ACTUS LOCALES

Quand les sans-abri passent en cuisine

Une douzaine de SDF ont débuté une formation d’un an aux métiers de la restauration au centre Te vai ete api du Père Christophe. Une initiative du Campus des qualifications et métiers, avec le soutien de plusieurs ministères, de partenaires privés et des chefs du réseau Escoffier. Après des cours théoriques et pratiques, les stagiaires devraient ouvrir, en janvier, un snack d’application dans les locaux du centre de Mamao. Une « innovation en matière de réinsertion ».

C’était il y a un an : le centre Te vai ete investissait, après plusieurs années de quête, de plans et de constructions, ses nouveaux locaux de Mamao. Un bâtiment flambant neuf qui est équipé, entre autres, de salles de formation et de « cuisines pédagogiques ». Elles seront mises à profit, à partir de lundi et pour un an, pour un « projet-pilote » d’insertion : douze sans-abris fréquentant la structure de Père Christophe ont été choisis pour être formés aux métiers de la restauration. Une idée travaillée depuis quelques mois avec le Campus des métiers et qualifications Hôtellerie – Restauration du Pacifique (CMQP), plusieurs ministères et des partenaires privés, et qui a été définitivement actée ce mercredi en Conseil des ministres. Comme le précise la vice-présidence, l’objectif est de « permettre à des publics marginalisés, tels que les sans domicile fixe, de bénéficier d’un programme adapté pour faciliter leur intégration professionnelle et sociale ».

Remise à niveau, formation, puis snack d’application

Si le lancement officiel du programme – en présence des autorités et partenaires – se fera lundi 8 juillet, la douzaine de stagiaires étaient déjà mobilisés cette semaine. Ils ont enchaîné les rencontres, visites – dont certaines dans les institutions – et commencent peu à peu à se mettre dans le bain de leur formation. Dans les prochaines semaines, ils bénéficieront ainsi de remises à niveau sur les « savoirs fondamentaux », appliqués aux métiers de la restauration : calcul de dosage en math, français utile en cuisine ou en service… Les cours de cuisine et de service sont bien sûr au centre du programme mais d’autres modules – théâtre, chant, sport, entre autres – doivent leur permettre de travailler sur leur « savoir-être » ou leur confiance en soi. S’ajoutent des « Masterclass » proposées par des chefs de Polynésie, pour beaucoup membres de l’antenne locale des disciples d’Escoffier, ainsi que des stages en entreprise et en cuisine chez des restaurateurs partenaires, dès les premiers mois de formation. L’objectif est clair : travailler l’employabilité.

À partir de janvier, toutes ces compétences seront mises à l’essai et à la pratique dans un snack-restaurant d’application et de réinsertion, qui devrait ouvrir ses portes au public plusieurs jours par semaine, toujours au centre de Mamao. La carte, les horaires et le fonctionnement doivent encore être précisés, mais il est acquis qu’une partie du prix du repas sera reversée à des familles nécessiteuses. Quant à la douzaine de jeunes formés, l’objectif est de leur trouver, à l’issue de ces 12 mois ou après une formation diplômante, pour ceux qui s’en sentent capables, un emploi fixe, gage de réinsertion réussie.

« À terme, cette stratégie devrait trouver son véhicule juridique et administratif dans les SISAE (Structures d’Insertion par l’Activité Économique), qui devraient être opérationnelles sous peu » précise le Pays. En plus du ministère des Solidarités, qui prend en charge le coût des formations, du ministère de l’Éducation, autorité de tutelle du CMQP, le ministère du Travail met la main à la pâte dans ce projet, en octroyant des CAE pour faire fonctionner le programme.

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