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Crédit, moral des entreprises… Les indicateurs économiques en demi-teinte

L’IEOM a publié ces derniers jours une série d’indicateurs économiques et financiers concernant le troisième trimestre 2024. Et ils soufflent le chaud et le froid. Si le moral des entreprises se maintient, que le marché de l’emploi est dynamique et l’inflation contenue, la production de crédit connait une importante chute, autant du côté des particuliers que des entreprises.

Moins d’emprunts, moins d’investissement. C’est le constat de l’IEOM, qui chiffre à 23,3% le recul du volume de crédit produit en Polynésie entre le troisième trimestre 2024 et la même période un an auparavant. La chute n’est pas neuve puisque l’Institut d’émission d’outre mer observe la même tendance depuis maintenant douze mois. Certes, le fenua a connu des mois de relance particulièrement fastes entre fin 2022 et courant 2023, ce qui explique une partie de ces chiffres en baisse. Mais les 113,4 milliards de francs prêtés par les banques locales dans les 9 premiers mois de 2024 sont non seulement en deçà du volume de l’année précédente (environ 140 milliards sur la même période), mais aussi des années 2021 et 2022.

Et le phénomène touche la plupart des types de crédits. Les particuliers (-4,8% de crédit au troisième trimestre) ont moins emprunté pour se loger, pour investir, et ont seulement revu à la hausse leur volume de crédits à la consommation. Les sociétés non financières (-34,5% de crédit sur un an) ont elles aussi remis à plus tard les investissements immobiliers, leurs crédits d’équipement, pourtant structurant, et même les prêts de trésorerie. Seuls les patentés sont à la relance, avec 5,7% d’emprunts de plus que l’année précédente sur la période, principalement pour du crédit immobilier.

Inquiétant ? Oui, et pourtant, dans une autre publication, l’IEOM fait le point sur les principaux indicateurs de conjoncture économiques, et ils sont au beau fixe. Notamment l’indicateur du climat des affaires, qui poursuit sa hausse, même légère (+1,1 point par rapport au trimestre précédent). « Son amélioration tient à sa composante future, précise l’institut. Les chefs d’entreprise qui ont répondu au questionnaire ont estimé que leur courant d’affaires était correct au troisième trimestre, les incitant à recruter. La hausse de leurs prix de vente leur a permis de consolider leur situation de trésorerie. Pour le dernier trimestre de 2024, ils anticipent une stabilisation de leur activité et de leur trésorerie ». L’inflation, elle, est modérée (1,4% de glissement annuel), l’investissement des entreprises « bien orienté », le marché de l’emploi « dynamique », comme la consommation des ménages, relancée par le salon de l’automobile.

Il faut tout de même noter que les professionnels du tourisme, s’ils sont optimistes pour leurs chiffres 2024, « se montrent prudents » au plus long terme. Le commerce n’est pas beaucoup plus rayonnant quand on parle d’avenir et comme souvent, le secteur primaire vit au rythme des marchés : la perle repart, mais la vanille s’effondre. Quant aux entreprises du BTP, malgré des bons indicateurs sur les trois premiers trimestres 2024 (importation de matériaux en forte hausse), elles se disent « préoccupées » par les révisions réglementaires de la défiscalisation, et toujours freinés par les lenteurs des permis de construire. Ces indicateurs laissent globalement penser que beaucoup, en Polynésie, s’attendent, après deux ans et demi de relance post-Covid, à un certain atterrissage de l’économie en 2025.