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Quel risque d’accident nucléaire en Ukraine ?

Alors que la plus grande centrale nucléaire d’Europe, Zaporijjia, a été visée par des tirs russes cette nuit, les différents régulateurs du nucléaire tentent de rassurer les populations. Anne-Cécile Rigail, directrice générale adjointe de l’Autorité de sûreté nucléaire était l’invitée de notre partenaire Europe1 pour faire le point.

Stupeur et inquiétude, après les derniers développements de la nuit en Ukraine. Les regards sont braqués sur le sud du pays, sur la centrale nucléaire de Zaporijjia et ses six réacteurs visés par des tirs de l’armée russe. Un incendie s’est déclaré. S’il est désormais éteint, selon les dernières informations, la centrale est maintenant occupée par l’armée russe, les autorités régionales ukrainiennes l’ont annoncé ce matin. Europe 1 a pu échanger avec l’entreprise qui gère toutes les centrales du pays. Elle indique que le personnel est toujours dans le bâtiment, mais obéit désormais aux Russes.

Si le président ukrainien Zelensky a accusé Moscou d’avoir recours à la « terreur nucléaire » et de vouloir « répéter » la catastrophe de Tchernobyl, la plus grave de l’Histoire en 1986, le danger  semble écarté à court terme. « Un projectile a frappé un bâtiment qui est dédié à la formation, un bâtiment annexe de la centrale », a expliqué Rafael Mariano Grossi, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). « Cela a engendré un incendie localisé, mais aucun des six réacteurs de la centrale n’a été touché », a-t-il assuré. Et aucune fuite radioactive n’a été détectée. Mais le fait que la centrale soit occupée, c’est évidemment source d’incertitude pour la suite, souligne Bruno Chareyron.

Le directeur de la Criirad, l’association de recherche sur le nucléaire, explique que « ça crée évidemment une forte préoccupation sur la question de savoir si les équipes qui s’occupent de la centrale vont être en capacité de garantir le refroidissement des six réacteurs nucléaires et des combustibles irradiés qui sont dans les six piscines pendant les semaines qui viennent ». Ce matin, les condamnations pleuvent. Le secrétaire général de l’Otan a dénoncé un acte irresponsable de la part de l’armée russe et appelle une nouvelle fois à mettre fin à la guerre.

L’Autorité de sûreté nucléaire active son centre de crise

Les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance atlantique sont d’ailleurs réunis en urgence en ce moment à Bruxelles. Le Royaume-Uni de son côté appelle à une réunion en urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. L’inquiétude touche le monde entier, y compris en France, où l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a activé ce matin à 7 heures son centre de crise. Anne-Cécile Rigail, sa directrice générale adjointe, était l’invitée de Raphaël Delvolvé dans Europe Midi. Un centre de crise en « mode veille » a-t-elle précisé.

« Ça signifie qu’on a réuni une quinzaine de collaborateurs dans notre centre d’urgence dans nos locaux à Montrouge. Ce sont des lieux dédiés au suivi de la situation en Ukraine. » Leur travail consiste à « recouper l’information », à s’assurer « de mettre dans la boucle les bonnes personnes » afin de se tenir « prêt à répondre aux questions des autorités publiques et des citoyens », a-t-elle poursuivi. « Les points de surveillance particuliers, c’est ceux qui ont trait à la sûreté des quatre installations qui sont en fonctionnement en Ukraine », a dit Anne-Cécile Rigail.

« Il y a eu cette nuit des scènes de combats visant certains bâtiments de la centrale de Zaporijjia, dans le sud », la plus grande d’Europe avec ses six réacteurs de technologie VVER, une technologie russe. « À ce stade, avec les informations qui ont été communiquées par l’AIEA, il n’y a pas de risque imminent sur la sûreté des installations », a assuré la directrice générale adjointe de l’ASN. « Il n’y a pas eu d’élévation anormale de radioactivité constatée et aucun des systèmes qui assurent la sûreté de cette centrale ne serait touché. Pour autant, il est légitime que l’ASN assure une veille très active dans cette situation troublée. » Une procédure classique selon elle.

L’Autorité de sûreté nucléaire est en contact avec les autorités ukrainiennes « puisqu’ils sont notamment membres de l’Association des régulateurs nucléaires d’Europe, l’association Wenra », et que le directeur général de l’ASN « en est le président ». Pour autant, « c’est une autorité de sûreté qui a actuellement fort à faire dans un contexte de tension extrême dans le pays », a encore précisé Anne-Cécile Rigail.

L’ancienne centrale nucléaire de Tchernobyl est également occupée par les Russes. C’est un autre sujet de préoccupation pour l’ASN « qu’on suit avec attention », a affirmé la directrice. « Sur le site de Tchernobyl, il y a plusieurs types d’installations », a-t-elle commencé. « Il y a le réacteur qui a été anciennement accidenté et qui est actuellement recouvert par un sarcophage, mais il y a également des installations d’entreposage de combustibles usés qui représentent finalement une assez forte concentration de matières radioactives. » Et de conclure qu' »importe que ces installations demeurent dans un climat de relative sérénité, pour autant que ce soit possible ».

L’essentiel : 

  • Appel à l’assassinat chez les Républicains américains. Le sénateur américain Lindsey Graham a appelé jeudi « quelqu’un en Russie » à assassiner le président Vladimir Poutine pour rendre « un grand service » à la Russie et au reste du monde. « Quelqu’un en Russie doit mettre les pieds dans le plat (…) et se débarrasser de ce type », a affirmé le sénateur républicain lors d’une émission télévisée. Il a ensuite enfoncé le clou dans une série de tweets, ajoutant que « les seuls qui peuvent arranger ça, ce sont les Russes ». « Y a-t-il un Brutus en Russie? » s’est interrogé Lindsey Graham, en évoquant l’un des assassins de l’empereur romain Jules César. Il s’est également demandé s’il existait au sein de l’armée russe « un colonel Stauffenberg, mais en plus efficace », en se référant à l’officier allemand Claus von Stauffenberg, auteur d’un attentat à bombe manqué contre Adolf Hitler en 1944. « Vous rendriez un grand service à votre pays et au reste du monde », a-t-il ajouté.  Lindsey Graham, qui était un proche allié de l’ex-président Donald Trump, a présenté vendredi au Sénat une résolution condamnant le président russe et ses chefs militaires les accusant de commettre des « crimes de guerre » et des « crimes contre l’humanité ».
  • La Russie restreint l’accès à des médias indépendants. Les autorités russes ont restreint vendredi l’accès aux sites de quatre médias indépendants, dont la BBC, renforçant leur contrôle déjà étroit de l’information au moment où Moscou mène une invasion de Ukraine. Selon le registre du régulateur russe des médias (Roskomnadzor), l’accès aux sites des éditions russophones de la BBC et de la radio-télévision internationale allemande Deutsche Welle, du site indépendant Meduza et de Radio Svoboda, antenne russe de RFE/RL, média financé par le Congrès américain, a été « limité » à la demande du parquet.
  • Deux hommes disant vouloir combattre pour l’Ukraine interpellés à Washington. Deux hommes armés disant vouloir se battre pour l’Ukraine, où la Russie mène une invasion depuis la semaine dernière, ont été interpellés jeudi matin près de l’ambassade ukrainienne à Washington. Les deux individus agissaient « de façon suspecte » et ont été arrêtés à quelques pâtés de maisons de l’ambassade, située dans le quartier huppé et très fréquenté de Georgetown, a indiqué un porte-parole du Secret Service américain. Selon des responsables des forces de l’ordre cités par le Washington Post, les deux hommes ont dit à la police qu’ils avaient l’intention de se battre pour l’Ukraine et qu’ils avaient conduit depuis l’Etat de l’Indiana pour se porter volontaires. Lors de leur arrestation, la police a saisi une « arme longue » et deux armes de poing, d’après ces responsables. Pour rappel, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé les étrangers à venir se battre « contre les criminels de guerre russes » dans une « Légion internationale » en formation. Un communiqué ukrainien appelle les volontaires à se rendre dans les ambassades d’Ukraine de leurs pays respectifs
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