Trois semaines après la découverte au pied d’une falaise de la vallée de Punaruu du corps de Ralph Taaviri, hier, c’est celui de la jeune Jade Gispalou qui a été retrouvé entre Teahupoo et Tautira. Outre leur appétence commune pour les sentiers, les deux randonneurs pourtant « habitués » s’étaient aventurés seuls, omettant ainsi l’un des principes de sécurité de base qui est d’être toujours accompagné.
Lourd bilan. En moins de trois semaines, deux personnes sont décédées au cours d’une randonnée qu’elles avaient entreprise seules. Pour les guides professionnels du fenua « ça fait beaucoup », d’autant plus que la randonnée comme la plongée ou encore la pêche sous-marine sont des activités pour lesquelles l’application des principes de sécurité de base est primordiale, voire vitale. Pour Ulysse Lesbros, guide professionnel depuis deux ans, « tout milieu naturel a ces dangers ». Et l’une des premières recommandations qu’il donnerait pour une randonnée en toute sécurité, c’est d’être accompagné : « Le fait de ne jamais partir tout seul permet en cas de soucis ou d’imprévus de maximiser les chances de pouvoir prévenir les secours. » Être au moins deux, une « soupape de sécurité » qui peut sauver en permettant de donner l’alerte, mais aussi d’intervenir en cas d’incidents « bêtes ».
Parmi les autres règles de sécurité, les guides insistent aussi sur le fait de bien préparer ses sorties. Il est question de connaître le parcours bien sûr, mais aussi de connaître ses limites physiques, la durée de la promenade, de toujours prévenir un proche et de prévoir de quoi se ravitailler en eau et en nourriture. « Pour la plupart des gens, Tahiti c’ est petit, on peut traverser. Non, pas du tout, insiste Hervé Maraetaata, l’un des guides les plus expérimentés du fenua. Si tu ne connais pas, si tu ne prépares pas ta randonnée il y a beaucoup de choses autour qui peuvent arriver. »
Pour Hervé qui ouvre des sentiers depuis plus de 30 ans, l’avènement du GPS donne la possibilité aux marcheurs de retrouver les traces de sentiers qui peuvent être dangereux. Selon lui, ce sont ces tracés qui font que les accidents en montagne sont de plus en plus nombreux. « Je suis contre ça, parce que je sais que c’est dangereux, explique le guide. Un constat que dressent aussi les professionnels plus jeunes, comme Ulysse Lesbros qui insiste sur le fait qu’un GPS permet de ne pas se perdre mais ne garantit pas la sécurité des gens. « Se perdre ce n’est pas le seul danger. Les gens qui ont perdu la vie n’étaient pas perdues dans la nature. Ce sont des gens à qui il est arrivé une mésaventure. Personne n’était là pour les retenir ou pour les prévenir en donnant des conseils. » Il ajoute aussi que les données du GPS sont précises à 5 mètres près alors que sur certaines randonnées à 2 mètres près, c’est le vide.
Aujourd’hui la Polynésie française compte une trentaine de guides titulaires du Brevet polynésien animateur guide de randonnée pédestre. Tous ont passé une formation professionnalisante « complète et essentielle » leur permettant d’encadrer les promeneurs en assurant au maximum leur sécurité. Ce brevet propre au fenua existe depuis 1996, preuve qu’il faut être, depuis toujours, un minimum averti pour crapahuter sur les sentiers en toute sécurité.