ACTUS LOCALESFAITS DIVERS Radars, fourrière, règlementation… Des « réflexions » en cours pour faire baisser la mortalité routière Charlie Réné 2024-03-28 28 Mar 2024 Charlie Réné Avec 186 blessés et 34 morts l’année dernière, les chiffres de l’insécurité routière ne faiblissent pas. À la veille du weekend de Pâques les autorités ont donc voulu réaffirmer leur « tolérance zéro » avec une grande opération de police et gendarmerie à la sortie Est de Papeete. Il s’agit aussi, côté Pays, de réétudier les infrastructures et la règlementation : radars automatiques, règles plus strictes, permis à points, contrôles techniques et fourrière… Un « diagnostic » est en cours et rien n’est exclu de la réflexion. Grands départs en weekend et barrages routiers à la sortie de la ville. Un cocktail parfait pour faire gonfler les embouteillages : ils ont touché tout l’Est de Papeete ce jeudi en fin d’après-midi. Mais les autorités assument leur choix d’avoir mené leurs contrôles aux heures de pointe à Arue : à la veille d’un grand weekend pascal, traditionnellement accidentogène, il fallait interpeller les automobilistes, « faire des piqûres de rappel », affirmer que la police et la gendarmerie étaient « sur le terrain » pour contrer l’insécurité routière. Il faut dire que les chiffres 2023 de l’accidentologie en Polynésie – déjà connus dans les grandes lignes depuis le début de l’année, mais qui n’ont été « consolidés » que récemment par le Haut-commissariat – ont de quoi inquiéter. Des efforts de sensibilisation, de répression… Mais peu de résultats Avec 34 décès dans des accidents de la route, l’année passée a été certes un peu moins meurtrière que 2022, et le nombre de blessés (186 en 2023 contre 196 en 2022) et d’accidents graves (165 contre 170) suivent aussi une courbe à la baisse. Mais ce serait oublier que 2022 était une année noire sur les routes du fenua. Loin, heureusement des niveaux du début des années 2000 (62 mort, 323 accidents et 440 blessés en 2007), mais largement au-dessus de la moyenne de la décennie. La Polynésie, dont les routes sont nettement plus dangereuses que celles de la métropole, arrive à « contenir » sa délinquance routière, comme l’assure le Haut-commissariat. Mais échoue à la faire baisser. Et pourtant, comme l’a encore montré l’opération de ce jeudi soir, les moyens sont là. Sur la répression d’abord : 63 000 dépistages d’alcoolémie en 2023, 6000 dépistages pour stupéfiants – les 622 infractions constatées représentent une hausse annuelle de 157%. S’ajoutent les 4600 infractions aux limites de vitesse relevées, et le plus de 2100 verbalisations pour défaut de permis, un chiffre qui là encore, bondit (+34%). Côté prévention, « on en a jamais fait autant » avait déjà affirmé Nino Bonis, le président de l’association de Prévention routière de Polynésie. Les opérations s’enchaînent, là aussi : 1180 jeunes bénéficiaires du programme « Halte à la prise de risque » l’année dernière, 7500 élèves sensibilisés dans leurs établissements, des programmes d’aide au passage du permis, à l’achat de casque et des messages de sécurité diffusées, en Télé, radio ou réseaux sociaux, « 299 jours par an ». Et pourtant, des spécialistes associatifs au Haut-commissariat en passant par les gendarmes, on parle de « relâchement » chez les usagers de la route, de « manque de responsabilité », de « mauvais comportements »… Exactement ce sur quoi portent les efforts de sensibilisation et les opérations choc comme celle de ce jeudi, qui se répètent depuis des années. Le Pays appelé à prendre ses responsabilités Côté gendarmerie, on précise tout de même que la mobilisation est particulièrement intense cette année : 4400 infractions constatées depuis le début de l’année, soit presque 50 par jour. Et une attention particulière aux facteurs d’accidents graves les plus récurrents : la vitesse, l’alcool, les équipements des conducteurs de deux-roues – qui représentent 73% des morts de la route l’année dernière – mais aussi les stupéfiants. D’après le colonel Demezon 1500 dépistages ont été effectués en trois mois, avec 10% de résultats positifs. « Il n’y a pas de fatalité, reprend le commandant de la gendarmerie, qui assure d’un effort de répression continue dans les prochains mois, et invite à des réflexions. Le permis à point, le contrôle technique des véhicules ou les radars automatiques, « ont eu un impact très fort sur la mortalité sur la route et ne sont pas en place ici », rappelle-t-il, parlant aussi de « l’état du réseau routier ». La secrétaire générale du Haut-commissariat Emilia Havez évoque quant à elle l’absence de fourrière routière en Polynésie, bien pratique pour retenir les véhicules après la constatation d’une infraction. Elle parle, elle aussi, de « réflexions » à mener, « sans s’interdire aucun champ ». Une manière plus policée de tendre le doigt du côté du Pays, compétent en matière d’infrastructures et de réglementation. Le ministre en charge des transports routiers, Jordy Chan était justement lui aussi en visite sur les points de contrôle ce jeudi soir. « La bonne nouvelle c’est qu’on vient de recruter un chargé de sécurité routière à la Direction des transports, un poste qui n’avait pas été pourvu depuis trois ans, explique-t-il. C’est un poste qui est essentiel pour faire bouger les choses dans ce domaine et on est en train d’établir un diagnostic, d’abord interne à la direction puis qui sera également partagé avec les services de l’État, pour pouvoir recueillir les principales mesures à mettre en œuvre afin d’améliorer nos actions au niveau de la sécurité routière ». Des radars, des points ou des contrôles techniques ont tous en commun d’être des mesures impopulaires, et donc politiquement risquées. « À mon avis ce qui est important c’est de protéger les usagers » assure Jordy Chan. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)