Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale et sonné la fin de la XVIe législature, deux ans seulement après les dernière élections législatives. Les trois députés sortants, Tematai Le Gayic, Steve Chailloux et Mereana Reid-Arbelot (qui n’a siégé qu’un an après avoir suppléé Moetai Brotherson) sont candidats pour retrouver leur sièges. Mais qu’ont-ils fait de leur mandat ? Ont-ils été plus assidus et productifs que leurs prédécesseurs, parmi lesquels Nicole Sanquer, elle aussi candidate ? Eléments de réponses en chiffres.
Si l’on regarde leur taux de présence, les trois députés polynésiens figurent parmi les mauvais élèves des 577 représentants à l’Assemblée nationale. Pour le coup, ils ont une bonne excuse, puisqu’il est forcément plus compliqué pour un élu du fenua de faire des aller-retours entre le Palais Bourbon et sa circonscription, que pour un député parisien, breton ou auvergnat. Ce facteur pèse dans le bilan de nombreux représentants ultramarins : sept d’entre eux font partie des dix moins assidus à l’assemblée ou en commission, dont Tematai Le Gayic et Steve Chailloux, leur présence ayant été relevée respectivement sur 40 et 31 semaines, selon l’observatoire citoyen nosdéputés.fr. De son côté, Mereana Reid-Arbelot compte 26 semaines de présence. Si l’on ajoute les statistiques de son prédécesseur Moetai Brotherson, appelé à présider le pays il y a un an, la 3e circonscription a été représentée sur 50 semaines.
Tematai le Gayic, force de proposition
Élu d’un rien il y a deux ans, plus jeune député de l’histoire de la République, Tematai Le Gayic, a participé, selon l’outil indépendant DatAN, à 76 % des « votes solennels », ceux considérés comme les plus importants et pour lesquels les députés connaissent à l’avance le jour et l’heure du vote. Des trois députés sortants, il est celui qui s’est montré le plus de fois à l’Assemblée, et qui a déposé le plus d’amendements. Fidèle à l’opposition (Groupe GDR-Nupes), il n’a suivi le sens de la majorité présidentielle que sur 28% des votes. Il a notamment travaillé sur le projet de loi de finances, sur la programmation militaire, et s’est beaucoup exprimé sur les motions de censure régulièrement déposées contre le gouvernement, et sur la modification du corps électoral calédonien. Il par ailleurs interpellé le gouvernement sur le projet de communauté d’archipels des Marquises, l’accès à l’eau potable dans les outre-mer ou sur la précarité étudiante en Polynésie.
Maina Sage, qui représentait la 1re circonscription pendant cinq ans (2017-2022) a proportionnellement plus souvent voté (85%). Mais en deux ans, Tematai Le Gayic a posé presque autant de questions orales (trois) que l’ancienne élue Tapura en cinq ans (cinq) et a surtout fait quatre propositions de lois, contre une seule pour Maina Sage. Il faut tout de même préciser que cette dernière siégeait avec la majorité présidentielle (au sein du Groupe Agir Ensemble), tout en conservant une certaine liberté de vote (elle a suivi la majorité 59% du temps). Elle avait donc moins de choses à redire sur la politique du gouvernement. À noter que Maina Sage faisait partie des 25% de députés les plus productifs, en ce qui concerne le nombre de rapports écrits : huit en cinq ans, contre un seul pour le représentant Tavini en deux ans. Elle s’était aussi montré dans l’hémicycle ou en commission durant 125 semaines, soit plus qu’aucun autre député polynésien d’alors.
Steve Chailloux peu présent, mais pas moins que Nicole Sanquer
Le 29 juin, les électeurs de la 2e circonscription auront le choix entre deux candidats ayant déjà siégé à Paris. À commencer par le sortant Steve Chailloux (Tavini), dont les principaux dossiers concernaient l’apprentissage des langues régionales et l’adaptation à la Polynésie de dispositions législatives relatives à la santé. Dans sa course à la réélection, il fait notamment face la précédente occupante du fauteuil Nicole Sanquer (2017-2022), cette fois candidate avec la plateforme autonomiste Amui Tatou.
Moins présent que Tematai le Gayic, et vu pendant 31 semaines (seulement quinze fois en commission), Steve Chaillou a toutefois posé plus de questions orales (cinq) que son collègue de la 1re, et surtout presque autant que Nicole Sanquer (six) entre 2017 et 2022. Il s’est notamment exprimé au sujet de la situation en Nouvelle-Calédonie, sur la guerre en Ukraine ou sur les victimes des intempéries en Polynésie.
Des trois députés sortants Steve Chailloux est aussi celui qui à le moins suivi les votes de la relative majorité macroniste, dans 22% des cas. Il a également fait trois propositions de lois, contre une seule pour celle qui l’a précédé dans la 2e circonscription. Nicole Sanquer siégeait alors dans un groupe centriste, UDI et Indépendants, groupe certes classé dans l’opposition, mais avec lequel elle avait suivi le camp présidentiel sur 52% des scrutins. Avec 63 semaines d’activité en cinq ans, elle était la députée polynésienne la moins assidue à l’époque, mais aussi la moins productive en amendements. Avec ses 31 semaines en deux ans, Steve Chailloux était donc parti pour faire mieux.
Débuts actifs pour Mereana Reid-Arbelot
Propulsée dans le grand bain après l’élection du titulaire Moetai Brotherson à la présidence du pays, Mereana Reid-Arbelot a fait ses premiers pas à l’Assemblée nationale il y a seulement un an. Et la contrôleur aérien s’est montrée plutôt active, participant à 84% des votes solennels. À titre de comparaison, et sur la mandature 2017-2022, le député d’alors Moetai Brotherson ne votait que dans 72% des cas. Si elle a fait moins de propositions de loi (une seule), elle s’est beaucoup plus souvent présentée en commission et à publié plus de rapports que ses deux collègues du Tavini (trois contre un), en deux fois mois de temps.
En un an, Mereana Reid-Arbelot a également déposé beaucoup plus d’amendements que Steve Chailloux (85 contre 54) et posé plus de questions orales que Tematai le Gayic (cinq contre trois). Elle a principalement travaillé sur la question de la restitution des restes humains polynésiens conservés dans l’Hexagone, sur l’indemnisation des victimes du nucléaire et sur la réforme de l’ITR. Quatre de ses cinq questions au gouvernement ont porté sur cette question des retraites, l’autre étant centrée sur le stockage des déchets radioactifs au fenua. Précisons que, contrairement aux deux autres élus bleu-ciel qui siègent aussi à Tarahoi, la députée de la 3e circonscription n’avait pas d’autre mandat en cours.