Le Premier ministre a annoncé, à l’issue du conseil de défense sur la Nouvelle-Calédonie, une série de mesures alors que l’archipel vit sa quatrième nuit de tensions suite à l’adoption du texte visant au dégel du corps électoral calédonien. Les précisions de notre partenaire Outremers 360°.
L’exécutif veut « assurer la continuité de la vie en Nouvelle-Calédonie et établir les conditions du dialogue » a martelé le chef du gouvernement, réuni par le chef de l’État autour d’un second conseil de défense sur la situation dans l’archipel. « La situation y reste très tendue avec des pillages, des émeutes, des incendies, des agressions qui sont évidemment insupportables et inqualifiables ».
« Le premier objectif est clair : rétablir l’ordre et mettre hors d’état d’agir tous ceux qui, depuis trois nuits, pillent, incendient, agressent et sont responsables de ces émeutes » a poursuivi Gabriel Attal qui a annoncé un renforcement des forces de l’ordre. « Nous allons renforcer encore le pont aérien de rétablissement de l’ordre qui a été mis en place pour déployer un millier d’effectifs de sécurité intérieure supplémentaires, en plus des 1 700 effectifs qui sont déjà sur place ».
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Cet après-midi, un nouvel avion décollera de l’Hexagone avec deux escadrons de gendarmerie mobile et deux compagnies de CRS, soit 250 effectifs supplémentaires qui arriveront dans les prochaines heures, a-t-il annoncé, s’ajoutant aux 1 700 effectifs déjà sur place. « Des forces du GIGN sont arrivées hier soir de Polynésie. Un avion vient d’atterrir sur place avec 132 effectifs supplémentaires. Un avion est parti hier soir avec un escadron de gendarmerie mobile et 40 forces du GIGN, soit 116 effectifs supplémentaires. Cet avion est attendu en Nouvelle-Calédonie dans les prochaines heures », a-t-il détaillé.
« Nous organisons par ailleurs, à la demande du président de la République, le déploiement de six escadrons de gendarmerie mobile supplémentaires dans les prochaines heures, soit 480 effectifs supplémentaires ». Ce sont ainsi 1 000 effectifs supplémentaires qui sont en train d’être déployés sur place, en plus des 1 700 effectifs qui sont déjà en Nouvelle-Calédonie, soit « un niveau de mobilisation qui est inédit et qui illustre la détermination du gouvernement du président de la République à rétablir l’ordre dans les plus brefs délais ».
Le chef du gouvernement a aussi annoncé la publication, par le ministre de la Justice et « dans les prochaines heures », d’une circulaire pénale « pour garantir les sanctions les plus lourdes contre les émeutiers et les pillards ».
Pont aérien pour « ravitailler la Nouvelle-Calédonie »
Alors que le Haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie a fait part d’une crainte d’une pénurie alimentaire, les commerces étant sur place sujets aux pillages et incendies, le Premier ministre a aussi annoncé « un pont aérien pour ravitailler la Nouvelle Calédonie de denrées et matières essentielles, garantir la continuité des services de soins et évidemment l’approvisionnement alimentaire de l’île dans les prochaines heures ». Une cellule interministérielle de crise est déclenchée.
« Cette crise a des conséquences économiques importantes » a poursuivi Gabriel Attal. Ce matin, la province Sud demandait la mise en place d’un « fond exceptionnel de reconstruction », alors que les dégâts sont estimés sur place à 200 millions d’euros selon la CCI. D’après le chef du gouvernement, Bruno Le Maire devrait réunir dans les prochaines heures, et en visioconférence, les acteurs économiques de l’archipel « pour leur apporter le soutien nécessaire et construire avec eux toutes les solutions et mesures qui leur permettront, dans la durée, de tenir, de se relever et de continuer à pouvoir exercer en Nouvelle-Calédonie ».
Gabriel Attal a aussi annoncé réunir d’ici vendredi le président du Sénat, la présidente de l’Assemblée nationale et les comités de liaisons parlementaires qui ont été mis en place sur la Nouvelle Calédonie, pour « un échange avec moi et le ministre de l’Intérieur, à Matignon ». « Dans une situation comme celle que nous connaissons, il est de mon devoir de Premier ministre, d’informer et d’échanger avec les représentants de la Nation sur la situation sur place et les actions que nous mettons en œuvre pour atteindre nos objectifs : établir l’ordre, assurer la continuité de la vie sur place et établir les conditions du dialogue », a-t-il assuré.
Pour rappel, le président de la République devait, à l’issue, s’entretenir en visioconférence avec les partenaires politiques calédoniens. Mais la réunion a finalement été annulée, certains partenaires ne souhaitant « pas dialoguer les uns avec les autres ». Le chef de l’État échangera « directement avec les élus », séparément, a toutefois insisté l’Élysée.