EXPLICATIONS – PSA va, selon plusieurs sources, délocaliser la production de la future Citroën C3 en Slovaquie.
La Citroën C3 va rejoindre ses cousines C3 Picasso et Peugeot 208. PSA va en effet délocaliser la production de la prochaine génération de la citadine en Slovaquie, selon des informations de « sources proches du dossier » citées par Reuters, Usine nouvelle ou encore Le Monde, et corroborées par la CGT.
La CGT craint un plan de suppression de postes. La Citroën C3, en version berline, est aujourd’hui fabriquée intégralement à Poissy, dans les Yvelines, depuis la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, son ancien site de production. Mais cela devrait changer. « Nous démarrons les opérations techniques sur le nouveau modèle Citroën dans les semaines qui viennent (…) ce sera dans l’est de l’Europe, à Trnava « , explique l’une des sources à Reuters.
La CGT PSA a confirmé les informations de Reuters et va même plus loin. Selon elle, la direction de PSA délocalise également depuis des semaines la production de l’entrée de gamme de la 208. Le syndicat anticipe ainsi un nouveau plan de suppression d’emplois, qui viserait à faire passer le nombre de CDI à Poissy de 5800 à 3000.
>> Pourquoi PSA opère-t-il un tel déménagement ?
Parce que les petites voitures « Made in France » ne sont pas rentables. Dans le cadre du redressement financier du constructeur, Carlos Tavares, président du directoire de PSA, et son prédécesseur Philippe Varin, ont déclaré à plusieurs reprises qu’il n’était plus rentable à leurs yeux de produire des petites voitures à grand volume en France en raison de la concurrence qui fait rage sur ce segment. Renault, par exemple, a déjà délocalisé une grande partie de la production de ses Clio en Turquie.
« Les petits modèles sont produits à gros volumes mais ne sont pas rentables. Face à la concurrence étrangère, avec des modèles comme la Volkswagen Polo, l’Opel Corsa, la Ford Fiesta etc., la bataille des prix est féroce », décrypte pour Europe1.fr Flavien Neuvy, responsable de l’Observatoire Cetelem. « Les prix ne sont pas très élevés et les marques font donc peu de marges », poursuit l’expert.
Parce que la Slovaquie, c’est vraiment moins cher. Le secteur automobile slovaque a battu un record avec 980.000 véhicules produits en 2013. Volkswagen et le Sud-coréen Kia Motors sont déjà installés là-bas depuis des années. La Slovaquie (5,4 millions d’habitants) est ainsi le premier producteur automobile mondial par tête d’habitant. La raison ? Une main d’œuvre de plus en plus qualifiée pour un coût du travail dérisoire : en Slovaquie, le salaire minimum s’élève à 250 euros. Et le coût d’une heure de travail coûte, en moyenne, 8,40 euros contre environ 35 euros en France.
« La Slovaquie, il y a quelques années, a voulu attirer les constructeurs automobiles. Les capacités de production sont récentes et ultramodernes », ajoute Flavien Neuvy. « En outre, le pays est au cœur de l’Europe. Il permet d’inonder tous les marchés », détaille le spécialiste.
Parce qu’il a d’autres plans possibles pour Poissy. Le site des Yvelines devrait conserver à l’avenir l’assemblage des versions « premium » de la Peugeot 208, comme la série « XY », et se voir confier l’héritière de la DS3, la plus petite des voitures de la nouvelle marque haut de gamme de PSA. Prudents, les syndicats attendent de Carlos Tavares, en déplacement vendredi à Poissy dans le cadre de son tour des usines, qu’il leur donne des précisions sur le ou les modèles qui succéderont à la C3 sur ce site.
L’INFO – PSA va délocaliser la production de la C3
FACT CHECKING – Les succès automobiles français sont-ils « Made in France » ?
IMAGES – PSA Aulnay devrait ressembler à ça en 2023
BONNE NOUVELLE – L’embellie sur le marché automobile se poursuit