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Quatre artistes polynésiens à la Cité internationale des arts à Paris

©Presidence

Quatre artistes polynésiens ont été sélectionnés pour bénéficier d’une « résidence d’artiste » à la Cité internationale des arts de Paris. Ils seront les premiers Polynésiens à y accéder. Taina Calissi, Tafetanui Tamati, Tahea Drollet et Romain Picardi partiront de 3 à 4 mois, billet et bourse payés par ce nouveau partenariat État-Pays, pour enrichir leur univers artistique et leur réseau.

Ils sont quatre à avoir été choisis pour effectuer une résidence d’artistes de 3 à 4 mois à la Cité internationale des Arts à Paris. Taina Calissi, le graffeur Abuz, Tahea Drollet dit Tahe, et Tafetanui Tamatai dit Tafe sont les premiers lauréats qui vont bénéficier d’une convention triennale État-Pays. Ils partiront dès le mois de juillet, grâce au concours de Air Tahiti Nui et une bourse du Pays, et seront logés dans la Cité Internationale des Arts qui accueille 325 artistes du monde entier (c’est la plus grande résidence d’artistes du monde) dans le quartier du Marais, à Paris.

Tous ont en commun une approche pluridisciplinaire, mêlant peinture, dessin, sculpture, photo, vidéo et écriture. Ils pourront y travailler, exposer leur travail, rencontrer d’autres artistes, des galéristes ou commissaires d’exposition, bref, se faire connaître et renouveler leur inspiration ou leurs techniques. On écoute, dans l’ordre, Abuz, Tahe Drollet et Tafe :

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Abuz, Tahe et Tafe.  ©CP/Radio1

A leur retour ils donneront, à la demande du Pays, des master class pour relater leurs expériences et inspirer les prochains candidats polynésiens.

En raison de l’épidémie, et de l’incertitude qui entoure les déplacements vers la métropole, plusieurs artistes ont renoncé à présenter leur dossier cette année. Mais cette convention entre le Pays et l’État porte sur trois ans, et ils se porteront candidats l’an prochain, assure le ministère de la Culture.

Les quatre lauréats

Abuz (Romain Picardi), 35 ans, qui a grandi à Moorea, est graffeur depuis son adolescence. En 2014, Abuz remporte le prix du meilleur graffeur lors de la première édition du festival international de graffiti de Tahiti, Ono’u. La direction de la Cité internationale des arts s’est déjà mise en rapport avec la mairie de Paris, à la recherche d’un mur qui puisse accueillir une de ses œuvres durant sa résidence. S’il pense garder une touche polynésienne dans son travail à Paris, Abuz est ouvert à tout : « Justement, c’est ça qui est bien, dans les voyages que j’ai pu faire, les échanges avec les autres artistes, on ne sait pas ce que ça va nous apprendre. On part à l’aventure.»

ABUZ est l’un des cinq participants polynésiens pour le concours Ono’u © Tamara SENTIS

Tahe Drollet, 33 ans, originaire de Tahiti, détourne les objets de la vie courante et les juxtapose dans « des combinaisons inattendues qui suscitent le questionnement », notamment des installations. Admis à Prep’Art en 2006 puis aux Beaux-Arts de Toulouse, il n’y restera qu’un an avant de revenir travailler au fenua, mais a voyagé avec certaines de ses œuvres à Paris (Centre national des Arts et Métiers), au Japon ou aux États-Unis. Il a posé sa candidature pour « sortir de son cocon ». « Ça va nous faire avancer, je pense. »

Tafetanui Tamatai, dit Tafe, petit-fils de sculpteur marquisien, est diplômé du Centre des métiers d’art. L’observation et la préservation de la nature tiennent une grande place dans son travail, souvent à travers le recyclage de matériaux plastiques. De la sculpture et du dessin au graphisme, à la vidéo et à la musique, ce sont aujourd’hui les possibilités offertes par l’impression 3D qui capturent son imagination : « Je vais pouvoir développer ça beaucoup plus ».

Tafetanui Tamatai/FB

Taina Calissi, qui mélange elle aussi les techniques d’expression artistique comme le dessin, la chorégraphie, la photo, la vidéo et l’écriture, a aussi beaucoup œuvré pour fédérer les artistes polynésiens, depuis 1er Festival des Artistes de Polynésie qu’elle organisa en 2002 jusqu’à RAW Tahiti, une start-up qui rassemble de nombreux talents locaux non seulement sur Internet, mais lors d’événements artistiques. C’est ce brassage de différents artistes et points de vue qu’elle espère trouver à Paris.  Dans son dossier de candidature, Taina Calissi a mis l’accent sur le lien entre art et artisanat : « Les techniques d’artisanat sont des matériaux à part entière, au même titre que la peinture etc. C’est au centre de mon projet personnel d’exposition pour la fin de l’année. Et sur le lien entre art et écriture – un aspect qui a séduit le jury, a souligné le ministère de la Culture – et qu’elle compte développer lors de cette résidence d’artiste à Paris.

Taina Calissi/FB

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