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« Reprendre la politique entre nos mains »: « Nuit Debout » essaime à Toulouse

Toulouse (AFP) – « Reprendre la politique entre nos mains »: étudiants, intermittents, professeurs ou ingénieurs, de tous âges, se sont réunis mercredi soir à Toulouse pour une deuxième « Nuit Debout », dans le sillage du mouvement lancé à Paris le 31 mars.

Au pied du Capitole baigné de soleil, des pancartes clament le nom et la date de ce mouvement spontané: « Nuit Debout », « inventer la société de demain », « 37 mars » selon leur nouveau calendrier. Un barnum abrite quelques denrées, un autre est orné d’une banderole dénonçant le mal-logement, près de deux enceintes posées sur des tabourets.

Pour la deuxième soirée consécutive, en parallèle de la place de la République à Paris et de celle du Bouffay à Nantes, quelque 300 personnes se sont rassemblées à partir de 18H00 sur la grande place centrale de la Ville rose dans le but de « faire converger les luttes » et d’exprimer un « ras-le-bol global ».

Au micro, on détaille le fonctionnement de l’assemblée générale: temps de parole limité à 2 minutes, inscription de chacun sur une liste, présence d’une « crieuse » pour lire les contributions de ceux qui ne souhaitent pas s’exprimer en public.

Le langage mimé de la réunion est aussi expliqué aux quelques participants assis sur les pavés et à la foule qui se presse derrière eux: mains agitées en l’air pour exprimer l’assentiment, bras en croix pour le mécontentement, moulinets pour s’agacer d’une redite…

« L’idée c’est de recréer une agora dans l’espace public », estime Marc, 26 ans, un brassard autour du bras. « Exprimer un ras-le-bol général, contre la société, le gouvernement. Reprendre la politique entre nos mains », ajoute-t-il, avant de prendre en notes les tours de parole.

A Toulouse, le mouvement s’est amorcé lors de l’occupation du Théâtre Garonne, le 31 mars au soir, par des intermittents, bientôt rejoints par des syndicalistes et des membres de la « Nuit Debout ». 

« C’est un premier pas de convergence qu’on attendait depuis longtemps, un espace de discussion dont nous avons extrêmement besoin », juge Hegoa Garay, de la Coordination des intermittents et précaires. 

« Personne ne sait ce que ça va donner », ajoute-t-elle, mais « on n’oublie pas ce qui a pu se passer de l’autre côté des Pyrénées », en référence aux Indignés espagnols.

– La loi travail catalyseur –

Dans la petite foule, beaucoup de jeunes, mais aussi des quadragénaires, cinquantenaires, et même une grand-mère qui prend la parole « pour ses petits-enfants ». 

Beaucoup ont manifesté contre la loi travail portée par le gouvernement socialiste, mais les interventions au micro, d’abord poussives, se succèdent bientôt sur le thème de l’anticapitalisme, la lutte contre la précarité, les violences policières, le sexisme…

Un sans-abri dénonce « l’exil des SDF, de plus en plus loin du centre-ville ». Plus tard, un homme lit, le front baissé, un poème sarcastique sur « les pauvres. »

« La loi travail a été un catalyseur », juge quant à lui Loïck, 21 ans, étudiant en philosophie à la faculté du Mirail. « Je pense que cela a été une grosse erreur pour le gouvernement, mais merci à eux! » sourit-il.

La contestation de cette loi a « réveillé une conscience endormie », abonde Bruno, 44 ans, qui travaille dans l’informatique. « On ne sait pas ce que ça va donner. Mais on aimerait bien que ça ne finisse pas comme Podemos ni comme Siriza », glisse-t-il, en référence aux deux partis espagnol et grec.

Pendant qu’ils étaient une centaine à Nantes, plusieurs centaines de manifestants se sont retrouvés place de la République à Paris, pour la septième « Nuit Debout » consécutive. Stand-librairie libertaire, cantines rebelles mais aussi débats par petits groupes: malgré le match qui se joue non loin, l’opération s’inscrit dans la durée dans la capitale.

« On rejoint des gens qu’on connaît, puis on se retrouve à discuter avec des inconnus qui croient, comme nous, qu’il faut lutter contre la guerre, la corruption… », s’enthousiasme une étudiante de Paris 8. « L’important, c’est de ne pas rester entre soi », renchérit André. « Et aussi de sortir des partis, des mouvements, des structures, qui nous divisent alors qu’on a souvent les mêmes idées ».

Au micro, un jeune homme lance: « Le grand soir, c’est une vieille idée. Moi je crois plutôt à la multitude des petits matins ». 

© AFP ERIC CABANIS »Nuit Debout » sur la place du Capitole de Toulouse, le 6 avril 2016

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