Le nom de l’acheteur n’est pas connu le jour-même car chaque personne souhaitant enchérir est représentée par un avocat. « Les acheteurs peuvent être présents et s’exprimer mais c’est l’avocat qui portera l’enchère pour sécuriser la transaction et être sûr que celui qui achète est bien en capacité de le faire. » C’est donc à l’avocat de s’assurer des capacités financières de son client. « La procédure de vente aux enchères des saisies immobilières est extrêmement rigoureuse. On ne vend pas un bien immobilier comme on vend une voiture ou un ordinateur, ce sont des biens à part. La procédure est contrôlée par les juges qui ordonnent cette vente devant le juge des saisies immobilières. »
Des ventes « très variées »
Ces ventes aux enchères sont « très variées », explique le président Tissot. « On trouve la petite maison, le terrain nu, des biens professionnels comme des terrains avec des hangars, des belles résidences privés de standing… Ce sont des saisies réalisées par les créanciers suite à des difficultés de paiement ou des impossibilités de paiement de la part des débiteurs. » Ce mercredi, il y avait justement une grande diversité de biens : un terrain à Papara, un terrain nu à Papeete, une résidence de très bon standing du côté de Faa’a ainsi que cet ensemble immobilier à usage professionnel à Tipaerui, qui a donné lieu à des enchères records. Ce sont les créanciers qui fixent le montant de la mise à prix. « Ils auront tout intérêt à ce qu’il soit suffisamment élevé car c’est lui qui en retire le produit mais s’il met un niveau trop haut, ils ne sont pas sûr d’attirer les acheteurs. » Tout est donc une question d’équilibre et c’est généralement un chiffre reflétant le niveau du marché qui est proposé. Il arrive « une fois sur deux », selon Christophe Tissot, que le bien soit retiré de la vente à l’audience car le débiteur et le créancier sont parvenus à un accord.
Trois minutes pour renchérir
Lors de la vente du terrain de Tipaerui, la tension était palpable mais « des ventes de biens modestes peuvent également susciter de la tension quand il s’agit de biens familiaux ou qu’il existe des relations affectives ou des inimitées ». Le président des ventes aux enchères est assisté d’un greffier qui veille à la régularité de la procédure et d’un huissier de justice qui conduit le décompte des trois minutes, lancés à chaque nouvelle enchère pour un bien. Quand la dernière enchère a été annoncée et que les trois minutes se sont écoulées, le juge Tissot « a pris acte que le bien était adjugé à un milliard de francs à telle personne », citant le nom de l’avocat. À noter tout de même que la vente ne sera définitive que 10 jours après l’adjudication de mercredi. Un délai pendant lequel une surenchère peut encore être enregistrée, à condition qu’elle porte au moins 10% du prix. Soit en l’occurrence au moins 100 millions de francs supplémentaires qui doivent être mis sur la table. Au tribunal cette vente record est traitée comme n’importe quelle autre : « quel que soit le montant de l’enchère, notre vigilance s’exerce sur chacune des ventes » insiste Christophe Tissot.