui leur a été donné. Une décision que les adeptes ne comprennent pas, assurant que sur place, tout était bien encadré et géré grâce à leur charte de bonne conduite. Celle-ci précise notamment l’interdiction de consommer de l’alcool et de la drogue sur place, et empêche aussi la présence des mineurs, davantage sensibles aux bruits en raison de leur système auditif encore immature.
Un contrôle auditif
Un aspect sanitaire important pour le président Brotherson, qui s’inquiétait déjà l’an dernier de « créer une génération de Polynésiens sourds ». « Pour lui, la priorité c’est la santé, et il voudrait que tous ces passionnés puissent rencontrer un médecin pour s’assurer que tout va bien au niveau auditif. Il faut juste qu’on suive ce qu’il demande, et je ne vois pas pourquoi les membres ne le feraient pas puisqu’ils se portent tous bien », dit encore Elvina.
Encadrer les car bass comme un sport
Ce dossier devrait donc être l’un des nombreux projets interministériels du Pays, puisqu’à la fédération, on évoque une rencontre avec « des ministres »: celui de la Santé , mais aussi celui des Sports, géré par Nahema Temarii. Un processus logique, à entendre Bibi, le président de l’association de Mahina, qui explique qu’il s’agit d’un « contrôle » permettant d’encadrer la pratique comme un sport, avec la délivrance d’une licence à condition d’avoir un certificat médical. Une mesure préventive qui serait complétée, selon les passionnés de basse, par des mesures de répression strictes.
Faire respecter la réglementation
Car aujourd’hui, s’il existe bel et bien une réglementation issue du code de l’Environnement, elle « n’est pas appliquée assez rigoureusement ». Mais les choses devraient se passer différemment à l’avenir, c’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le président du Pays lors des discussions. « Ça va être comme pour les tortues : tu pêches une tortue, on te saisit ton matériel de pêche, ton bateau et ta voiture, voire une amende ou une peine de prison. Ce sera peut-être le cas pour le car bass, parce qu’on a beau répéter, ils ne nous écoutent jamais. Nous, les présidents et la fédération, mettons des choses en place pour bien cadrer la pratique. Il faut qu’il y ait un règlement intérieur et qu’ils le respectent, sinon ce sera une grosse saisie », explique Bibi.
Moetai Brotherson a souligné « la nécessité de trouver un équilibre harmonieux entre ceux qui se plaignent des nuisances sonores que ceux qui pratiquent leur passion pour le car bass. » Il a évoqué l’éventualité de les autoriser à pratiquer sur deux sites. Ainsi s’ils respectent les conditions posées par les autorités, les férus de musique forte auront la possibilité de s’exprimer à Atimaono ou, comme autrefois, à la digue.