Paris (AFP) – Les électeurs de la primaire de la droite se sont rendus aux urnes dimanche matin encore plus nombreux qu’il y a une semaine pour choisir entre François Fillon, net favori, et Alain Juppé, leur candidat pour la présidentielle, qui prendra une sérieuse option pour l’Elysée.
Selon le président de la commission d’organisation, Thierry Solère (LR), 1,27 million d’électeurs se sont rendus aux urnes à 12H00 contre 1,138 million dimanche dernier, des chiffres portant sur 67% des bureaux, soit une hausse de 12%.
Les 10.228 bureaux de vote seront ouverts jusque 19h00. Les premiers résultats, régulièrement actualisés, devraient être publiés à partir de 20h30 par la Haute autorité chargée de veiller au bon déroulement de cette compétition, inédite à droite.
Un nouveau point sur la participation sera fait à 17H et permettra de confirmer si la mobilisation est effectivement en hausse par rapport au premier tour, où 4,3 millions de personnes s’étaient déjà déplacées, ou si les électeurs ont voté plus tôt pour éviter les longues files d’attente constatées la semaine dernière.
Les deux rivaux ont voté à peu près en même temps vers 10H30, François Fillon à Paris, où il est député, et Alain Juppé à Bordeaux dont il est le maire.
« J’attends le verdict des électeurs, ce sont eux qui parlent », a simplement commenté François Fillon à la sortie du bureau de vote.
« J’ai défendu mes idées, je n’ai pas de regrets », a déclaré de son côté Juppé. Visiblement amer, il est revenu sur « la campagne immonde » qu’il a subie de la part de l’extrême droite sur les réseaux sociaux où il était renommé « Ali Juppé, grand mufti de Bordeaux ».
Avec 44,1% des voix au premier tour, François Fillon est le grand favori. Le député de Paris a enregistré près de 650.000 voix de plus qu’Alain Juppé (28,6%) pourtant donné pendant des mois vainqueur de cette compétition.
M. Fillon, 62 ans, est donné très largement gagnant avec 61% des voix, contre 39% à son aîné, 71 ans, selon le dernier sondages vendredi. Il devrait notamment bénéficier de bons reports des voix des électeurs de M. Sarkozy (20,7%), qui a lui-même dit qu’il voterait pour son ancien Premier ministre, ce qu’il a fait dès 08H15 dans le XVIème arrondissement de Paris.
Après les résultats du premier tour, où personne n’avait vu venir le score de Fillon, la prudence était cependant de mise sur les intentions des électeurs.
Certains ont hésité jusqu’au dernier moment comme Antoine à Lille, ingénieur de 37 ans, « parce qu’il n’y a pas beaucoup de différences entre les deux. Mais j’ai finalement voté Juppé pour tempérer le caractère sociétal trop à droite de Fillon ».
– après la droite, la gauche –
Depuis une semaine, Juppé a tenté de rattraper son retard au moyen d’une campagne très offensive contre son concurrent, dénonçant un programme « brutal » en référence à sa promesse de supprimer un demi-million de postes de fonctionnaires en cinq ans. Il a aussi taclé un « traditionaliste », qui a émis des réserves personnelles sur l’avortement compte tenu de sa foi catholique et qui bénéficie de soutiens d’opposants au mariage gay.
« Il y a une semaine, j’étais vu comme un réformateur, me voici qualifié +d’ultra-libéral et de destructeur+. Trente ans que je suis gaulliste, me voici soudainement devenu +l’ami des extrémistes+ et le +croquemitaine réactionnaire+ ». « Je trace ma route avec mon projet et mes valeurs », a répliqué Fillon vendredi.
Outre la plupart des sarkozystes, il a enregistré le soutien de Bruno Le Maire et de Jean-Frédéric Poisson. Juppé, de son côté, a été rejoint par Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-François Copé.
L’épilogue de cette primaire devrait lancer définitivement les hostilités pour l’élection présidentielle.
A gauche, tous les regards se tourneront dès lundi vers François Hollande. Le chef de l’Etat doit en effet annoncer très prochainement s’il brigue ou non un second mandat dans une ambiance électrique avec son Premier ministre Manuel Valls, qui se verrait bien lui aussi porter les couleurs du PS.
Dans un entretien au Journal du dimanche, Valls n’exclut pas d’être candidat face au président à la primaire du PS, expliquant vouloir « casser cette mécanique qui conduirait (la gauche) à la défaite ».
© AFP JEFF PACHOUD
File d’attente dans un bureau de vote le 27 novembre 2016 à Lyon pour le 2e tour de la primaire de la droite et du centre