FAITS DIVERSINTERNATIONAL Profession détective privé : « enquêter, oui. Espionner, non » Vaite Urarii Pambrun 2014-04-20 20 Avr 2014 Vaite Urarii Pambrun © MAXPPP © MAXPPP A LA LOUPE – Aujourd’hui, les détectives privés ne traquent plus les amants volages. Qui sont les nouveaux Sherlock Holmes ? « Un métier hyper fun, sexy, agréable… » Vous pensez à quoi ? Détective privé bien sûr ! En tout cas, c’est comme ça que David Krist, patron d’un cabinet d’agents de recherche privé » – le nom officiel des détectives – voit son métier. Alors que les détectives sont réunis jeudi à Paris pour leurs états-généraux, Europe1.fr a voulu savoir à quoi ressemble leur métier aujourd’hui. Un diplôme et « une culture juridique ». Commencez par oublier le détective avec un feutre mou et une fausse moustache, caché derrière un journal, filant un mari volage. Aujourd’hui, l’agent de recherche privé est avant tout un professionnel du droit. « Avant il suffisait d’avoir un casier vierge et une autorisation de la préfecture pour exercer. Depuis 2005, il faut avoir le diplôme d’enquêteur de droit privé de l’université d’Assas. Et nous sommes sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, via le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS) », tient à préciser David Krist, patron d’un cabinet d’enquêteurs en banlieue parisienne. « Il faut avoir une vraie culture juridique », prévient-il. « Manifestation de la vérité ». Sur son site internet, le slogan saute aux yeux : « fixer les preuves indispensables à la manifestation de la vérité ». « Nous ne sommes pas des auxiliaires de justice. Mais des professionnels de la preuve qui donnons à l’avocat les éléments clés pour permettre au magistrat de trancher », explique David Krist. En clair, « l’enquêteur privé ne répond plus à la curiosité mais à une problématique juridique ». « Enquêter, oui. Espionner, non », résume ce professionnel. « On ne traque pas le mari adultère ». Contrefaçon, concurrence déloyale, fraude à l’assurance… La majorité des dossiers du cabinet de David Krist concernent des entreprises. Pour autant, les divorces difficiles occupent encore une grande partie du temps du cabinet de David Krist. Mais attention, « on ne traque plus uniquement le mari adultère », prévient le détective. « En 2014, devant les juges aux affaires familiales, ce n’est plus ‘mon mari m’a trompée’. Cette faute là, qui existe toujours, ne permet pas d’avoir un meilleur résultat », explique-t-il. « On travaille sur les conséquences du divorce. On tourne par exemple autour des problématiques financières : Monsieur X, qui organise son insolvabilité même avant une décision judiciaire pour échapper au versement d’une prestation compensatoire, engage sa responsabilité pénale. Et faire une enquête là dessus, ça nécessite un vrai savoir-faire », détaille David Krist. « Comme dans les films ». Le détective du XXIème siècle est donc devenu un rat de bureau ? Certainement pas, « le côté mystérieux et fantasmé » des filatures existe toujours, reconnaît David Krist. Sur les sept personnes de son équipe, la moitié passe son temps à faire des surveillances. « A pied, en voiture, en vélo, en moto, en rollers ou en trottinette… Pour les filatures discrètes, on a même un sous-marin, une camionnette équipée comme dans les films », détaille-t-il. Des détectives « connectés ». Côté matériel, « l’enquêteur d’aujourd’hui, et a fortiori de demain, qui se contente d’un appareil photo avec un objectif, ambiance paparazzi, est condamné à perdre la partie », lâche David Krist. « On doit être rapide et notre efficacité est liée à notre vitesse de travail. Donc, il faut être connecté. (…) Nous, on travaille de façon très connectée. Toute la semaine, même sans se voir, on arrive à travailler les uns avec les autres. On utilise des applis ou des logiciels qui nous permettent de partager les infos dont nous disposons en temps réel », raconte le patron du cabinet. « Pas meilleurs que la police ». Alors, les détectives privés sont-ils des concurrents des policiers ? Non, assure David Krist. « La police fait particulièrement bien son boulot. Elle sera toujours la meilleure réponse au pénal. En revanche, elle n’a pas vocation à enquêter dans la sphère privée, en droit commercial ou de la famille. Donc nous sommes complémentaires », fait valoir l’enquêteur privé. Néanmoins, il reconnaît que certains clients viennent les voir pour une contre-enquête pénale, c’est-à-dire « pour trouver des faits nouveaux qui permettent de d’ouvrir une nouvelle affaire ». « Mais je ne pense pas qu’on fasse un meilleur boulot que la police », insiste David Krist. Pilier de la démocratie. Et comme les juges ou les avocats, les enquêteurs de droit privé sont, pour David Krist, « garants des libertés fondamentales dans l’exercice de leurs fonctions ». « Si on veut préserver le procès équitable, pilier de la démocratie, il faut exercer ce métier, où l’on fouille forcément, où l’on voit des choses que l’on n’est pas censés voir, avec le discernement indispensable au respect de la vie privée », conclue-t-il. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)