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Quatre mois après, Technival veut passer à la « reconstruction »

L’incendie a ravagé une partie des locaux de Technival le 26 septembre 2024.

La société de Tipaerui, qui avait connu un important incendie fin septembre, peut désormais assurer 80% de la collecte et du conditionnement des déchets spéciaux et dangereux. Un service indispensable pour nombre d’entreprises, en partie assuré grâce à des « solutions temporaires », dont du stockage et des opérations menés directement chez les clients. La direction attend désormais une autorisation temporaire pour tout relocaliser, avant de reconstruire des infrastructures plus modernes sur le même site.

Le 26 septembre 2024, la société Technival était le cadre d’un incendie spectaculaire, dont le panache de fumée s’est étendu aux delà des hauteurs de la vallée de Tipaerui. Plusieurs bureaux de l’entreprise spécialisée dans la collecte, le conditionnement, le traitement et la valorisation des déchets, sont ainsi partis en fumée.

Mais surtout, Technival, a perdu son hangar technique servant au transit et à la manutention des déchets spéciaux, avant leur export vers des filières agrées. La société, la seule du fenua à assurer cette activité pour les entreprises, a donc été contraint de stopper la collecte de ce type de détritus, les plus nocifs : explosifs, corrosifs, toxiques, ou encore néfastes pour l’environnement. Ce qui avait provoqué l’inquiétude des entreprises et des collectivités, contraintes de stocker ces déchets.

Une partie des déchets spéciaux traités sur site

Pour relancer la machine au plus vite, plusieurs pistes de relocalisation ont été étudiées avec le ministère de l’Environnement. « Ils ont proposé deux terrains à Tipaerui qui appartiennent à l’Équipement, mais le problème de notre activité, c’est que la coactivité peut être compliquée avec les entreprises autour. Donc à chaque fois cela demandait beaucoup de boulot et il fallait qu’on trouve une solution assez rapidement », détaille le directeur général Cyrille Bachelery.

Dans les semaines qui ont suivi le funeste brasier, Technival a donc pris le parti, « en informant la Diren », de « continuer à traiter des déchets sur notre site ». « Il y a beaucoup d’espace, même après avoir clôturé la partie incendiée. C’était la zone la plus simple », car déjà classée ICPE. « Mais nous n’y traitons que des déchets solides que l’on peu mettre à l’abri, conditionner et exporter, qui ne présentent pas un danger direct pour l’environnement, au contraire des déchets liquides« . Des déchets au sujet desquels « il faut faire très attention car on ne sait jamais, s’il peut y avoir un percement, un écoulement ou quoi que ce soit qui pourrait être nuisible pour l’environnement ».

Le casse-tête des déchets liquides

Si bien « qu’on en fait pratiquement plus », à l’exception des huiles usées, qui représentent tout de même « le plus gros gisement de déchets liquides dangereux en Polynésie ». La société dispose pour cela d’un camion-citerne et d’une flotte « d’une vingtaine » de tanktainers « qui sont aptes à prendre la mer et à stocker. Donc on stocke temporairement avant d’exporter », détaille-t-il. Une solution a aussi été trouvé pour traiter les pots de peintures et leurs résidus : « Fenua Ma était très embêté car ils en ont beaucoup qui sortent des déchets ménagers, puisque les gens les mettent là où ils ne devraient pas. Ils font en sorte que ça ne finissent pas au CET et nous les font traiter. Ils ont donc dû les stocker pendant un bon moment, avant que nous arrivions à déclencher un système pour faire ça à l’abri ».

D’autres déchets liquides peuvent dans certains cas, être traités chez le client. « Certains, comme l’armée, on un espace ICPE qui leur permet de stocker temporairement leurs déchets spéciaux. Et quand ils en ont besoin, on fait le conditionnement chez eux, ce qui limite le transvasement de produit ». Les plus gros clients, du moins « ceux qui risquent d’avoir le plus de problèmes » ont été priorisés pour ce mode de fonctionnement.

Le directeur estime ainsi que Technival tourne actuellement « à 80 %« .« Ce qui est compliqué, ce sont les produits chimiques issus des labos. Aujourd’hui, on ne le fait pas, donc on leur demande de stocker leurs résidus chez eux ». Là encore, l’intervention à domicile est privilégiée : « on va trouver une solution pour essayer de travailler dans de bonnes conditions, pour faire le transvasement là ou c’est stocké ». Une solution « temporaire, plus coûteuse pour nous et moins agréable pour le client », mais qui a le mérite de limiter les risques.

Une classification ICPE temporaire avant la reconstruction

La société ambitionne désormais de retrouver l’essentiel de son activité dans les semaines à venir, en adoptant un « mode dégradé, moins confortable, tout en respectant la règlementation », toujours sur son site, en attendant la déconstruction des ruines de l’infrastructure brûlée.

Cyrille Bachelery explique avoir pris l’exemple d’entreprises de Nouvelle-Calédonie, qui ont redémarré leur activité après les émeutes de mai dernier. « Dans ce cadre là, on peut obtenir un ICPE provisoire en attendant de reconstruire ». Ce qui permettra à la société de reprendre le traitement des déchets liquides, et d’avoir « le temps de voir venir », cette autorisation ICPE étant valable six mois, renouvelable une fois. Jusqu’à la fin de l’année donc, date à laquelle la reconstruction de ses locaux neufs, et plus modernes que les précédents, est espérée. « Nous serons mieux qu’avant : nous avions déjà un projet de modernisation, que nous avons activé un peu plus tôt ». Reste désormais à identifier une « zone tampon », pour « aller travailler ailleurs le temps de la reconstruction, en espérant que la partie autorisation administrative ne soit pas trop lente ».

Quatre mois après le sinistre, la société se porte « plutôt bien » assure Cyrille Bachelery. La collecte des déchets spéciaux et leur stockage « n’est pas notre seul activité, donc on supporte la perte« , souligne-t-il.

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