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Ravahere Silloux, les jours d’après

Trois jours après son élection, la Miss Tahiti 2023 a entamé son marathon médiatique et événementiel par un passage dans les studios de Radio1 et Tiare FM. Changement de quotidien, messages d’encouragement ou, au contraire, remarques sur ses origines, préparation au concours Miss France… L’étudiante en marketing de 24 ans fait le point sur les premiers jours du reste de sa vie. L’occasion aussi pour Leïana Faugerat de pousser un coup de gueule contre ceux qui n’ont pas compris que le fenua « est un pays de métissage ».

Depuis son élection vendredi soir, Ravahere Silloux conserve ses trophées, écharpe et diadème, « bien au chaud, à côté de moi, dans mon lit », quand elle ne les porte pas lors de ses sorties officielles. Sacrée Miss Tahiti dans les jardins de la mairie, devant plus de 2 200 personnes, Ravahere Silloux voit sa vie bouleversée depuis trois jours maintenant. Ce week-end, entre les partenaires à saluer et les journaux télévisés à assurer, le sommeil s’est fait plus rare qu’à l’accoutumée.

Le début d’une « année unique, riche en opportunités mais très chargée », au cours de laquelle son nouveau titre sera sa « priorité ». Avec en toile de fond, des études en marketing digital qu’elle va « essayer de continuer », mais aussi festivités du Heiva, puis, surtout, l’élection de Miss France, en décembre.

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« On a pu dire que je n’étais pas légitime… »

Sa messagerie, elle aussi a changé. Les mots de félicitations ne cessent de pleuvoir. « J’ai aussi reçu beaucoup d’encouragements » pour la suite, souligne-t-elle. D’autres commentaires en revanche, sont moins doux. A l’heure des réseaux sociaux, c’est devenu le lot de tout concours à forte résonnance médiatique. « On a pu dire que j’étais trop chinoise et pas légitime pour être Miss Tahiti. J’aimerais rappeler que nous sommes métissés en Polynésie et c’est cette modernité, cette union, ce peuple de paix que je souhaite mettre en avant », tranche celle qui se dit « riche d’avoir cette double culture » et pour qui « le plus important, c’est l’amour du Fenua ». Mannequin à ses heures, Ravahere à l’habitude de porter le visage haut. A ceux qui profitent d’y voir des traits asiatiques, pour vitupérer à l’ombre d’un pseudonyme, elle appelle « à la bienveillance, car derrière chaque écran se trouve une personne et une famille ».

Leïana Faugerat est plus directe sur la question. Certes, passion oblige, l’élection de Miss Tahiti est toujours synonyme de petites polémiques : celle de la « bourde » de David Meitai à l’annonce des résultats a par exemple animé les discussions cette année… « Quand ils sont constructif, il n’y a pas de soucis, je les prend, ça nous fait évoluer », assure la présidente du comité. Mais les commentaires limite raciste, je n’accepte pas, je ne tolère pas. Aujourd’hui, on est un pays de métissage, il n’y a plus de Polynésiens 100% Polynésiens. J’estime que la Polynésie, c’est le métissage de toutes ces cultures : de la métropole, de la culture asiatique, du Paumotu, du Marquisien… Et j’ai envie de croire que notre peuple est encore un peuple d’accueil, de respect et de tolérance ».

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Les enfants défavorisés comme cheval de bataille

Pour la successeure de Herenui Tuheiava , pas question de subir cette nouvelle notoriété, bien au contraire. « En devenant Miss, on a une plus forte exposition mais aussi un plus grand impact. Je compte bien utiliser cette visibilité pour passer des messages ». Car au milieu de ce tumulte soudain, il y a des choses qui sont restées les mêmes. Cette globe-trotteuse, qui s’est notamment investie dans une association caritative au Sénégal, n’oublie par exemple pas sa cause de cœur, les enfants défavorisés. « Je vais la prioriser. Il y aura bientôt la Saga, j’espère être présente ». Le soutien de ses proches aussi. « A la maison, on est comme durant la période des préparatifs. Tout le monde m’aide, me soutient » au quotidien, sourit la jeune femme, le ton doux et posé.

Sa relation avec les neuf autres candidates n’a pas bougé non plus. Qu’importe le statut, Miss, dauphine ou non-finaliste, « nous sommes solidaires, plus que jamais ». Réunies dimanche, les dix jeunes femmes, comme autant de doigts sur deux mains, se sont promis « de rester toutes ensembles ». Jusqu’à la soirée d’élection Miss France ? Peut-être. « Elles veulent toutes m’accompagner », annonce l’étudiante de 24 ans.

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Retour à la case préparation

En attendant, Ravahere Silloux va composer avec un double statut. Celui, nouveau, de Miss Tahiti. Et le second, désormais devenu familier, de candidate. Mais cette fois pour une échéance nationale, à l’audience décuplée. « Je suis la première miss régionale à être élue, c’est un avantage car je vais avoir le temps de me préparer », sous l’égide d’un Comité aux petits soins.
C’est donc un retour à la case entraînement qui s’annonce, avec « des cours d’éloquence, de danse et de défilé ». Sans oublier le test de culture générale, ou cette tête bien pleine espère « encore une fois décrocher la meilleure note ». « La préparation, c’est le plus important », confirme Leïana Faugerat, pour qui « Miss France est aussi une question de timing, cela dépend de qui elle aura en face d’elle ».

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Pour la patronne du concours polynésien, Ravahere Silloux a de sérieux arguments à faire valoir : « son aisance à l’oral, sa culture générale qui est très avancée et son physique exotique qui pourrait marquer des points ». Si elle n’a pas beaucoup le temps de dormir, Ravahere Silloux peut donc se permettre de rêver encore.