PORTRAIT – Hassan Rohani, vainqueur du scrutin, est connu pour sa très grande modération dans son discours.
L’INFO. Rien ou presque ne le donnait favori. Hassan Rohani, un religieux connu pour sa très grande modération dans son discours, n’avait au départ que peu de chances d’être en tête de la présidentielle iranienne tant le scrutin semblait favorable aux conservateurs. Pourtant, il a obtenu samedi une majorité de voix et devient le successeur de Mahmoud Ahmadinejad à la tête du pays.
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Les divisions lui profitent. Agé de 64 ans, il est devenu le candidat unique des réformateurs et modérés après le retrait du candidat réformateur Mohammad Reza Aref, alors que ses trois principaux concurrents, tous proches du guide suprême Ali Khamenei, ne parvenaient pas à s’entendre. Surtout, les ex-présidents Mohammad Khatami (réformateur) et Akbar Hachémi Rafsandjani (modéré) ont appelé à voter pour lui. En quelques jours, l' »union sacrée » des réformateurs et modérés a mobilisé une grande partie de l’électorat modéré qui voulait boycotter le scrutin après la polémique et les manifestations réprimées de 2009.
Le « cheikh diplomate ». Au cours de sa longue carrière, Hassan Rohani, un proche de Akbar Hachémi Rafsandjani, a été vice-président du Parlement et chef des négociateurs nucléaires entre 2003 et 2005. C’est à cette période qu’il a gagné son surnom de « cheikh diplomate ». En 2003, lors de négociations avec Paris, Londres et Berlin, il avait accepté la suspension de l’enrichissement d’uranium et l’application du protocole additionnel au Traité de non-prolifération(TNP), permettant des inspections inopinées des installations nucléaires iraniennes.
Pas un aventurier. Durant la campagne électorale, il a répété qu’il était partisan d’une plus grande souplesse vis-à-vis de l’Occident pour mettre fin aux sanctions qui ont plongé le pays dans une grave crise économique. Il a choisi pour symbole une clé, qui ouvre selon lui la porte des solutions aux problèmes du pays, et la couleur violette, une teinte à la mode. « Mon gouvernement ne sera pas un gouvernement de compromis et de reddition (en matière nucléaire) mais nous ne serons pas non plus aventuriers », affirme-t-il, se disant « dans la continuité de Rafsandjani et Khatami ». Il n’a pas non plus écarté – « même si cela sera difficile » selon lui – des discussions directes avec les Etats-Unis, ennemi historique de la République islamique, pour régler la crise nucléaire.
Plus proche des réformateurs. Hassan Rohani a un long passé de responsable politique. Député entre 1980 et 2000, il a ensuite été membre de l’Assemblée des experts, instance chargée de superviser le travail du guide suprême Ali Khamenei. Il est toujours représentant de l’ayatollah Khamenei au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale, comme Saïd Jalili, soutenu par l’aile dure du régime. Mais il a quitté son poste de secrétaire de ce Conseil après l’élection de Mahmmoud Ahmadinejad en 2005. Peu après, l’Iran relançait son programme d’enrichissement, s’attirant les foudres de l’ONU et des grandes puissances qui imposaient des sanctions économiques. Il est également membre de l’Association du clergé combattant, qui réunit les religieux conservateurs. Mais ces dernières années, il s’est rapproché des réformateurs.
Père de quatre enfants. Religieux de rang de hodjatolislam (signe de l’islam), il porte un turban blanc et une barbe grisonnante toujours très soignée. Les conservateurs l’accusent d’avoir été « sous le charme de la cravate et de l’eau de toilette de Jack Straw », ancien ministre britannique des Affaires étrangères, avec qui il avait négocié en 2003. Originaire de Sorkhey dans la province de Semnan, au sud-est de Téhéran, Hassan Rohani est titulaire d’un doctorat de droit de l’Université de Glasgow. Il est marié et a quatre enfants.