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Radiations, tsunami… Des mesures « rassurantes » sur l’après-nucléaire

La commission d’information auprès des anciens sites d’expérimentations nucléaires du Pacifique s’est réunie ce mercredi au Haussariat. Les données radiologiques et géomécaniques présentées sont jugées « rassurantes » par les autorités et scientifiques présents. Éric Spitz a en outre annoncé la parution d’un ouvrage de vulgarisation des données existantes sur les conséquences des essais nucléaires.

C’est un rendez-vous annuel depuis 2015 : la commission d’information fait le point sur la surveillance des anciens sites d’essais nucléaires, Moruroa et Fangataufa ainsi que sur leurs environs. Autour de la table, 27 personnes, dont 10 représentants de l’État et 17 Polynésiens. Aux côtés du haut-commissaire Éric Spitz ou du président Fritch, plusieurs parlementaires, dont le député Moetai Brotherson, des représentants d’associations de victimes des essais, et des responsables venus de Paris dont le préfet chargé par la Première ministre du suivi des conséquences du nucléaire en Polynésie, Michel Marquer. Objectif de cette réunion : présenter les derniers résultats de la surveillance et géomécanique des atolls, tous jugés « rassurants » par les experts.

L’exposition de la population à 99% d’origine naturelle

Du côté radiologique, l’Institut de radioprotection et de sécurité nucléaire (IRSN) a poursuivi ses campagnes de tests des dentées dans les archipels polynésiens. Ces derniers mois, des mesures ont ainsi été effectuées à Moorea, Rapa, Pukarua, Reao, Vahitahi, Vairaatea, Nukutavake et Hikueru sur différentes boissons, fruits, légumes ou produits de la mer. Et les résultats seraient « dans la continuité » de ceux observés dans les campagnes précédentes. Aucune trace cobalt 60 depuis 10 ans dans les bénitiers, particulièrement surveillés, des traces très faibles de plutonium et largement en dessous des niveaux admissibles… Seul le Ceium 137 reste décelable à des teneurs significatives, mais il contribue faiblement à l’exposition radiologique de la population », qui serait aujourd’hui, hors procédures médicales, à 99% d’origine naturelle (radionucléides présents naturellement dans les sols, radon dans l’air, rayonnement cosmique).

Pas d’inquiétude non plus à Moruroa et Fangataufa, mais pas de « retour à la normale ». « Les atolls sont marqués depuis les essais. Il y a eu des dépôts de radionucléides dans les sédiments des lagons, là où il y a eu des essais aériens et dans les sous-sols, rappelle le Dr Marie-Pascale Petit, chef du département de suivi des centres d’expérimentation à la direction générale de l’armement. Mais les radionucléides qui subsistent sont confinés dans le sous-sol, les assainissements ont été réalisés. Il n’y a pas d’impact sur l’environnement des atolls, et on peut dire que le marquage est maitrisé ».

Glissement de terrain sous-marin « très peu probable » et « prévisible »

Reste la partie géomécanique avec cette question, qui revient parfois dans le débat : Mururoa peut-elle « s’effondrer » et provoquer un raz-de-marée ? Le risque, c’est que les sédiments accumulés dans les vallées sous-marines des atolls, glissent et génèrent un « train de vagues ». Un « phénomène de bien plus petite ampleur » qu’un tsunami d’origine sismique ou volcanique, mais qui pourrait submerger une partie de l’atoll de Tureia, sans toucher, d’après les modélisations, le village ou l’aéroport. Ce risque, reprend le Dr Marie-Pascale Petit est aujourd’hui « très peu probable » – « plus le temps passe plus les mouvements ralentissent » – mais « pas négligé ». Raison pour laquelle un instrumentation a été mise en place pour donner « plusieurs semaines de préavis » à un éventuel glissement de terrain sous-marin.

Après ce compte-rendu, le haut-commissaire et une partie de la commission entament une visite de terrain ce jeudi à Rikitea et Tureia pour « aller à la rencontre des populations ». « Une visite symbolique et un symbole fort », a insisté le haut-commissaire, précisant que son premier déplacement dans les îles éloignées serait donc consacré au dossier du nucléaire.

Le ministère de la Défense prépare un « livre » sur les conséquences des essais

D’après le haut-commissaire Éric Spitz, cet ouvrage de vulgarisation, qui pourrait être édité courant novembre, reprend les données du rapport de 2006 sur les conséquences du nucléaire en Polynésie – trop « épais et complexe » pour être accessible, ainsi que celles de documents secret-défense plus récemment déclassifiés. Un texte qui doit « tout détailler sans fard, y compris les côtés sombres de la période », dont les six essais qui ont « mal tourné ». Des essais qui étaient au centre de l’ouvrage Toxique, paru en 2021, et dont les « révélations », critiquées par certains experts mais qui ont été reprises dans d’autres travaux scientifiques récents, portent notamment sur les conséquences sanitaires de l’essai Centaure en 1974. La rédaction de ce livre a été confiée par le ministère de la Défense à un historien, Dominique Mongin, auteur notamment d’une Histoire des forces nucléaires françaises depuis 1945 et de plusieurs autres ouvrages spécialisés sur la question atomique.

DP_Commission d’Information Auprès Des Anciens Sites d’Expérimentations Nucléaires by CharlieRéné on Scribd

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