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Procès Pallardy : la mère d’une victime raconte

L’ex-ostéopathe a fait face mardi à la mère d’une de ses patientes, une jeune anorexique qui s’est suicidée depuis. © Max PPP

L’ex-ostéopathe a fait face mardi à la mère d’une de ses patientes, une jeune anorexique qui s’est suicidée depuis.

Le procès. Les arguments sont toujours les mêmes : « elle a confondu certains gestes ». Mais cette fois, face à Pierre Pallardy, l’ancien ostéopathe du « tout-Paris » qui comparait pour viols et agressions sexuelles, ne se trouvait pas l’une de ses accusatrices. La jeune femme, anorexique, s’est suicidée en 2008. C’est donc sa mère qui a défendu la mémoire de sa fille.

Une jeune femme fragile. Les séances remontent à 2005-2006. A l’époque, la jeune femme, âgée de 25 ans, est anorexique depuis huit ans. Marquée par le suicide de sa soeur cadette et d’une tante, elle est traitée par Pierre Pallardy, pendant une douzaine de séances.

Le déclic. Elle arrête la thérapie en mars 2006. En juin, Pierre Pallardy est interpellé. Convoquée par la police, son audition, comme témoin est un vrai déclic. En revenant, « elle s’est effondrée, elle a pleuré, elle m’a dit ‘maman, c’était sexuel’. Elle n’est pas entrée dans les détails mais elle était tellement mal que je n’ai pas voulu insister, » raconte sa mère à la barre. « Je ne pouvais même pas imaginer que, dans l’état de maigreur où elle était, cela puisse se faire », poursuit-elle. Lors d’une de ses dernières hospitalisations, sa fille ne pesait plus que 27 kilos pour 1,63 m. Elle finira par se donner la mort en 2008 dans un établissement suisse où elle était traitée.

Elle s’était confiée à une amie. Si elle n’avait rien dit à sa mère, la jeune patiente s’était ouverte à l’une de ses amies des séances avec l’ostéopathe, qui l’embrassait, lui caressait le sexe. Devant les policiers, elle évoquera aussi une fellation. La cour lit le témoignage de l’amie : « Il avait soigné des stars et elle était sensible à cela. (…) Il lui a dit qu’il faisait ça pour elle, qu’il la soignerait comme il soignait les stars, qu’elle ressemblait à Naomi Campbell, alors que mon amie était rousse et avait la peau claire ». « Quand la police a appelé, je pense qu’elle a pris conscience, elle a compris qu’elle s’était fait avoir », écrit encore l’amie.

Méprise sur les gestes. A la barre, Pierre Pallardy présente ses condoléances à la mère, la voix étranglée. Mais il se tient sur son habituelle ligne de défense : la patiente, extrêmement fragile, s’est mépris sur certains de ses gestes thérapeutiques. D’autant que la jeune femme n’ayant plus ses règles – un symptôme courant de l’anorexie -, il avait, avec succès assure-t-il, réalisé certaines manipulations pour les faire revenir. « Je pense qu’elle a confondu certains gestes, certaines paroles », avance-t-il. Il assure lui avoir dit qu’il ne souhaitait pas la traiter, trouvant son état trop altéré. Mais elle insistait, affirme l’ostéopathe. Et puis aussi, elle « était très amoureuse de moi, elle voulait se marier avec moi, que je l’emmène à Venise, elle me demandait si je pouvais mettre les doigts pour voir si elle était vierge », énumère Pierre Pallardy.

« En tant que thérapeute, vous étiez le mieux placé pour avoir une réaction adéquate et interrompre cela », lui lance la présidente, Jacqueline Audax. « Vous n’auriez pas dû immédiatement couper ? » renchérit l’avocat général, Annie Grenier. « Vous avez sûrement raison », répond l’accusé. Mais pas question d’admettre d’autres fautes. « Personne ne sait ce qui se passe dans la tête d’une anorexique. Ce sont des affabulations, des choses qu’elles construisent, qu’elles déconstruisent », assène Pallardy.

Source : Europe1