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Prison ferme pour le policier qui a « penalty » son ex-compagne

Interpellé le 1er janvier après avoir roué de coups son ex-compagne, devant leur enfant et dans une fête arrosée, un muto’i de Paea, a été condamné lundi à 18 mois de prison ferme. Le footballeur amateur n’en était pas à son premier accès de violence : en mai, le trentenaire passait à tabac la mère de sa fille dans une voiture, après s’être endormi au volant et avoir frôlé l’accident.

Le policier municipal violent était en poursuivit pour trois faits « d’une extrême gravité ». Le dernier en date a valu un bras cassé et 45 jours d’ITT à la mère de sa fille de deux ans et demi. En couple avec le prévenu depuis 6 ans, la victime avait quitté le foyer familial en novembre 2022 après plusieurs épisodes de violence et d’adultère. Mais pour la Saint-Sylvestre, les ex-amants étaient invités à une même fête : hors de question pour la victime d’y aller si le muto’i est là.

L’évènement ayant débuté dans la journée et se déroulant chez un très bon ami du prévenu, il y assiste dans l’après-midi puis s’en va. À la tombée de la nuit, c’est au tour de la jeune femme de s’y rendre. Le policier, en poste à la brigade de Paea depuis 6 ans, doit assurer son service de nuit à la brigade. Un service durant lequel les deux « ex » s’échangent des sms au sujet de leur fille et se souhaitent même la bonne année. Malgré la séparation, ils entretiennent régulièrement des relations pour leur enfant. Des rapports qui, selon les témoignages, lui servaient à garder une certaine « emprise » sur sa victime. Le 1er janvier, après sa garde, il prétexte vouloir voir sa fille et retourne à la fête. Après un bref échange avec son ex au sujet de la petite qui dort un peu plus loin, chacun continue à célébrer la nouvelle année dans son coin.

Penalty

Fatiguée, la victime décide d’aller se coucher auprès de sa fille. Elle s’endort, mais se réveille en sursaut, claquée par son ex. Le policier s’était emparé de son téléphone et avait découvert des messages qui l’ont mis dans une colère noire. S’en est suivi des gifles, des coups-de-poing, mais aussi des coups de pied alors sa victime était à terre. « Il était en train de la pénalty » raconte un témoin, en référence, semble-t-il, au fait que le muto’i est aussi footballeur amateur. Une scène d’une extrême violence qui s’est déroulée sous les yeux d’un bébé complètement « tétanisé » sur le lit. Les auditions parlent d’un homme « incontrôlable », « qui voulait taper tout le monde ». La situation était telle que même son meilleur ami, qui généralement arrive à le calmer, n’y parvient pas cette fois là.

Un bébé éclaboussé par le sang de sa mère

En mai, le jour de la fête des mères, il avait roué de coups sa compagne en voiture, alors qu’elle tenait leur fille dans les bras. Une scène d’horreur qui avait choqué les amis, mais aussi les enfants qui y ont assisté. « Il lui avait demandé d’essuyer le sang qui avait coulé sur le bébé et avait continué de la frapper », relate la présidente du tribunal en lisant l’audition d’un témoin. Un déferlement de violence qui était dû à l’intervention de la jeune femme qui leur avait pourtant sauvé la vie en empêchant une collision avec un autre véhicule alors que le prévenu s’était assoupi en conduisant. Une autre fois, courant novembre, elle avait reçu des coups de poings parce qu’elle n’avait pas préparé assez rapidement la petite comme il le lui avait demandé.

Manque d’exemplarité

Pour la présidente du tribunal, ces violences sont les résultats de « frustrations » que l’homme est incapable de gérer. Des situations de violences anciennes et répétées qui ont finalement installé un climat de peur au sein du couple. Pour le ministère public, le statut professionnel du prévenu implique « un minimum d’exemplarité et de respect envers l’autre ». Il a requis 3 ans de prison, dont 18 mois de sursis probatoire. Le conseil du prévenu a tenté d’expliquer au tribunal que la détention avait fait son effet chez son client qui est décidé a changer. Elle leur a demandé de lui faire confiance et de prononcer une peine importante sous forme de sursis probatoire. Finalement, le tribunal a condamné l’homme, désormais ancien muto’i, à 24 mois de prison, dont 6 mois de sursis probatoire. Il restera donc en prison, où il avait été placé dès son interpellation le 1er janvier.