« Une bonne partie » des 80 000 vahine en âge de concevoir vivrait dans la précarité menstruelle et devrait donc choisir entre un produit essentiel et des protections hygiéniques. Pour faciliter l’accès des jeunes filles à ces protections, l’UFFO continue d’installer des distributeurs de serviettes hygiéniques dans certains établissements, et une cagnotte participative a été mise en place. Cette année, elles seront 1 300 à pouvoir en bénéficier.
Lever le tabou sur l’inégalité face aux protections menstruelles, c’est ce que souhaitent les membres de l’Union des femmes francophones en Océanie. Alors que la question des règles concerne toutes les femmes pendant 35 ans de leur vie en moyenne, dans le monde 500 millions d’entre elles vivraient dans la précarité menstruelle. Une problématique qui est aussi rencontrée par une bonne partie des 80 000 vahine menstruées du fenua et qui peut s’expliquer par les prix élevés des protections périodiques. « Il y aujourd’hui des femmes qui sont obligées de choisir entre un produit essentiel et des protections hygiéniques. Ce n’est pas normal », regrette Armelle Merceron, membre de l’Union des femmes francophones en Océanie. Selon l’UFFO le coût moyen d’une protection hygiénique en Polynésie serait de 145 francs, un montant conséquent qui contribue à la fracture sociale. « Même si on baissait les marges il y aurait un certains nombres de femmes qui utiliserait des moyens style papier toilette, chiffons… il faut pas se leurrer, c’est la réalité », explique encore l’ancienne ministre de la Santé.
Et pour remédier à ces situations, plusieurs actions ont été menées ces dernières années sur le plan local. On se souvient, entre autres, du projet de « Lady box » porté en 2019 par le ministère de la Solidarité, qui avait permis de récolter 3 000 produits d’hygiène féminine. Ils avaient été redistribué à des femmes issues de milieux difficiles au travers d’associations. On se rappelle également de la campagne pilote lancé l’an dernier qui proposait aux collégiennes de Henri Hiro et du collège de Papara un distributeur gratuit de serviettes hygiéniques. Une opération qui avait fait l’objet de retours très positifs et prouve qu’il y a une réelle nécessité. « C’est un sujet un peu tabou, caché, constate encore Armelle Merceron. La question des règles ça se règle justement dans l’intimité, mais quelques fois avec des moyens indignes qui provoquent de l’absentéisme chez les jeunes filles. »
Et c’est dans la continuité de ce projet que l’Union des femmes francophones en Océanie élargit son programme et surtout son champ d’action. Elle propose cette année des distributeurs dans 4 nouveaux établissements, le collège Maco Tevane de Taunoa, les lycées de Taravao et de Pirae, et la maison de quartier d’Outumaoro. Ce projet, qui va permettre à 1 300 jeunes filles d’avoir à disposition des protections hygiéniques gratuites tout au long de leur année scolaire, est financé en grande partie par le Pays pour un budget global de 13 millions.
Par ailleurs, une collecte est en cours jusqu’à la fin de l’année sur la plateforme contributive en ligne de la Fondation Anavai pour fournir des protctions périodique aux 600 élèves, internes comprises, du lycée de Taravao.
Au-delà de ces projets qui finalement ne résolvent pas la problématique à la source, l’UFFO espère voir émerger au cours des prochaines années des mesures pérennes de la part des institutions publiques. Car si le gouvernement, en juillet dernier, avait inclus les protections hygiéniques dans les listes modifiées des PPN et des PGC, le recours de la Fédération générale du commerce contre le texte a suspendu son application pour l’instant.