Trois kilos d’ossements, prélevés dans les années 70 lors de fouilles archéologiques, ont été rapatriés depuis Hawaii vers le fenua. Cette restitution a été rendue possible grâce à un partenariat entre le Bishop Museum et la Direction de la culture et du patrimoine. Un processus qui marque « l’amorce d’un chantier sans fin » visant à « réconcilier les archéologues avec les communautés locales ».
Le partenariat entre le Bishop Museum d’Hawaii et le Pays se matérialise enfin. Après presque trois ans de « collaborations informelles », le Pays a réussi en juin dernier à rapatrier une première partie des restes humains demeurant dans les collections non muséales du musée de Honolulu. Cette caisse de trois kilos d’ossements, prélevés sur des marae et autres sites historiques aux Marquises, aux Tuamotu, aux Raromatai, à Tahiti et à Moorea, constitue un « petit volume » selon Anatauarii Tamarii, responsable de la cellule Patrimoine culturel de la DCP.
Cependant, le Bishop Museum regorge encore de nombreux ‘ivi tupuna. « Le Bishop Museum n’a pas les moyens financiers et humains pour établir un inventaire et définir ce qui appartient ou pas à la Polynésie française, ni de distinguer les restes humains de ceux du monde animal, » explique Anatauarii qui précise qu’un contrat a été passé avec une société hawaiienne pour estimer la taille de la collection et établir un inventaire exhaustif.
Défis et perspectives
Outre la traçabilité de ces restes humains, les archéologues se disent, pour l’instant, incapables d’identifier leurs propriétaires. « C’est tout l’objet de l’étude qui viendra poser un contexte sur ces ossements, afin que les communautés locales, lorsqu’on va les leur rendre, soient en mesure d’y attacher une histoire, » précise Anatauarii.
L’objectif va au-delà du simple rapatriement des ‘ivi tupuna. Il s’agit d’établir un partenariat pérenne pour rendre au fenua ses vestiges conservés dans des collections non exposées. « À terme, nous souhaiterions aussi récupérer les archives écrites, sonores ou iconographiques », ajoute le responsable de la cellule patrimoine, précisant toutefois que le prochain rapatriement depuis Hawaii devrait concerner un volume beaucoup plus important que le premier envoi.
Une initiative mondiale
Au-delà du travail engagé à Hawaii, plusieurs autres musées à travers le monde ont été contactés par le Pays. « C’est un chantier qui n’a pas de fin. Aujourd’hui, ce sont les ossements du Bishop Museum, demain ce sera ceux d’Arizona, de Norvège… Il faut amorcer les choses de manière respectueuse vis-à-vis des communautés locales, » assure le responsable de la cellule Patrimoine. L’objectif est de créer un cadre éthique pour « casser cette image des archéologues perçus comme des pilleurs de tombes » et de réussir à travailler en étroite collaboration avec les communautés locales.
La restitution par le Bishop Museum est prévue pour juillet 2025. Un autre projet similaire est en cours avec l’État d’Arizona, qui prévoit une restitution avant la fin de cette année. Bien qu’il reste encore un gros travail à faire, « les choses avancent dans le bon sens », assure la Direction de la culture et du patrimoine. Celle-ci devra ensuite compter sur la coopération de la population, des habitants et des propriétaires terriens des sites pour compléter l’histoire.