Onze films polynésiens, dont trois en compétition, ont été retenus dans la sélection officielle du 22e Festival international du film documentaire océanien, qui sera lancé le 31 janvier à la Maison de la culture. Un record et une fierté pour l’équipe du Fifo. L’évènement n’a en effet pas seulement été créé pour faire voyager le public dans le Pacifique, au travers de sujets sociétaux, historiques ou plus intimes, mais aussi pour « faire découvrir les métiers de l’audiovisuel » et permettre aux professionnels de monter en compétences. Là aussi le programme s’est étoffé : en plus des ateliers et masterclass, un « boot camp audiovisuel » d’une semaine est organisé en partenariat avec une université australienne.
Une édition en forme de rebond pour le Fifo. Après les déceptions de 2024, quand une alerte cyclonique avait annulé une bonne partie des séances et ateliers à la Maison de la culture, et quand la rupture du câble Honotua avait perturbé la diffusion des films en ligne, les organisateurs sont bien décidés à dérouler tout le programme du festival. Un programme comme souvent très riche, qui va balader les spectateurs d’Aotearoa à Hawaii en passant la Papouasie, le Vanuatu ou Rapa, croiser les histoires intimes et les sujets de fond, sur la transidentité, la colonisation ou les combats féministes dans la région, multiplier les points de vue et les « invitations au dialogue ».
Des productions locales « tout à fait au niveau »
Mais l’originalité de cette sélection, c’est sa grande coloration locale : trois films en compétition sur dix sont polynésiens, 11 sur 48 en comptant les oeuvres hors compétition. Une fierté pour Miriama Bono, qui y voit la preuve que la filière locale a évolué et a su se relever après les difficultés de ces dernières années. « C‘est la première année en 22 ans d’histoire qu’on a autant de productions polynésiennes, note celle qui, après avoir longtemps œuvré à l’organisation du festival, assume la présidence de l’Afifo en 2016. Ça prouve la résilience, je pense, du milieu de l’audiovisuel local, qui comme tous les secteurs d’activités à souffert depuis la crise Covid, qui a eu beaucoup de difficultés, notamment des empêchements de tournage mais qui a su faire avec et produire des films de qualité, des documentaires de la fiction, être un peu sur tous les fronts. Donc on est fiers de pouvoir montrer que nos réalisations locales sont tout à fait au niveau de ce qui se fait dans la région et qu’elles intéressent un public beaucoup plus large que le seul public local ».
Cette « fierté » de l’offre locale, mise en exergue par tous les partenaires de l’organisation – du Pays à l’État en passant par France Télévisions – est surtout dûe au fait que le Fifo a justement été créé pour tirer la filière audiovisuelle vers le haut. Les invités de chaque édition, – et ils sont nombreux cette année, puisqu’en plus des membres du jury, chacun des films en compétition est représenté par un professionnel – sont là pour partager avec le public, mais aussi pour orienter, encourager, répondre aux questions des professionnels polynésiens de l’audiovisuel, actuels ou futurs. Et ces sessions de formation, de mise en pratique ou de rencontres, s’étoffent aussi au programme du festival d’édition en édition.
Six ateliers d’initiation, trois masterclass, deux workshop et un « boot camp »
« L’idée c’est de proposer au Fifo pas seulement de voyager en Océanie, mais aussi de découvrir les métiers de l’audiovisuel, et la meilleure manière de découvrir c’est d’initier, explique la déléguée générale du festival, Laura Théron. Et donc on propose un panel d’ateliers, de master class, de workshops ou en l’occurrence d’un boot camp cette année, qui vont du niveau débutant, pour les adolescents, au niveau professionnel. » Les six ateliers d’initiation, tous gratuits, balaient des thématiques comme la vidéo en stop motion, la peinture digitale, les formats audio ou TikTok. Le boot camp audiovisuel, qui est un prolongement du partenariat du Fifo avec l’école de cinéma de la l’université australienne de Griffith, doit, lui, plonger les participants – qui peuvent encore candidater – dans un stage créatif intensif d’une semaine. Quant aux trois masterclass et deux workshops, animés par un « showrunner » et scénariste de série télé, Franck Philippon, une patronne de société de production, Catherine Alvaresse, et un réalisateur néozélandais, Toa Fraser, ils sont « plutôt destinés à des adultes, professionnels, ou déjà engagé dans une réflexion audiovisuelle. »
S’ajoutent, bien sûr, les rencontres en ligne avec chaque réalisateur (« Inside the doc ») et les nombreuses tables rondes tournant autour des thématiques des films présentés (santé, mondialisation, conscience environnementale, combat LGBT ou revendications autochtones) ou liées au développement de la filière audiovisuelle.
Fictions, docu courts, soirées spéciales, « off »… 54 films à voir
En dehors de ces échanges professionnels ou citoyens, le Fifo s’est avant tout la découverte de films, en ligne – toute la sélection est accessible à la maison pour 4 000 francs ou 500 francs par film – ou en salle. En comptant la « Nuit de la fiction océanienne », le programme Fenêtre-sur-courts, les propositions du Fifoi (festival du film de l’Océan indien, partenaire du Fifo), le film présenté par le président du jury (Ben Salama et son Saint-Louis, une histoire calédonienne), les documentaires en et hors compétition, c’est une cinquantaine de films qui sont présentés. Le public est invité à les découvrir dans le « off », gratuit et à partir du 31 janvier, puis pendant le festival lui-même, du mardi 4 au dimanche 9 février. La billetterie en ligne est d’ores et déjà lancée, et les places pourront aussi être achetées au guichet de Te Fare Tauhiti Nui à partir du 27 janvier. À noter que les places pour les séances physiques sont gratuites pour les moins de 26 ans.