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Relaxe pour le père de famille qui soignait son fils handicapé avec du cannabis

Ariimatani Vairaaroa était poursuivi pour usage illicite de cannabis depuis deux ans après qu’une centaine de pieds de paka aient été retrouvés sur la propriété familiale. Une plantation servant à la production d’huile de cannabis pour soulager son fils épileptique qui ne répond pas aux traitements conventionnels. Visiblement touché par l’histoire de ce père qui souhaitait soigner son seul garçon, le ministère public a requis une dispense de peine avant que le tribunal de Papeete ne décide finalement de relaxer le prévenu. « Un grand moment de justice », selon Me Thibault Millet, qui maintient que la législation actuelle est obsolète et qu’il est « scandaleux de ne pas pouvoir soigner des malades alors qu’il existe des produits (efficaces) sur le marché mondial «  

Ce vendredi, le tribunal de Papeete a prononcé la relaxe dans une affaire très attendue, celle d’un père qui cultivait du cannabis dans le but de soulager son fils épileptique. Un dossier particulièrement touchant défendu par Me Millet, après la découverte en 2022 par les autorités d’une centaine de pieds de cannabis à Taravao, dans le jardin familial. À la barre, le père a parlé avec son cœur, revenant sur la genèse de cette histoire qui remonte à 2011. À cette époque, le fils du prévenu commence à souffrir de crises d’épilepsie sévères après avoir reçu un vaccin. Le père parle d’une vingtaine de crises par jour que les médicaments conventionnels n’arrivaient pas à traiter. La famille s’est ensuite mise en quête de solutions alternatives, passant par les ra’au tahiti avant de découvrir les propriétés thérapeutiques de l’huile de cannabis. Avec cette huile, l’état de santé du garçon s’était amélioré en quelques semaines seulement. Une solution efficace mais qui s’est rapidement heurtée aux lois en vigueur.

Le ministère requiert une dispense de peine

Le procureur de l’époque, Hervé Leroy, avait décidé de poursuivre l’homme en justice, peu importe son histoire. Pour autant, ce matin, visiblement ému par le témoignage du prévenu, le ministère public a requis une dispense de peine, un fait extrêmement rare. « On a assisté à des réquisitions du ministère public, humaines, de la part de Monsieur Mazars. Je tiens à le souligner car c’était un grand moment de justice d’entendre le procureur rappeler qu’il existe un principe d’opportunité des poursuites et qu’en France, on n’est pas obligé de poursuivre dès lors qu’il semble y avoir une infraction, se réjouit l’avocat du prévenu. On peut aussi, vu la situation d’une famille par exemple, décider de ne pas le faire. »

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« J’espère une nouvelle loi »

Depuis l’ouverture de ce dossier l’état de santé du jeune garçon s’est détérioré. « Aujourd’hui il ne marche plus, il a perdu 10kg », raconte attristé le prévenu qui dit avoir démissionné de son travail pour s’occuper pleinement de son enfant. « Je veux que ça soit mon fils qui m’enterre, ce n’est pas à moi de l’enterrer ».  Le tribunal, sensible aux circonstances particulières de l’affaire et à la détresse de cette famille, a finalement prononcé la relaxe du père. « On a une décision en définitive qui fait écho à la citation de Platon que je rappelais et qui dit que les mauvaises lois ne doivent pas empêcher les bons juges d’être justes », se réjouit encore l’avocat. Pour la famille et le garçon qui a « déjà été condamné » selon la défense, en étant « privé de soins », c’est un soulagement. « Je ne vois que la guérison de mon fils, ma motivation c’est ça, que mon fils nous parle à moi et ma femme, confie le papa. Je rêve peut-être mais je suis motivé par ça. Je veux absolument qu’il ne fasse plus de crises, avec l’appui des docteurs. J’espère une nouvelle loi pour que l’on puisse planter normalement. »

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Cette relaxe prononcée est une décision rare. Aujourd’hui, la loi interdit la culture de cannabis au fenua, même à des fins thérapeutiques. Elle ne permet donc pas à cette famille de soigner leur fils même après cette décision. Pour Thibault Millet, il est grand temps qu’elle évolue, car il est aujourd’hui « scandaleux » de ne pas pouvoir soigner les malades avec des produits qui existent sur le marché mondial sous prétexte qu’ils sont interdits en Polynésie française alors qu’ils sont efficaces.