ACTUS LOCALESSOCIÉTÉ Restrictions, pass… Les restaurateurs en veulent plus de « volte-face » sanitaire Charlie Réné 2022-01-03 03 Jan 2022 Charlie Réné Alors que le protocole sanitaire du réveillon a été décidé en dernière minute, et que l’extension du pass sanitaire ou vaccinal se profile pour janvier, plusieurs restaurateurs tirent la sonnette d’alarme. S’ils sont prêts à accepter des règles pour limiter la propagation du varaint Omicron, elles doivent être concertées, anticipées, et surtout accompagnées d’aides adaptées. Pour beaucoup de professionnels le protocole sanitaire surprise du 30 décembre a été « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ». Face à un risque d’explosion des cas d’Omicron, le haut-commissaire avait annoncé, à 24 heures de la célébration du réveillon, un changement de règle quant aux organisations de soirées pendant tout le weekend. L’interdiction de la vente d’alcool sur la voie publique a contraint plusieurs établissements à annuler des soirées débordant sur la rue et qui avaient pourtant fait l’objet d’autorisation des mairies. « Ni avertissement, ni compensation, on a appris à la télé qu’on allait perdre une bonne partie des sommes avancées », commente une restauratrice, « dégoûtée ». Les restaurants, jusque-là interdits de soirées dansantes, avaient en revanche été autorisés à en organiser, à condition de pass sanitaire. « Mais cette mesure était complètement inutile, réagit Maxime Antoine-Michard. La veille pour le lendemain, les gens s’étaient déjà organisés, et d’un point de vue commercial ça n’avait strictement aucun intérêt ». Pour le président du Syndicat des restaurants, bars-restaurants et snacks-bars, les professionnels regrettent d’autant plus ces annonces qu’elles vont à l’encontre des discussions tenues les semaines précédentes avec les représentants de l’État. « Ces volte-face sont très difficiles à comprendre », pointe le responsable. Nouvelles règles courant janvier Et l’exaspération du secteur pourrait continuer : Dominique Sorain a aussi rappelé, le 30, puis le 31, qu’en fonction des chiffres de l’épidémie, le pass sanitaire pourrait être étendu aux bars et restaurants, et dans la lignée de la métropole, transformé en pass vaccinal. Une « possibilité » qui est pour l’instant étudiée par le Parlement à Paris, mais qui pourrait s’offrir aux autorités locales – Édouard Fritch en a déjà fait la demande auprès du Haussariat – dès la mi-janvier. « Tout dépendra des chiffres de l’épidémie, explique le haut-commissaire. Ce qu’on constate aujourd’hui c’est qu’il y a une augmentation du nombre de cas : 160 cas actifs vendredi contre une quinzaine une semaine auparavant. Ce n’est donc pas théorique, ce dont nous parlons, c’est une réalité : le virus recommence à circuler ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2022/01/RESTAURATEUR-1-haussaire.wav L’adaptation des règles sanitaires à la situation épidémique, les professionnels se sont faits à l’idée. L’extension possible du pass sanitaire avait été d’ailleurs évoquée dès novembre, et sa transformation en pass vaccinal, qui fait débat depuis plusieurs semaines sur le plan national, n’est « pas non plus une complète surprise ». Les restaurateurs n’appellent pas ces mesures de leurs vœux mais « quand on met en balance d’un côté un confinement, c’est à dire une fermeture et de l’autre un pass sanitaire ou vaccinal, on préfère pouvoir travailler a minima », explique Maxime Antoine-Michard. « On n’est pas aidé à hauteur de nos pertes » Mais pour le représentant patronal, c’est aux autorités qui imposent ces règles de faire en sorte que les professionnels puissent anticiper : « À partir du moment où on se met d’accord sur un mode de fonctionnement, il faut s’y tenir, insiste-t-il. Je comprends bien que c’est compliqué parce qu’il faut s’adapter à la situation sanitaire réelle. Mais on a quand même l’expérience de ce qui se passe en France, je pense qu’on devrait être capable d’un peu plus anticiper ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2022/01/RESTAURATEUR-2-maxime-antoine-michard.wav Le président du syndicat, qui est aussi vice-président de la CPME, dit n’avoir « pour l’instant reçu aucune invitation des autorités », et demande donc des discussions d’urgence. Sur les mesures qui pourraient être mises en place, mais surtout « sur les aides du Pays et de l’État qui doivent les accompagner ». « On entend dire que certains dispositifs pourraient être reconduits, il est temps de se mettre autour de la table pour voir ce qu’il y a dedans, précise-t-il. Les restaurants, par exemple, ont été complètement privés d’un dispositif qui aurait pu nous aider à amortir le choc du confinement du mois d’août. C’est ce qui nous fait peur : on subit les restrictions, mais on n’est pas aidé à hauteur de nos pertes et des difficultés du secteur ». Un appel à ne pas payer ses impôts et cotisations Fatigués d’être sans réponse, certains restaurateurs veulent passer à l’action pour interpeller les autorités. Maheata Banner, la gérante du Black Garden à Papeete, a lancé une pétition en ligne pour appeler ses collègues à ne plus payer leurs taxes, impôts et même cotisations sociales. « À partir du moment où on nous dit qu’on est des commerces non-essentiels, nous, on pense aussi que nos charges, nos TVA, notre CPS, sont non-essentielles pour le gouvernement, estime la restauratrice. Ils nous mettent la pression pour payer, alors qu’ils nous empêchent de travailler, et qu’on est pas éligibles aux aides… Ils font comme ils ont envie, nous aussi on va faire comme on a envie ». https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2022/01/RESTAURATEUR-3-maheata.wav Certains, côté patronal ou institutions, ont mis en garde les gérants contre une telle démarche qui pourraient se retourner contre eux. Mais le document a déjà rassemblé une centaine de signatures et Maheata Banner compte bien continuer à la faire tourner dans le secteur jusqu’à ce que les autorités ouvrent le dialogue et acceptent des « exonérations » de charges ou d’impôts pour 2022. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)