Paris (AFP) – Quatre islamistes présumés ont été arrêtés mercredi en région parisienne dans le cadre d’une enquête pour « projet d’actions violentes » en France, même si le ministre de l’Intérieur s’est employé à minimiser la menace d’attentat « imminent ».
Il s’agit de trois hommes et d’une femme, tous fichés « S » pour radicalisation, interpellés à Paris et en Seine-Saint-Denis puis placés en garde à vue, d’après des sources policières et judiciaire.
Ils ont été arrêtés à l’issue d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris le 17 février et confiée à la Direction générale de la sécurité intérieure (DSGI).
« Nous avons eu, concernant un individu qui avait été incarcéré, des informations selon lesquelles il pourrait se livrer à des actions violentes en France. Cet individu aurait pu être en relation avec des individus en Syrie appartenant à l’Etat islamique (EI) », l’organisation jihadiste qui a revendiqué les attentats parisiens du 13 novembre, a expliqué Bernard Cazeneuve à des journalistes.
Le ministre de l’Intérieur a toutefois appelé à « être extrêmement prudent quant aux informations qui sont véhiculées sur l’imminence d’une action violente », précisant que les autorités procédaient « tous les jours à des arrestations de cette nature ».
Le principal suspect est connu. Il avait été interpellé avec deux autres hommes le 14 mai 2012 dans un aéroport près de Saint-Étienne alors que le trio s’apprêtait à prendre un vol pour Gaziantep en Turquie, via Istanbul. Dans leurs bagages, des étuis pour revolver, gilets tactiques, jumelles à vision nocturne et des caméscopes achetés avant le départ.
Il a été condamné en mars 2014 à quatre ans de prison ferme pour avoir voulu aller faire le jihad en Syrie, d’après une source proche du dossier. Libéré en octobre dernier, il avait été assigné à résidence dans le cadre de l’état d’urgence instauré après les attentats de novembre.
– 74 arrestations depuis début 2016 –
Sa compagne et deux autres personnes ont également été interpellées.
Lors des perquisitions, « une cartouche de kalachnikov non percutée, du matériel informatique et des supports numériques ont été saisis et doivent être analysés », selon la source judiciaire.
« On ne peut parler à ce stade de projet imminent d’attentat », a insisté une des sources policières.
La garde à vue des quatre suspects peut se prolonger jusqu’à 96 heures.
Ces nouvelles arrestations interviennent dans un contexte de très forte menace terroriste, notamment dans les pays intervenant en Syrie contre l’EI, et quatre mois après les attentats les plus meurtriers jamais commis en France, avec 130 morts et des centaines de blessés.
Dans l’enquête sur les attaques jihadistes parisiennes, une opération de police s’est soldée mardi à Bruxelles par la mort d’un Algérien apparemment lié à l’EI, tandis que deux personnes sont « activement recherchées ».
« Le niveau de la menace reste très élevé. On l’a vu encore ces dernières heures à Bruxelles. On peut le voir avec ces arrestations », a commenté le président François Hollande.
« On est dans un moment extrêmement sensible », a-t-on souligné dans l’entourage du chef de l’Etat. « On a des indications sur des individus. Ils se préparent, ils cherchent la cible. Ils sont très présents en France et à côté de la France ».
Selon les autorités, de nombreux projets d’attentats ont été déjoués depuis l’an dernier. Début mars 2016, deux adolescentes de 15 et 17 ans qui échangeaient des messages sur Facebook menaçant de commettre des attentats « semblables à ceux du 13 novembre », notamment dans une salle de concert parisienne, ont été mises en examen.
« Nous avons depuis le début de l’année procédé à l’arrestation de 74 individus, ces arrestations ont fait l’objet de 37 mises en examen, de 28 mises sous écrou et de huit contrôles judiciaires », a détaillé mercredi Bernard Cazeneuve.
© AFP ALAIN JOCARDLe ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, le 16 mars 2016 à l’Assemblée à Paris