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Prostitution au collège : « ces ados ne se rendent pas compte »

© MAXPPP

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5 QUESTIONS A – Au fil de ses discussions avec les ados, la pédopsychiatre, Gisèle George, découvre, parfois, que certains se prostituent… sans même en avoir conscience.

Alors qu’une campagne choc contre la prostitution en milieu scolaire est lancée par l’Association contre la prostitution des enfants, Europe1 a voulu en savoir plus en interrogeant la pédopsychiatre, Gisèle George. Si la prostitution n’est jamais un motif de consultation, la thérapeute, qui exerce à Paris, découvre parfois, au fil d’une discussion avec un ado, que celui-ci se prostitue… sans même s’en rendre compte. Explications.

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Prostitution au collège : "ces ados ne se rendent pas compte"Comment êtes-vous amenée à rencontrer des adolescents qui se prostituent à l’école ?

La prostitution n’est jamais un motif de consultation. Je vois arriver dans mon cabinet des ados de 12-15 ans avec des problèmes d’anxiété ou d’estime de soi. Parfois, c’est l’infirmière scolaire qui a incité les parents à envoyer leur enfant chez un pédopsychiatre.

C’est en discutant, en posant des questions que je découvre que certaines collégiennes ou lycéennes – car le phénomène concerne surtout les filles – se livrent à des actes sexuels relevant de la prostitution dans l’enceinte même de leur établissement, dans les toilettes de l’école par exemple.

J’ai par exemple eu le cas de cette jeune fille qui se plaignait de s’être disputée avec une amie. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu : « parce que je fais des pipes à 35 euros alors qu’elle, elle les fait toujours à 30 ».

Ces jeunes filles réalisent-elles qu’il s’agit de prostitution ?

Absolument pas. Elles n’ont pas du tout conscience de ce qu’elles font : pour elles, c’est banal, normal… parce que leurs copines le font. Leur motivation peut être pécuniaire ou matérielle mais il y a aussi celles qui le font pour s’intégrer dans un groupe d’amis.

Comment leur faites-vous prendre conscience de leurs actes ?

Je n’emploie jamais le terme ‘prostitution’. Je les pousse, en revanche, à s’interroger sur leurs pratiques : est-ce une façon réellement bénéfique pour eux de se faire de l’argent ou des amis, par exemple. Ils ont une sexualité qui est déviante, qui n’est pas dans la norme – et je ne me place pas sur le plan de la morale – mais encore faut-il qu’ils apprennent ce qu’est la norme.

Tous les collèges sont-ils potentiellement concernés ?

Les ados qui consultent chez moi viennent du 8ème, du 16ème, du 17ème arrondissements de Paris mais aussi de banlieue ouest, plutôt des beaux quartiers donc, mais cela existe aussi dans le « 9-3 », et depuis plus longtemps sans doute.

Pourquoi l’ampleur du « phénomène » est-elle difficile à évaluer ?

Accepter l’idée que des enfants de 6ème ou de 5ème ont des pratiques sexuelles non bénéfiques est difficile. J’ai une anecdote à ce sujet : lorsque vous m’avez appelée pour caler l’interview, j’étais en plein rendez-vous avec un adolescent de 14 ans et sa mère. Lorsque que je leur ai dit que c’était au sujet de la prostitution au collège, la mère était sidérée. Je me suis alors tournée vers son fils : il avait bien entendu parlé de cas de prostitution dans son collège. A sa mère qui lui demandait pourquoi il ne lui avait rien dit, il a simplement répondu : « parce que tu ne me l’as pas demandé ». C’est significatif : avec les ados, si on ne pose pas de question, on n’a pas de réponse.

Source : Europe1

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