Il se fait déjà surnommé « le joint légal » dans les boutiques spécialisées. Il est effectivement possible de se procurer en toute légalité du HHC, un dérivé de synthèse du cannabis. Et cette molécule synthétique aux effets proches du THC inquiète les professionnels de santé. Faut-il s’en méfier ? Notre partenaire Europe 1 fait le point.
C’est la nouvelle coqueluche des boutiques dédiées au CBD. Dérivé de synthèse du cannabis, le « HHC » – abréviation pour l’Hexahydrocannabinol – est en vente libre alors qu’il possède les mêmes effets que le THC, principe actif du cannabis, qui lui est interdit en France. Qu’est-ce qui les différencie ? Pourquoi le HHC n’est-il pas encore classé parmi les stupéfiants ? Est-il dangereux ? Pour Europe 1, le docteur Philippe Batel, psychiatre et addictologue, revient sur le flou qui accompagne cette molécule synthétique.
Stratégie marketing
« En fait le succès majeur de cette drogue est son attractivité et le marketing présenté de la sorte. En réalité, on ne sait pas exactement ce qu’il se passe. A priori, il y a peu d’effets psychotropes mais plutôt des effets de relaxation, de sentiment de bien-être. Donc oui, c’est une sorte de THC, mais a priori moins puissant », avance le spécialiste. On dénombre près de 150 cannabinoïdes. Et pour le moment selon le docteur, il existe un vide juridique qui laisse planer le doute sur le HHC et sa classification en tant que « drogue ».
« Il est pourtant classé comme stupéfiant dans plusieurs pays européens, comme la Finlande, l’Estonie et l’Autriche, mais pas encore en France. On a vraiment envie qu’il existe au niveau européen une politique de santé publique commune autour des drogues », déplore le médecin. Car si les effets sont peu connus scientifiquement, il y a un certain nombre d’effets secondaires indésirables, ou du moins inquiétants, qui ont été signalés, rappelle-t-il.
Des effets secondaires inquiétants
« On a les effets cannabinoïdes : une certaine désinhibition, une diminution de l’état de conscience. Et donc, on peut prendre un certain nombre de risques, comme par exemple au volant d’un véhicule. Mais on a des essais spécifiques qui ont été rapportés, qui sont des effets cardiaques avec notamment de la tachycardie », décrit Philippe Batel.
Ces effets peuvent être accompagnés dans de plus rares cas d’une augmentation de l’anxiété mais aussi de troubles digestifs et de nausées. On est donc loin de la promesse de détente proposée par les vendeurs de HHC. Sans compter les risques de dépendance et de surdosage, surveillés de très près par les autorités sanitaires. Tous appellent à la vigilance.