Au troisième jour du procès de l’agression mortelle de Sandy Ellacott, la matinée a été consacrée à la version des faits du principal accusé, Henri Tehaurai. Une version finalement proche de celle des victimes, mais interprétée différemment par l’accusé. Les experts, psychologue et psychiatre, ont également donné deux éclairages assez différents sur la personnalité de l’accusé.
Après avoir entendu les proches de la victime mercredi, l’entame de la troisième journée du procès de l’agression mortelle de Sandy Ellacott a été consacrée au principal accusé, Henri Tehaurai. Le jeune homme a donné sa version des faits, la nuit du 14 septembre 2015 à Bora Bora. Et si la version ne diffère pas vraiment de celle des victimes, c’est surtout son interprétation par Henri Tehaurai qui est différente.
L’agresseur a commencé par raconter avec force de détails le début de sa soirée avec ses amis. Une soirée où l’alcool a coulé à flots et où l’accusé a affirmé s’être beaucoup amusé. Puis ses souvenirs sont devenus moins exacts à propos de l’altercation avec Sandy Ellacott. Henri Tehaurai a d’abord expliqué qu’il avait fait signe sur le bord de la route à Sandy Ellacott, car il estimait qu’il roulait trop vite. Puis, l’accusé a expliqué ne plus se souvenir des propos de Sandy Ellacott : « il me demandait si j’avais un problème ou si je cherchais la merde ». Henri Tehaurai affirme avoir eu peur de se faire écraser, et avoir vu rouge quand Sandy Ellacott l’a heurté avec sa voiture au moment de repartir. « Ma colère commençait à monter, monter… Mon but c’était de l’attraper ».
A la barre, l’accusé a ensuite tenté de minimiser sa responsabilité dans la mort de Sandy Ellacott en indiquant que son co-accusé, Vetearii Tauira, frappait en même temps et notamment à la tête. Pour lui Sandy Ellacott était toujours conscient : « je l’entendais toujours en train d’insulter ». Mais sur ses propres propos, l’accusé a expliqué ne pas se souvenir des mots qu’il avait tenu ce soir là. « Je n’étais plus moi-même ». « Quand on m’a dit qu’il était mort, c’est là que j’ai réalisé ce que j’avais fait. Ce que l’on avait fait », s’est expliqué l’accusé. « Tous les jours, je pense à sa famille et quand j’ai su qu’il avait une fille c’est ça qui m’a poussé à faire une tentative (de suicide) en prison ».
En pleurant, Henri Tehaurai a reconnu que ce qu’il avait fait était « impardonnable ». « Même s’ils ne vont pas accepter mon pardon, je tiens vraiment à dire pardon ».
Expertises psychiatrique et psychologique très différentes
C’est en visioconférence que les experts, une psychologue et un psychiatre, ont détaillé aux jurés leur rapport sur la personnalité de l’accusé. Selon la psychologue, Henri Tehaurai a une « fragilité sur le plan narcissique et veux donner une image positive de lui-même ». Le conflit avec Sandy Ellacott a donc été « vécu comme un danger sur le plan physique et sa peur a été exacerbée par l’alcool ». « Il n’était pas en capacité de gérer et de prendre du recul », a indiqué la psychologue. Selon elle, Henri Tehaurai doit bénéficier d’un suivi pour qu’il puisse accepter sa responsabilité « et vivre avec sans s’effondrer ». « Ce n’est pas parce qu’il a commis un acte aussi grave que cela fait de lui un mauvais homme ».
La vision du psychiatre était moins clémente. Le médecin a relevé pour sa part « des déclarations peu plausibles et peu convaincantes ». Pour lui, le but de l’accusé a été « de minimiser sa responsabilité ou dissimuler les véritables raisons ». « Son caractère implicite, les sentiments de colère et de vengeance, ont pris le dessus », a expliqué le psychiatre pour qui « il faut avoir une certaine aptitude à déborder comme ça ». Pourtant « son discernement et son contrôle des actes n’étaient ni altérés, ni abolis lors des faits ». Le psychiatre a indiqué n’avoir pas relevé de sentiment de culpabilité.