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Que sait-on sur le missile tombé en Pologne ?

Sous pression depuis mardi soir, les dirigeants du monde entier tentent de ne pas surréagir au lendemain d’une chute de missile en Pologne, sur le territoire de l’Otan. Était-ce une frappe délibérée de la Russie ou un dommage collatéral des bombardements menés de l’autre côté de la frontière, en Ukraine ? Notre partenaire Europe 1 fait le point.

Prudence, appel au calme et à la retenue. Depuis mardi soir, les dirigeants internationaux tentent de comprendre ce qui a bien pu se passer à la frontière polonaise, alors qu’un missile a frappé une ferme et tué deux personnes. Après un conseil de sécurité présidé par le gouvernement polonais et plusieurs déclarations, dont celle de Joe Biden et Emmanuel Macron, la situation semble se décanter, même si l’attribution de ce tir n’est pas officiellement annoncée.

Une hypothèse semble pourtant prendre du poids. Cette explosion en Pologne serait due au système de défense anti-aérien ukrainien, selon la ministre belge de la Défense. Mardi, les bombardements en Ukraine ont été nombreux, avec entre 80 et 100 missiles tirés par les Russes sur le territoire. L’activité de la défense solaire ukrainienne a donc été particulièrement intense.

Un message des Russes envoyé au G20 ?

Ce contre-missile aurait été tiré depuis un système de défense solaire S-300 avant de retomber sur ce village polonais, à seulement six kilomètres de la frontière ukrainienne. Sur place, le secteur est toujours bouclé. Seules les Forces armées et de sécurité intérieure polonaise peuvent accéder au périmètre. Des analyses sont toujours en cours. Reste à savoir si Kiev va reconnaître ce qui ressemble de plus en plus à une erreur de guidage. Jusqu’à présent, la position du président ukrainien est restée très ferme. C’est, selon lui un message des Russes envoyé au G20. L’Otan ne dispose « d’aucune indication » permettant d’attribuer l’explosion mortelle en Pologne à « une attaque délibérée » contre ce pays, a estimé ce midi le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg.

Que contiennent les articles 4 et 5 du traité de l’Otan ?

À la suite d’un conseil de sécurité d’urgence le porte-parole du gouvernement polonais Piotr Müller a déclaré que « des procédures prévues sont mises en œuvre avec entre autres, un niveau d’alerte renforcé pour certaines unités militaires ». Ce dernier a également annoncé envisager de déclencher les articles 4 et 5 de l’Otan. Ces deux articles du traité font référence aux questions de défense et de sécurité des États membres. L’article 4 précise que tous les pays de l’Otan devront se consulter sur demande de l’un d’entre eux, en cas de menace de sa sécurité, d’atteinte à l’intégrité de son territoire ou de son indépendance politique. Il s’agit donc simplement d’une consultation pour définir si oui ou non l’un des membres de l’Alliance est en danger et s’il est nécessaire d’intervenir.

L’article 5, en revanche, permet aux pays de l’Otan d’engager des actions, y compris militaires, pour défendre un ou plusieurs membres en cas d’attaque. Cet article reconnaît aussi qu’une attaque armée contre un ou plusieurs pays membres sera considérée comme une attaque dirigée contre tous les pays de l’Otan. Selon ce même article, si une telle attaque se produit, les pays prendront toutes les actions jugées nécessaires pour rétablir et assurer la sécurité dans la région Atlantique Nord. Il s’agit en réalité d’une mise en application du droit de légitime défense reconnu par l’article 51 de la Charte des Nations Unies.

À noter que les ambassadeurs de l’Otan doivent se réunir en urgence ce mercredi. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont fait part de leur soutien à la Pologne, également pays membre du G20 à Bali, jusqu’à ce soir pour un sommet diplomatique.