Le conseil des ministres est favorable au projet visant à renforcer la position de la Polynésie comme « hub » pour les flottes de pêche internationales.
Redresser l’économie en berne, renforcer la sécurité alimentaire, encourager mes filières productives locales : tous les motifs sont bons au conseil des ministres pour justifier « un projet de hub pour les pêcheries internationales du Pacifique Sud-Central avec le développement et le renforcement de services aux flottilles de pêche étrangère ».
« Depuis plus de 50 ans, de par son positionnement géographique au centre du Pacifique, la Polynésie française accueille des flottilles de pêche thonière étrangères opérant dans le Pacifique Sud Central pour des opérations de logistique (transbordement de cargaison, relève d’équipage), d’avitaillement (appâts, équipements de pêche, vivres, carburant), d’évacuation sanitaire, de support sanitaire aux équipages lors des escales (consultations médicales, dentiste), d’entretien et de réparations navales (carénage, interventions techniques diverses) et de sécurité (visite annuelle de sécurité imposée par la législation du Pays du pavillon) », indique le communiqué du gouvernement. « Grâce aux efforts d’une multitude d’opérateurs économiques locaux, cette filière a contribué à consolider le tissu industriel et tertiaire polynésien, tout en préservant les ressources thonières polynésiennes. »
« Bénéficier de l’expertise de ces flotilles »…
« Le renforcement de ces activités, à travers un hub, présente aujourd’hui plusieurs atouts, le principal étant de dynamiser l’économie locale. L’augmentation des flux de marchandises et des passagers étrangers devrait également accentuer le phénomène d’économie d’échelle au bénéfice des opérateurs économiques et des consommateurs locaux. Par ailleurs, les pêcheurs palangriers locaux pourraient bénéficier de l’expertise de ces flottilles pour améliorer leurs connaissances techniques sur les zones – on croyait pourtant que les flottes étrangères ne pêchaient pas dans la ZEE, à moins qu’il ne s’agisse, comme évoqué dans le schéma directeur de la pêche hauturière adopté en 2018, de favoriser la sortie de la ZEE des armements locaux… – et saisons de pêche, sur les espèces peu encore exploitées localement mais aussi sur leur traitement et leur commercialisation à l’international, pour améliorer les exportations et ainsi contribuer à l’atteinte des objectifs de la politique sectorielle de la pêche hauturière polynésienne. »
« La mise en place d’un hub pour les pêcheries internationales du Pacifique Sud Central sollicite peu d’intervention financière publique, mais nécessite davantage un appui administratif, à la fois de l’État et du Pays et son animation. Le gouvernement s’engage aujourd’hui à prendre en charge sa coordination, » conclut le communiqué.
Ce nouvel axe de développement ne figure pas dans le schéma directeur de la pêche hauturière, qui souligne toutefois que la croissance des armements locaux entraînerait mécaniquement les dépenses du Pays en soutien au secteur (gazole détaxé, glace, aide au fret, formation des capitaines et des équipages). Le Pays qui a également prévu d’investir près de 4 milliards de Fcfp dans le réaménagement du port de pêche de Papeete à l’horizon 2026, tout en admettant qu’il faut « pousser les murs » pour accommoder ne serait-ce que les armements locaux.
Cette annonce pose donc beaucoup de questions, et devra nécessairement être complétée par des explications plus précises sur les conditions dans lesquelles la Polynésie accueillerait davantage de pêcheurs étrangers.