L’association Fa’a’apu rau no Rangiroa s’est donnée pour mission de promouvoir l’autonomie alimentaire sur l’atoll en valorisant les déchets verts et en produisant du compost local et de l’engrais de poissons. Si le projet est sur les rails depuis quelques mois grâce à la mis à disposition temporaire du broyeur communal de la mairie, l’association souhaite désormais acquérir sa propre machine mais regrette de n’être « pas vraiment aidée » par le gouvernement depuis sa création.
Atteindre l’autonomie et la sécurité alimentaire, c’est un objectif maintes fois répété dans les discours politique, et c’est aussi l’objet de l’association Fa’a’apu rau no Rangiroa. Créée en mars 2023, cette jeune organisation agricole travaille pour permettre aux familles de l’atoll de cultiver leurs propres fruits et légumes frais.
Sur Rangiroa, comme dans d’autres atolls des Tuamotu, les habitants dépendent presque entièrement des importations. « Ces denrées sont rares et très chères. Par exemple, nous avons vu le prix des tomates atteindre jusqu’à 4 250 francs le kilo », déplore Rami Chakhtoura, vice-président de l’association. Le projet est simple : « Nous proposons de broyer les déchets verts et de fabriquer du compost et de l’engrais de poissons, que nous redistribuons ensuite à la population en échange d’une modeste contribution. L’idée est d’inciter les habitants à planter et manger plus sainement, avec des fruits et des légumes locaux. »
Depuis plusieurs mois, ce projet progresse grâce à l’utilisation occasionnelle d’un broyeur mis à disposition par la commune. Cela a permis à l’association de produire du compost et de l’engrais. « Nous avons commencé à distribuer des sacs de compost, et la population commence à s’y intéresser », explique encore le vice-président. En deux semaines, le nombre de familles adhérentes est passé de 15 à 45, « un résultat encourageant » selon Rami Chakhtoura et qui pousse l’association à aller plus loin pour permettre à encore plus de familles de bénéficier de cette initiative.
Une cagnotte sur Anavai et un soutien du Pays qui n’arrive pas
Pour financer son « investissement essentiel » pour transformer plus efficacement les déchets végétaux en compost, Fa’a’apu rau no Rangiroa s’est d’abord adressé à la Direction de l’agriculture qui a donné un accord de principe, en juin dernier, pour financer 70 % du coût total de l’équipement. Mais quatre mois après cet avis favorable « l’arrêté officiel n’a pas encore été pris » s’inquiète le vice-président de l’association. Quoiqu’il en soit, il faudra collecter 900 000 francs de plus auprès du public pour finaliser l’achat du broyeur et une cagnotte en ligne a été lancé sur le site de la fondation Anavai. La prochaine étape sera « la construction d’une pépinière », prévue pour fin 2025, début 2026. L’association proposera alors, en plus du compost et de l’engrais de poissons, des jeunes pousses aux familles.
L’association envisage ensuite d’étendre ce projet à l’ensemble de l’archipel des Tuamotu : « Nous avons déjà reçu des demandes de Mataiva et Manihi », précise Rami Chakhtoura. Cependant, à ce jour, elle ne se sent « pas vraiment soutenue » par le gouvernement, alors même que la transition alimentaire est censée être une priorité. « Il y a un grand décalage entre les discours politiques et les actions concrètes », regrette le vice-président. En plus de l’absence de réponse de la DAG concernant le financement du broyeur, l’association a également vu sa demande de PIAC (projet d’insertion par l’activité communautaire) refusée. « Nous devions accueillir des stagiaires pour faire fonctionner le broyeur, mais notre demande a été rejetée sous prétexte que nous faisons concurrence au secteur marchand. »